Aperçu du FOMC de septembre : Sur les traces des hausses de la Fed

19 septembre 2022 - 11 Minutes
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Après la publication de données sur l’inflation plus élevées aux États-Unis pour le mois d’août, lesquelles montrent une accélération de la croissance de l’inflation de base par rapport au mois de juillet, la majorité des banques centrales ont relevé leurs taux prévisionnels et notre équipe Stratégie a révisé à la hausse ses prévisions pour le taux final dans la majorité des régions. Le FOMC devrait annoncer une autre vague de décisions fermes de la banque centrale pour cet automne, lors de sa réunion de la semaine prochaine, avant que le rythme des hausses des taux ne commence enfin à ralentir en fin d’année. Voici un résumé des changements de nos points de vue à l’échelle mondiale.

La dernière réunion du FOMC en juillet semble avoir préparé le terrain pour un scénario dans lequel la Fed pourrait planifier des augmentations de taux d’ici la fin de 2022, afin d’atteindre un taux des fonds fédéraux ajusté à l’inflation suffisamment positif d’ici la fin de l’année ou le début de 2023. Le rapport sur l’IPC de juillet laisse entrevoir une trajectoire d’inflation plus modérée, donnant à la Fed la possibilité de ralentir les hausses des taux par rapport aux niveaux établis lors des réunions de juin et de juillet.

Toutefois, le rapport sur l’IPC du mois d’août a compromis ce plan. Bien que l’inflation globale ait ralenti au mois d’août en raison de la baisse des prix de l’essence, le taux d’inflation de base mensuel de 0,6 % a largement dépassé les attentes consensuelles de 0,3 %, une hausse surprise défavorable qui rappelle le rapport sur l’IPC du mois de mai. Non seulement le rapport sur l’IPC du mois d’août a annulé la baisse du taux de l’inflation de base mensuel observée en juillet, mais la vigueur de l’IPC de base a également été soutenue par de nombreuses catégories autres que l’inflation des loyers prédominante et persistante. Si l’on ajoute à cela le fait que les marchés financiers sont quasi certains qu’il y aura une hausse de 75 pdb en septembre, avant la publication du rapport sur l’IPC du mois d’août, la Fed ne peut pas se permettre de ne pas répondre à ces attentes. Une hausse de 75 pdb de la fourchette cible des fonds fédéraux à la réunion du FOMC de septembre est donc un acquis.

Plus fortes probabilités d’un taux final plus élevé

Entre les réunions de septembre et de novembre, le FOMC ne disposera que d’un seul rapport sur le marché du travail et sur l’IPC pour étayer ses décisions. Selon nous, ces données sont trop maigres pour entraîner une modification radicale du contexte actuel de forte inflation. Nous sommes donc d’avis que le FOMC devra répéter la hausse de 75 pdb de septembre lors de sa réunion de novembre.

D’ici la réunion de décembre, il y aura plus de données indiquant si l’économie s’apprête à suivre une trajectoire d’inflation plus favorable, donnant ainsi la possibilité d’une hausse un peu moins accentuée de 50 pdb du taux des fonds de fonds. Ce relèvement de 50 pdb en décembre devrait être considéré comme le dernier coup de pouce visant à placer le taux des fonds dans une fourchette de 4,25 % à 4,50 %, des niveaux incitant plus le FOMC à croire (compte tenu de ses prévisions sur un an pour l’inflation) que les taux d’intérêt réels seront positifs pendant 2023. En combinaison avec la baisse de l’inflation l’année prochaine, cela devrait entraîner un resserrement de la politique suffisant pour permettre à l’inflation de redescendre progressivement vers la cible de 2 %. Par conséquent, nous nous attendons à ce que le FOMC se contente d’une fourchette cible des fonds fédéraux de 4,25 % à 4,50 % en décembre et qu’elle s’efforce de la maintenir à ces niveaux pendant la majeure partie de 2023.

Répercussions sur le marché

Pour ce qui est des taux, le marché anticipe une hausse de 81 pdb lors de la réunion et le taux final a augmenté à 4,4 % en raison des niveaux d’inflation résolument élevés. Nous prévoyons que le ton de la Fed sera ferme, mais si le point médian devait se rapprocher de 5 % en 2023, cela pourrait signifier un prolongement des récentes mesures. Nous continuons de prévoir un aplatissement des courbes des taux à 2 ans et à 10 ans, et des taux réels à 3 ans et à 30 ans.

Pour ce qui est du change, bien qu’il soit tentant de suivre la règle d’« acheter la rumeur et de vendre le fait » pour les dollars américains, nous préférons être neutres. Bien que la courbe ait entraîné une forte réévaluation du taux final, le risque demeure que M. Powell invoque la règle de Volcker dans ses messages. Nous nous attendons à ce que le dollar reste vigoureux pendant le reste de l’année. Nous surveillons de près le taux de change entre le dollar américain et le yuan chinois, qui se situe à 7,00, et qui, selon nous, devrait changer. Un changement prématuré, cependant, ferait grimper le taux de change entre le dollar américain et le yen japonais ainsi que les monnaies du G10 en raison des fortes corrélations.

Quatre pour cent pour la Banque du Canada : d’autres obstacles à surmonter

Au cours des premiers trimestres de l’année, les dilemmes de la BdC ont été assez simples. L’économie se dirigeait de plus en plus vers un excès de la demande, l’inflation surprenait constamment à la hausse et, jusqu’en juillet, les taux directeurs étaient accommodants. Il était évident que les taux devaient augmenter, radicalement.

Il sera plus difficile de trouver un juste équilibre; la croissance a montré des signes évidents de ralentissement dans un contexte de resserrement brutal des conditions financières, et nous prévoyons que la croissance du PIB sera inférieure à celle de la population au cours des quatre à cinq prochains trimestres. La forte augmentation du taux de chômage en août ressemble à une anomalie statistique, mais nous nous attendons à ce qu’elle se poursuive en 2023. L’inflation semble avoir atteint un sommet, maintenant que les prix de l’énergie en Amérique du Nord ont diminué, mais elle reste douloureusement élevée, à un niveau intolérable. Nous ne prévoyons pas que l’inflation baisse sous la barre des 4 % avant avril et nous ne pensons pas qu’elle reviendra à 2,0 % avant 2024.

Dans un cycle plus normal, la Banque serait probablement satisfaite de faire une pause compte tenu des perspectives de croissance et de laisser l’inflation revenir progressivement à sa cible. Celle-ci a toutefois indiqué qu’elle s’inquiétait que l’inflation prévisionnelle à court terme, qui est résolument élevée, perdure à long terme, ce qui rendrait la cible de 2 % à long terme plus difficile à atteindre. Dans ce contexte, la Banque pourrait ressentir l’urgence de juguler l’inflation plus rapidement, ce qui se traduirait par un taux final plus élevé que ce qui aurait été jugé nécessaire.

Trouver le juste équilibre

Le communiqué de septembre était court, allant droit au but, et ne contenait que le strict minimum en matière de prévisions (les taux vont augmenter). Selon nous, le fait que la Banque soit réticente à annoncer un ralentissement du rythme des hausses de taux fait pencher la balance du taux final vers la droite. Un taux de 3,50 % semble être le taux le plus bas plausible, et un taux entre 3,50 % et 4,75 % nous semble plausible, selon le niveau de préoccupations à l’égard de la crédibilité de la BdC. La question n’est pas de savoir dans quelle mesure l’économie canadienne ralentira, mais si la BdC s’en souciera, ce qui dépendra de l’IPC et de l’inflation prévisionnelle.

Un taux de 3,50 % ne serait évidemment pas final, et comme la Fed devrait augmenter les taux de 2 points de pourcentage, un taux final de 3,75 % au Canada semble également trop faible. Parallèlement, nous soulignons que chaque hausse de taux successive nuira davantage aux ménages canadiens (qu’aux ménages américains). Un taux final de 4,00 % est un bon équilibre.

Nous nous attendons à ce que le resserrement de la BdC ralentisse lors des prochaines réunions, et maintenant que les politiques sont fermement restrictives, nous pensons que la ligne de conduite la plus prudente consisterait à procéder par tranches de 25 pdb. En outre, les attentes du marché semblent se réaliser d’elles-mêmes – la BdC, dont la crédibilité est remise en question, ne peut pas se permettre de surprendre le marché avec des baisses plus importantes que celles attendues par le marché. Nous allons prévoir trois augmentations consécutives de 25 pdb de la BdC, le taux final atteignant 4,00 % d’ici janvier 2023; sous réserve cependant que le prix des swaps indexés sur le taux d’intérêt à un jour ne baisse à, ou aux environs de, 3,60 %, au moins, en octobre. Si le prix actuel du mois d’octobre se maintient, la Banque sera forcée de relever son taux directeur de 50 pdb lors de sa prochaine réunion.

Prendre ce que le marché donne : réévaluation des politiques de la Banque d’Angleterre et de la BCE

Les discussions sur les données et les banques centrales sont au centre des préoccupations depuis deux semaines. En règle générale, les données continuent de signaler des pressions inflationnistes soutenues (en particulier de la part du marché de l’emploi), et les banques centrales sont revenues de vacances avec un regain de fermeté.

Compte tenu du changement de nos prévisions pour le taux des fonds fédéraux (pour les prochaines réunions et le taux final), nous avons réévalué et révisé nos prévisions quant à la trajectoire des taux au Royaume-Uni et dans la zone euro. Il semble maintenant que les principales banques centrales du G4 devraient toutes appliquer des hausses de 75 pdb ce mois-ci. Les banques centrales encaissent toutes les hausses que les marchés sont prêts à leur donner, et il y a peu de raison que cela ne change tant que l’inflation ne sera pas maîtrisée.

Banque d’Angleterre : 75 pdb la semaine prochaine et un taux final plus élevé

Les deux dernières semaines ont été mouvementées pour le Royaume-Uni, avec un nouveau gouvernement, un nouveau premier ministre et un nouveau souverain. Dans ce contexte, l’ONS a publié ses données économiques de premier ordre, qui ont brossé un portrait quelque peu contrasté jusqu’à présent, mais les principaux détails devraient soulever plus de préoccupations pour le comité de la politique monétaire britannique (MPC).

Plus particulièrement, le rapport sur le marché du travail pour le trimestre terminé en juillet était très positif. Le taux de chômage est passé à un nouveau creux de 3,6 %, un record qui date de 1974. De plus, le taux annualisé sur trois mois de la rémunération normale dans le secteur privé (la mesure préférée du MPC pour le salaire) a augmenté de plus d’un point de pourcentage à 8,5 %. Bien que les gains d’emplois aient ralenti, les données montrent un faible taux de chômage et des salaires élevés, une situation qui était très claire aux États-Unis plus tôt cette année en raison de la pénurie de main-d’œuvre. Nous pensons que le MPC a été très surpris par ce rapport, et ce sont ces données qui nous ont incités à privilégier une hausse de 75 pdb.

Après la réunion sur la politique de septembre, nous prévoyons deux autres hausses de 50 pdb cette année, qui ramèneront le taux d’escompte à 3,50 % d’ici la fin de l’année, où il devrait rester pendant un certain temps. Nous nous attendons à ce que le MPC demeure axé sur les données et, si le budget de novembre surprend par des mesures d’assouplissement budgétaire encore plus rapides, nous nous attendons à ce qu’il relève le taux au-delà de 3,50 % au début de 2023.

Nous sommes d’avis que les taux au Royaume-Uni resteront sensibles aux fluctuations des taux aux États-Unis et dans la zone euro à court terme. Après la récente vente massive dans la zone euro et aux États-Unis, nous pensons que les taux pourraient se consolider à court terme. En conséquence, à court terme, les obligations du gouvernement britannique devraient osciller entre 2,8 % et 3,0 %. Nous continuons de prévoir, toutefois, que les obligations d’État du Royaume-Uni clôtureront l’année à 2,7 %, pour atteindre leur taux final en fin d’année. De plus, les courbes des obligations à 2 ans, 10 ans, 5 ans et 30 ans sont plus susceptibles de s’accentuer à mesure que la politique budgétaire deviendra le principal moteur de croissance plutôt que la politique monétaire. Sur l’ensemble du marché, nous nous attendons toujours à ce que la livre sterling enregistre un rendement supérieur à celui de l’euro.

BCE : hausse de 75 pdb en octobre et un taux final plus élevé

Depuis la semaine dernière, lorsque la BCE a décidé d’augmenter le taux de 75 pdb, les fuites de certaines « sources » et les commentaires des membres du Conseil des gouverneurs donnent à penser que la BCE est beaucoup plus déterminée qu’elle ne le paraissait. Nous pensons maintenant que la présidente, Mme Lagarde, avait l’intention d’être assez ferme lors de sa conférence de presse, mais avons réalisé après coup que ce n’est pas l’impression qu’elle avait donnée. Le fait que la décision était unanime et que les commentaires faits depuis la conférence de presse ont été peu, voire pas du tout, critiques, laisse à penser que le Conseil des gouverneurs est plus déterminé qu’avant.

La politique de bilan de la BCE a également considérablement changé. Le Financial Times indique maintenant que des discussions sur le bilan doivent avoir lieu sous peu et qu’une décision de politique pourrait être prise plus tard cette année. Cela donne à penser que le Conseil des gouverneurs est plus ferme et déterminé à réduire l’inflation. Nous soupçonnons qu’il essayera de s’assurer que toute réduction du bilan aura le moins d’effet possible sur l’économie, mais la volonté d’aller de l’avant suggère que le Conseil des gouverneurs est plus résolu.

Le changement d’attitude du Conseil des gouverneurs à l’égard de la lutte contre l’inflation élevée et l’inflation prévisionnelle en hausse est évident. Nous nous attendons maintenant à ce que la BCE relève son taux directeur de 75 pdb en octobre, de 50 pdb supplémentaires en décembre et de 25 pdb en février, ce qui porte le taux des dépôts à un taux final de 2,25 %. Les risques sont liés à une dernière hausse de 25 pdb en mars qui porterait le taux à 2,50 %, mais nous indiquons qu’il s’agit d’un risque et non d’un scénario de base à ce stade. La météo de cet hiver pourrait avoir un effet déterminant sur cette possibilité.

Les taux de la zone euro continuent d’être volatils; l’IPC aux États-Unis et la fermeté de la BCE lors de sa réunion de la semaine dernière ont fait passer le taux directeur final du marché à environ 2,5 %. La BCE étant considérée comme en retard sur la courbe par rapport à la plupart des banques centrales, nous pensons que les taux de la zone euro demeurent les plus vulnérables sur l’ensemble du marché. Les membres les plus fermes du Conseil des gouverneurs semblent avoir pris le dessus depuis le début de l’année, mais la majorité des augmentations étant prises en compte par les marchés, la durée pourrait varier d’ici la fin de l’année, en particulier dans le contexte d’une offre nette favorable. Selon nous, à court terme, les obligations d’État à 10 ans devraient osciller entre 1,4 % et 1,6 %, tandis que notre prévision pour la fin de 2022 est de 1,5 %.

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Vice-président et stratège, Macroéconomie aux États-Unis, Valeurs Mobilières TD

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