COP26 : Le rôle du secteur privé; les points à retenir

26 novembre 2021 - 3 minutes
Deux professionnelles portant un casque de construction examinent de la machinerie.
La poussière commence à peine à retomber sur les annonces faites lors de la 26e Conférence des Parties (COP26) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), à Glasgow. La conférence visait à mettre en œuvre des mesures pour empêcher la planète de se réchauffer au-delà de 1,5 degré Celsius; un objectif qui n’a pas connu un franc succès. Selon la modélisation du système d’évaluation en ligne Climate Action Tracker, laquelle est basée sur les toutes dernières contributions déterminées au niveau national, il est permis de prévoir que la planète se réchauffera de 2,5 à 2,7 degrés Celsius d’ici 2050.

Ce manque à gagner peut être attribué à quelques facteurs clés :
  • Une réduction progressive du charbon, et non son élimination progressive : La COP26 a été présentée comme celle qui reléguerait le charbon aux oubliettes. Bien que les combustibles fossiles aient été mentionnés pour la première fois dans la version finale de l’accord définitif, on n’y énonce franchement rien qui saurait consigner le charbon aux manuels d’histoire. L’Inde et d’autres pays ont émoussé les clauses de leur libellé, s’engageant à réduire progressivement les subventions aux combustibles fossiles plutôt que de les éliminer complètement. Au moins 40 % des 8 500 centrales électriques au charbon actuelles à travers le monde doivent être fermées d’ici 2030, et aucune autre ne doit être construite pour avoir une chance de maintenir le réchauffement de la planète sous 1,5 degré Celsius1.
  • Des engagements en matière de financement climatique qui reposent sur bien peu : En vertu de l’Accord de Paris, les pays développés s’étaient engagés à verser 100 milliards de dollars américains par année aux pays en développement; une promesse qui n’a pas été tenue. Les pays développés ont présenté des excuses officielles lors de la COP26 et ont réitéré leur engagement à verser cette même somme, cette fois en subventions pour le financement climatique, mais… peut-on vraiment les croire, maintenant? Les pays dont le besoin en flux de fonds pour le climat se fait cruellement sentir, et dont les prochaines décennies présagent une croissance économique potentiellement riche en émissions de gaz à effet de serre, comme l’Inde, le Mexique et le Brésil, font valoir des plans de croissance sobre en carbone comme monnaie d’échange.
  • Toujours pas de tarification pour les émissions de carbone : Tous les yeux étaient rivés sur le dernier élément de l’Accord de Paris à être réglé : l’élaboration d’un ensemble de règles qui définiraient les marchés mondiaux du carbone. Même si les négociations ont donné lieu à l’élaboration d’un tel ensemble, certains points clés manquent à l’appel et sont considérés comme des faiblesses majeures. Les crédits générés par des projets anciens seront acceptés dans le système pendant un certain temps, ce qui soulève des questions d’additionnalité. De plus, les perceptions qui devaient être adoptées afin de créer un fonds pour aider les pays en développement à s’adapter aux changements ne l’ont pas été. L’accord définitif comprend un engagement volontaire des pays à cotiser à ce fonds.

Le dynamisme du secteur privé

Selon ces mesures, les ententes conclues dans la zone de négociation officielle de la COP26 peuvent être décrites à juste titre comme étant mièvres ou décevantes, et c’est exactement de cette façon que de nombreux militants contre les changements climatiques les ont présentées. Et pourtant, le ton des événements parallèles à la COP26 où le secteur privé était à l’honneur, c.-à-d. sociétés, institutions financières, investisseurs, agences de notation et autres, était ciblé et modérément optimiste. Là, on pouvait y voir des tables rondes pulluler de chefs du développement durable, tous plus enthousiastes les uns que les autres de présenter les méthodes utilisées pour atteindre leurs cibles de décarbonisation à court terme. Et que dire de tous ces gestionnaires de patrimoine, décrivant en détail leur façon d’évaluer les plans de transition climatique des entreprises.

À la COP26, c’est le dynamisme qui a distingué la zone de négociation officielle des événements du secteur privé. Ce secteur a jeté un regard lucide sur les annonces des entreprises en matière de carboneutralité, reconnaissant qu’elles se butent à un scepticisme certain. Il a aussi reconnu que le temps était venu de mettre en place des plans de transition crédibles qui sauraient mener à des avancées réelles. Le secteur privé se prépare à se lancer dans cette course grâce à un éventail de coalitions, de normes, de repères et de solutions technologiques pratiques qui a devancé celui de ses homologues du secteur public. Le résultat : une contribution potentiellement importante du secteur privé. Si tous les engagements des secteurs public et privé sont respectés à temps et intégralement, la modélisation montre que le réchauffement de la planète pourrait être restreint à une hausse de 1,8 degré Celsius1.

Ce niveau d’engagement et de contribution du secteur privé est une première, et a été l’un des fils conducteurs les plus notables lors des événements parallèles. Jusqu’à maintenant, les gouvernements ont subventionné les technologies vertes et ont créé des marchés assujettis à des règlements. À la COP26, il était clair que le secteur privé prenait de l’avance sur le secteur public, faisant la promotion de développements novateurs comme l’analyse comparative fondée sur la science du climat de S&P, les rapports consolidés et normalisés sur la durabilité et la collecte de données en temps réel sur les gaz à effet de serre.

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Photo de Sophie Dejonckheere


Première directrice, Finance durable et Transitions d’entreprises

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