Perspectives mondiales 2024 : Lentement, mais sûrement

nov. 22, 2023 - 6 minutes
Une foule de personnes traversent la rue dans une ville achalandée.

Les limites de tables dans les casinos existent parce que chaque pari peut devenir rentable éventuellement, tant que les clients ont suffisamment d’argent pour continuer de doubler leur mise. Pour les investisseurs à long terme, la question la plus importante en ce moment est de savoir à quel moment une stratégie restera gagnante pendant plus de quelques jours.

Au deuxième semestre de 2023, le niveau de corrélation d’un grand nombre de marchés tournait autour de 0,80 à 0,95, tandis que la corrélation des variations hebdomadaires était de l’ordre de 0,50. Ces chiffres sont à comparer aux normes de 0,20 ou moins observées au cours des dix ou vingt dernières années. Le risque pour les marchés repose sur le fait que la diversification des portefeuilles est en grande partie une illusion en ce moment, alors même que nous cherchons à tirer notre épingle du jeu souvent insensé des pronostics pour l’année à venir. Les acheteurs auront été avertis.

Nous prévoyons que la Réserve fédérale américaine (Fed) remontera encore son taux de 100 pdb avant la moitié de 2024, mais il y a un hic. Tout le monde s’est laissé bercé par un sentiment de stabilité nominale en raison du succès (ou de la simple chance?) des banques centrales à maintenir l’inflation autour de 2 % depuis plusieurs décennies. Dans ce monde, la variation des taux réels par rapport aux taux nominaux ressemblait plus à une erreur d’arrondissement. Toutefois, ce sont les taux réels qui sont importants pour évaluer l’effet futur de la politique monétaire.

Bien que la Fed puisse laisser le taux nominal des fonds fédéraux inchangé, la baisse de 100 pdb de l’IPC de base aux États-Unis que nous prévoyons équivaut à une hausse active de 100 pdb avec une inflation inchangée. Alors que beaucoup ont tourné le dos aux signes de récession, nous croyons qu’en ergotant au sujet d’une énième hausse possible, nous ignorons le véritable problème.

Nous observons toujours un resserrement excessif de la politique américaine qui entraîne une récession. Le taux directeur réel des États-Unis et sa relation stable avec l’indice ISM au cours des 60 dernières années constituent un meilleur indicateur des fluctuations à long terme de l’économie. Alors que 2023 a été une année soutenue par 800 pdb d’assouplissement excessif (réel), 2024 est s’enligne plutôt vers un resserrement excessif de 700 pdb.

Perspectives macroéconomiques mondiales : On ne nous y prendra plus

Les deux questions principales auxquelles sera confrontée l’économie mondiale en 2024 sont les suivantes :

  1. Y aura-t-il une récession aux États-Unis?
  2. Où se dirige la croissance en Chine?

Répondre correctement à ces deux questions permettra, si aucun choc majeur ne se produit, de dresser un portrait plus clair du marché pour 2024.

Les taux réels se sont considérablement resserrés, jusqu’à devenir restrictifs, ce qui pèsera sur les économies tout au long de cette année et de l’année prochaine. Nous croyons également que les taux réels neutres à plus long terme ont augmenté au cours des dernières années et nous en avons tenu compte dans nos perspectives.

Dans la plupart des cas, les banques centrales devraient rester sur la touche jusqu’au milieu de 2024, à l’exception de la Banque du Japon qui va à l’encontre de la tendance en procédant à des hausses au printemps et à l’automne et à la politique d’assouplissement de la Banque populaire de Chine pour aider à soutenir la croissance. Nous prévoyons davantage de baisses que ce que prévoit le marché, en particulier pour le Federal Open Market Committee et la Banque d’Angleterre. Nous nous attendons également à ce que le resserrement quantitatif persiste en arrière-plan tandis que les banques centrales réduisent leurs taux, à l’exception de la Fed.

À l’échelle mondiale, alors que l’Europe et le Canada sont peut-être déjà en récession, nous prévoyons une récession aux États-Unis d’ici la moitié de 2024 et une croissance relativement stable d’environ 5 % en Chine. La demande mondiale baissera en 2024. La politique budgétaire, quant à elle, demeure une force dominante aux États-Unis et en Chine. Tout changement de politique aura d’importantes répercussions sur la croissance.

L’inflation ralentira pour atteindre la cible fixée au niveau mondial en 2024, et les grandes économies devraient afficher une inflation de base inférieure à 3 % au premier semestre de 2024 (avec la cible en vue).

Perspectives des taux mondiaux : Les titres du Trésor contre le monde

Le ralentissement de la croissance mondiale entraînera des révisions à la baisse des prévisions des banques centrales, surtout aux États-Unis, et les titres du Trésor devraient inscrire des rendements supérieurs par rapport au reste du segment des marchés développés. Les écarts entre les marchés américains devraient se normaliser, tandis que les courbes des taux s’accentueront de manière notable au Canada, au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Nous nous attendons à ce que les primes à plus long terme, stimulées par l’augmentation de l’offre aux États-Unis, l’affaiblissement des fondamentaux de l’économie et la volatilité élevée des taux, atténuent en partie les réductions de taux et les ruées vers les titres de qualité. La hausse des taux neutres établira également un plancher pour la remontée.

Au Canada, au Royaume-Uni et aux États-Unis, nous prévoyons une accélération des achats de titres à revenu fixe par les caisses de retraite, tandis que les gestionnaires d’actifs et les fonds négociés en bourse auront une influenceaux États-Unis. La politique de la Banque du Japon demeure un élément imprévisible pour les flux des titres à revenu fixe mondiaux, même si nous prévoyons qu’en fin de compte la baisse des taux américains limitera la vente massive des obligations d’État japonaises.

Perspectives des opérations de change à l’échelle mondiale : Tout ce qui monte doit redescendre

Les premiers stades de 2024 devraient refléter un transfert des catalyseurs de 2023. Nous ne pensons pas que le dollar américain soit en train de franchir un cap et continuons de prévoir un repli notable tout au long de l’année prochaine. Notre point de vue principal est que le monde tourne à des vitesses variables et avec des politiques différentes, ce qui accentue les divergences macroéconomiques. Le marché des changes réagit davantage aux deltas qu’aux niveaux. Par conséquent, même si le ralentissement de l’économie américaine en 2024 entraîne une modeste récession et des réductions importantes de la Fed, le reste du monde reste enlisé.

La détérioration des perspectives aux États-Unis devrait aider à réévaluer certaines primes de risque élevées intégrées dans l’ensemble des marchés et à ajuster la répartition des actifs et les positions sur le marché en devises autres que le dollar américain. Nous pensons que la croissance relative, le rendement des actions et la corrélation des risques auront plus d’importance qu’ils ne l’ont eu récemment.

Les facteurs de notre portefeuille se sont détournés de l’inflation et des taux au profit d’une croissance jusqu’à la fin de 2023. Selon nous, un dollar américain plus faible profiterait à tout le monde. Nous voyons tout de même une valeur relative dans le réal brésilien par rapport au peso mexicain et dans le peso chilien par rapport du peso colombien, ce qui reflète une combinaison de rajustements des termes de l’échange et de changements de croissance entre l’Amérique du Nord et l’Asie. Nous pourrions également voir le dollar australien et le won sud-coréen surpasser le yuan chinois. Le dollar canadien devrait accuser un décalage généralisé, lui qui joue un rôle de procuration pour la croissance nord-américaine et le dollar américain.

Perspectives des produits de base : Transcender l’état de résilience

Puisque l’économie chinoise continue de tirer de l’arrière, et que les États-Unis et l’Europe connaissent un ralentissement cyclique lié aux taux d’intérêt, le rythme de consommation du pétrole brut, des produits énergétiques et des métaux communs devrait ralentir en 2024. Toutefois, contrairement aux cycles correctifs précédents, on ne s’attend pas à une dégringolade généralisée des produits de base. L’incidence négative d’une faible dynamique de la demande et des taux d’intérêt les plus élevés depuis plus de deux décennies sera en effet contrebalancée par des stocks très limités, des coûts d’extraction élevés, une rigidité de l’offre et des mesures de relance ciblées de la Chine. Les facteurs géopolitiques, comme les conflits entre Israël et le Hamas et entre la Russie et l’Ukraine, et la discipline de l’OPEP+ devraient contribuer à établir un plancher sous le pétrole brut, le vaste complexe de l’énergie et les métaux.

Ces fondements du soutien de l’offre, la réorientation prévue de la Fed vers une politique moins restrictive, et une reprise éventuelle seront les catalyseurs d’un environnement plus robuste pour les prix des produits de base l’an prochain. Il est probable que les flux de capitaux spéculatifs participeront à un rebond bien avant un redressement macroéconomique.

Même si la Réserve fédérale américaine a continué d’adopter une politique plus restrictive en 2023, l’or a inscrit un rendement très respectable, les prix ayant atteint 2 000 dollars américains à plusieurs reprises. Nous croyons que la combinaison du virage conciliant attendu de la Fed à l’égard des négociateurs aurifères à la fin de 2023 et au début de 2024 et des solides achats du secteur privé devrait faire grimper les prix à plus de 2 100 dollars américains l’once de façon soutenue en 2024. À mesure que l’environnement des métaux précieux devient favorable, l’argent devrait aussi bien se comporter puisqu’il se dirige vers un prix de 26 dollars américains l’once. Le métal blanc profitera de la baisse des coûts de portage, de l’amélioration de la demande des produits industriels plus tard en 2024 et des déficits du marché primaire.

Les clients abonnés peuvent lire la version intégrale de « 2024 Global Outlook - Ready, Set, Slow » (en anglais seulement) sur le portail Alpha du marché de Valeurs Mobilières TD


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