Aperçu de la décision de la Banque du Canada concernant les taux : N’attendez pas à la dernière minute

27 mai 2022 - 5 Minutes
Image du drapeau canadien avec le titre de l’article « Aperçu de la décision de la Banque du Canada concernant les taux »
Nous nous attendons à ce que la Banque du Canada (BdC) hausse le taux du financement à un jour de 50 points de base (pdb) en juin, le portant ainsi à 1,5 %. Il s’agira de la deuxième hausse consécutive de 50 pdb de la BdC, et nous en prévoyons une autre de 50 pdb au mois de juillet.

Selon certaines rumeurs, la BdC envisageait de relever les taux de plus que 50 pdb lors de cette rencontre, mais son gouverneur, Tiff Macklem, a rejeté l’idée au Parlement et au Sénat. Pour leur part, les marchés voient une hausse de 50 pdb en juin comme un verrou virtuel (51 pdb de resserrement sont pris en compte). En raison du peu d’incertitude entourant la décision elle-même, l’accent sera mis sur l’énoncé de politique, qui devrait adopter un ton un peu plus ferme. La BdC notera que la croissance et l’inflation sont toutes deux supérieures aux mesures du Rapport sur la politique monétaire d’avril et répétera que les taux devront encore augmenter.

Tant de pièces en mouvement

Malgré la certitude entourant l’envergure du prochain changement apporté par la BdC, l’objectif du communiqué est des plus incertains. L’économie nationale est prise au centre d’un bras de fer entre plusieurs facteurs fondamentaux importants et les effets destructeurs de l’inflation et des taux d’intérêt élevés. Pour le moment, nous nous attendons à ce que la BdC se concentre sur les hausses inattendues de la croissance et de l’inflation :
  • La Banque du Canada soutient que l’économie se dirige vers une demande excédentaire, et la grande surprise quant à la croissance du PIB au premier trimestre (le Rapport sur la politique monétaire d’avril prévoyait un taux annuel désaisonnalisé de 3,0 %, tandis que les estimations provisoires indiquent un taux autour de 5,5 %) ne fera qu’exacerber les pressions sur la capacité. Nous nous attendons à ce que la BdC maintienne ses perspectives optimistes quant à la consommation de services et aux investissements des entreprises.
  • Comme l’inflation avoisine 7,0 %, elle se sentira obligée de montrer qu’elle la prend au sérieux. Si elle passe trop de temps à se concentrer sur les difficultés auxquelles l’économie est confrontée, cela pourrait mener les marchés à croire qu’elle n’est pas disposée à contrôler l’inflation, ce qui ferait en sorte que les attentes seraient menacées et nécessiterait un cycle de resserrement plus douloureux.
  • Il convient également de mentionner que les prix élevés de l’énergie demeurent un modeste avantage net pour l’économie canadienne.


  • Au même moment, nous sommes préoccupés par la détérioration rapide des mesures de confiance des consommateurs et l’indice de confiance économique de Bloomberg Nanos, qui a atteint son plus bas niveau depuis la fin de 2020. Avant la pandémie, la dernière fois où l’indice avait atteint de tels niveaux était en mars 2016. Si la confiance des ménages continue de se détériorer, la reprise des services pourrait être relativement timide et l’épargne excédentaire restante deviendrait permanente. Toutefois, même avec les conditions relativement favorables, les prévisions de croissance de la Banque du Canada pour 2023 semblent très optimistes malgré le haut taux d’endettement des ménages.

    Beaucoup de conviction, pour le moment

    Nous faisons valoir deux points généraux ici. D’abord, le ton très ferme du mois de juin ne devrait pas indiquer que la BdC demeurera aussi peu conciliante aux prochaines rencontres. Deuxièmement, nous nous attendons à ce que la BdC monte les taux jusqu’à ce que quelque chose casse. À un certain moment, la croissance connaîtra un ralentissement notable et, tant que les attentes en matière d’inflation demeurent bien en place, nous nous attendons à ce que cela marque le point culminant de ce cycle de resserrement. Mais d’ici là, les marchés doivent se préparer en vue d’une série de hausses de taux.

    La Banque du Canada a déclaré à plusieurs reprises qu’elle avait l’intention de revenir rapidement à une position neutre. Par conséquent, nous sommes convaincus qu’elle relèvera de nouveau les taux de 50 pdb en juillet, ce qui les portera à 2 %, soit près de la limite inférieure de sa fourchette d’estimations pour un taux neutre. À ce moment-là, nous nous attendons à ce que la BdC ralentisse le rythme de resserrement à des hausses de 25 pdb et revienne à une approche plus explicitement axée sur les données. Nous nous attendons également à ce qu’elle maintienne un ton généralement ferme au moins jusqu’en octobre, avant de « s’arrêter » à 3 % en janvier 2023 et de commencer à se préparer à des baisses au début de 2024. Toutefois, si nos prévisions de croissance pour les deuxième et troisième trimestres de 2022 sont trop optimistes, il s’ensuit que la BdC n’atteindra pas ce seuil de 3 %.

    Répercussions sur les marchés des changes

    La Banque du Canada n’est qu’un seul morceau du casse-tête qu’est le dollar canadien. Le plus important facteur repose sans doute sur le volet international, où la confiance à l’égard du risque (et la variation généralisée du dollar US) maintient sa position sur le marché. Par conséquent, nous ne pensons pas que la hausse prévue de 50 pdb de la BdC suscitera beaucoup d’enthousiasme sur les marchés, surtout avec le taux de change dollar US/dollar CA qui se situe à 1,28, tout près de nos estimations de la juste valeur à haute fréquence.

    Cela dit, le contexte mondial rend le dollar CA plus intéressant en ce qui a trait aux paires de devises, et celui-ci devrait dégager un rendement inférieur par rapport à la couronne norvégienne et au dollar australien. Le hic pour le dollar canadien, c’est qu’il se négocie actuellement comme une version miniature du dollar américain, ce qui vient avec quelques facteurs négatifs. Le dollar CA demeure bas dans le classement de notre modèle d’indice de fiche de pointage sur le plan macroéconomique, qui souligne quelques signes défavorables à plusieurs niveaux, comme les actions, le risque, la courbe des taux et l’inflation.

    Selon nous, le facteur le plus important est que le dollar CA est la devise la plus surachetée pour les pays du G10 dans notre tableau de bord, ce qui la rend vulnérable aux changements dans le discours des marchés. Autrement dit, si le dollar US baisse, le dollar CA devrait suivre, surtout pour les paires de devises. Toutefois, cette configuration limiterait probablement l’ampleur des baisses du taux de change entre ces deux devises, qui, nous pensons, devrait probablement se limiter à une fourchette entre 1,26 et 1,3 tout au long de l’été.

    Répercussions sur les marchés des taux

    L’opinion à l’égard de la hausse de 50 pdb en juin est suffisamment consensuelle pour qu’on ne s’attende pas à d’importantes fluctuations sur les marchés des taux après l’annonce. Si le ton est aussi ferme que nous le prévoyons, nous pourrions assister à des ventes modestes dans le segment à court terme de la courbe des taux, compte tenu des préoccupations persistantes de certains participants au marché quant aux répercussions de la hausse des taux, mais nous nous attendons à peu de changement pour les échéances de 5 à 30 ans. Nous tenons à souligner que si les taux de 2 ans du dollar canadien connaissent une hausse, il s’agira d’un point d’entrée intéressant pour détenir des échéances de 2 ans en dollars CA au lieu d’en dollars US. Nous demeurons enclins à voir le dollar canadien surpasser le dollar américain pour les échéances dans les 10 et 30 ans, mais la politique de la Banque du Canada n’aura pas beaucoup d’effets à cet égard.

    Photo d’Andrew Kelvin


    Premier directeur et stratège en chef, Canada, Valeurs Mobilières TD

    Photo d’Andrew Kelvin


    Premier directeur et stratège en chef, Canada, Valeurs Mobilières TD

    Photo d’Andrew Kelvin


    Premier directeur et stratège en chef, Canada, Valeurs Mobilières TD

    Photo de Mark McCormick


    Directeur et chef mondial, Stratégie de change

    Photo de Mark McCormick


    Directeur et chef mondial, Stratégie de change

    Photo de Mark McCormick


    Directeur et chef mondial, Stratégie de change

    Photo de Robert Both


    Stratège, Macroéconomie (Toronto)

    Photo de Robert Both


    Stratège, Macroéconomie (Toronto)

    Photo de Robert Both


    Stratège, Macroéconomie (Toronto)

    Photo de Chris Whelan


    Stratège principal, Taux (Toronto)

    Photo de Chris Whelan


    Stratège principal, Taux (Toronto)

    Photo de Chris Whelan


    Stratège principal, Taux (Toronto)

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