Conférence téléphonique : L’avenir des télécommunications nord-américaines
Invitees : Vince Valentini, Directeur général, Recherche sur les actions, TD Cowen et Greg Williams, Directeur, Recherche sur les actions, TD Cowen
Animateur : Peter Haynes, Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Joignez-vous à la conférence pour écouter ce que Vince Valentini, Greg Williams et l’animateur Peter Haynes ont à dire sur le secteur des communications en évolution de l’Amérique du Nord. De l’évolution du marché aux technologies émergentes comme l’intelligence artificielle et le réseau 5G, ils analysent d’importants thèmes ayant un impact sur la câblodistribution, les satellites et les télécommunications et donnent leurs points de vue précieux sur ce secteur dynamique aux investisseurs.
Écoutez les autres épisodes pour connaître les points de vue de divers leaders d’opinion sur les thèmes clés qui influencent les marchés, les différents secteurs et l’économie mondiale aujourd’hui.
Ce balado a été enregistré le 6 mai, 2024.
NARRATRICE : Bienvenue au balado Point de vue de Valeurs Mobilières TD. Écoutez le point de vue de leaders d’opinion sur des thèmes clés qui influencent les marchés, les secteurs et l’économie mondiale en ce moment. On espère que vous apprécierez cet épisode.
PETER HAYNES : Bienvenue à l’épisode 29 du balado Point de vue de Valeurs Mobilières TD. Je m’appelle Peter Haynes, et je serai votre animateur pour le balado d’aujourd’hui, où nous en apprendrons davantage sur les facteurs d’influence essentiels des secteurs nord-américains de la câblodistribution, des satellites et des télécommunications. Je suis accompagné aujourd’hui de deux analystes de premier plan qui cumulent plus de 40 ans d’expérience dans ce domaine. Greg Williams nous rejoint depuis l’équipe de recherche de TD Cowen aux États-Unis. Et Vince Valentini nous rejoint depuis Toronto. Greg et Vince, merci d’être avec nous aujourd’hui.
GREG WILLIAMS : Merci de nous recevoir, Peter.
VINCE VALENTINI : Je suis ravi d’être là, Peter.
PETER HAYNES : Alors, c’est une période très occupée de l’année pour vous deux, car c’est la période des bénéfices et chacun d’entre vous tiendra des conférences en mai. Pendant que vous vous préparez pour vos conférences respectives, quels sont les thèmes généraux qui intéresseront les investisseurs? Greg, je vais commencer par vous pour le point de vue des États-Unis.
GREG WILLIAMS : Si je devais ventiler nos trois secteurs, soit le câble, le sans-fil et les télécommunications d’entreprise, je pense que je commencerais par le câble. Le sujet principal, c’est vraiment de savoir si on va toucher le fond. Quand verra-t-on la lumière au bout du tunnel dans ce secteur en difficulté? La câblodistribution vient d’afficher ses pires pertes trimestrielles d’abonnés aux services à large bande de l’histoire. Le trimestre prochain ne sera probablement pas beaucoup mieux.
Ce qui se passe dans le secteur de la câblodistribution, en premier lieu, c’est que le marché arrive à maturité. Le confinement lié à la COVID-19 a accéléré l’adoption des services à large bande. Autrement dit, si vous n’avez pas eu accès aux services à large bande pendant le confinement, vous ne le ferez probablement jamais. Il est très difficile de se battre pour les derniers abonnés du secteur des services à large bande.
Et lorsqu’on se bat, c’est le deuxième problème, la concurrence émerge sur un marché qui jusque là n’en avait pas. Au bas de l’échelle, vous voyez des services sans fil fixes. Les fournisseurs de services sans fil diffusent leurs ondes à la maison et offrent des services à large bande à domicile, ce qui vient en concurrence avec le câble. Et en haut de l’échelle, il y a la fibre à la maison. La fibre optique est plus importante au Canada. Mais ce que vous voyez aux États-Unis, c’est une prolifération de la fibre, qui fait concurrence au secteur de la câblodistribution.
Entre-temps, les câblodistributeurs se concentrent sur les forfaits mobiles. Ils se concentrent aussi sur les forfaits et la tarification. Alors, si vous ne pouvez pas accroître vos revenus grâce aux abonnés, vous pouvez peut-être le faire en accélérant la vitesse du réseau, avec des prix plus élevés.
On va passer rapidement au sans-fil, qui est semblable au service à large bande, mais qui arrive à échéance sur le marché. Mais la configuration n’est peut-être pas aussi sombre. Le secteur du sans-fil tente de déterminer si l’atterrissage sera difficile, comme pour le secteur du câble, ou plus facile. Ça semble être la deuxième option.
Ce que vous voyez dans le secteur du sans-fil, du moins au cours de la dernière saison de bénéfices, au cours des dernières semaines, c’est un très faible taux d’attrition, un taux bas record. Moins de gens passent à un autre fournisseur. Ça apporte un peu de répit et de rationalité dans le secteur, car les clients ne quittent pas autant.
Enfin, dans le secteur des télécommunications d’entreprise, l’intelligence artificielle mérite d’être mentionnée. Je suis certain qu’on va parler un peu d’IA dans cette conversation. Mais ces grands modèles de langage doivent être acheminés par la fibre aux centres de données d’apprentissage. Vous voyez alors une demande de fibres dans le secteur des télécommunications. C’est quelque chose qu’on va surveiller. Ce sont donc les grands thèmes des prochaines semaines ou des prochains mois dans mes secteurs.
PETER HAYNES : Alors, Vince, quand vous pensez au Canada et aux problèmes qui touchent les sociétés américaines de Greg, est-ce que les sociétés canadiennes de câblodistribution, de satellite et de télécommunications font face aux mêmes difficultés? Ou y a-t-il des problèmes propres au Canada?
VINCE VALENTINI : Oui, Pete. On a certains des mêmes problèmes, mais pour des raisons différentes. Bien sûr, le facteur le plus important pendant la période de bénéfices actuelle, qui n’est pas encore tout à fait terminée au Canada, c’est la concurrence. On a constaté un niveau élevé de concurrence sur le marché du sans-fil, en particulier, mais aussi dans les secteurs du câble et des services à large bande.
Les deux autres enjeux qui peuvent être légèrement différents au Canada sont la croissance de la population. Dans quelle mesure est-ce durable? Ça a été un facteur favorable, surtout pour la croissance des abonnés au service sans fil au cours des deux dernières années. Ensuite, il y a la qualité des flux de trésorerie disponibles et la durabilité des dividendes, dont on va parler un peu plus tard dans le balado.
Mais pour en revenir à la concurrence, on a probablement une concurrence plus féroce dans le secteur du sans-fil au Canada qu’aux États-Unis en ce moment. Peut-être un peu moins féroce du côté des lignes fixes et des services à large bande.
Le marché canadien était auparavant un oligopole assez confortable. Et le gouvernement a fait un effort au cours des 14 ou 15 dernières années pour faire appel à un quatrième fournisseur viable, afin de mettre au défi pour les trois grands, soit Rogers, Bell et Telus. Ça semble fonctionner, on a une concurrence assez vive dans le secteur du sans-fil. Dans certains cas, les gens la définissent comme une guerre des prix qui a atteint des niveaux chaotiques.
En ce qui concerne les lignes fixes, on est concurrentiels depuis un certain temps. Comme Greg l’a mentionné, on est très avancés en matière de fibre. Il n’y a pas de nouveau concurrent indépendant qui construise son réseau de fibre au Canada, mais nos deux anciennes sociétés de téléphonie, BCE et Telus, ont rapidement et énergiquement remplacé leurs anciens réseaux de cuivre par des réseaux de fibre. Les câblodistributeurs font donc face à une concurrence féroce de la part d’un bon fournisseur de services de fibre optique à domicile depuis quelques années et ça continue.
La concurrence des services de câblodistribution et de large bande ne s’aggrave pas, mais elle demeure difficile. Le sans-fil, peut-être un peu. Ce sont là quelques-uns des principaux problèmes qu’on doit régler avec les équipes de direction au cours du prochain cycle.
PETER HAYNES : Vince, je trouve curieux qu’au Canada, on ait des fournisseurs uniques de services de câblodistribution, de satellite et de télécommunications qui appartiennent tous à la même entité, alors qu’aux États-Unis, ces services sont regroupés sous un seul fournisseur, mais ne possèdent pas nécessairement toutes les composantes de l’offre. Comment en est-on arrivés au point où, au Canada, on se retrouve avec des propriétaires uniques de toutes les composantes? Et puis, Greg, est-ce le type de regroupement que vous prévoyez aux États-Unis, avec des propriétaires uniques de tous les services regroupés? Vince, je vais commencer par la façon dont on en est arrivés là au Canada.
VINCE VALENTINI : Bien sûr, Peter. Je pense que si vous posez la question à n’importe quel exploitant de services de télécommunications, il vous dira qu’il est préférable de posséder toute l’infrastructure sans fil et filaire. Il y a des avantages sur le plan des coûts d’exploitation de ces deux systèmes, ainsi que d’énormes avantages sur le plan du marketing, liés à la possibilité de regrouper les produits et de tirer parti des avantages économiques à posséder les deux réseaux.
Par le passé, si les secteurs avaient eu le choix, ils auraient évolué en détenant les deux. Il se trouve que le Canada a pu évoluer de cette façon lorsque les premières licences de services sans fil ont été accordées. Au milieu des années 1980, elles ont été accordées à la seule compagnie de téléphone en place dans chaque région. Au cours des 15 dernières années pendant lesquelles le gouvernement a tenté d’obtenir un quatrième fournisseur de services sans fil, quelques indépendants se sont mobilisés pendant un certain temps, mais ils n’ont jamais trouvé la bonne échelle ni le bon modèle de financement pour fonctionner.
Tous les actifs et le spectre sont revenus aux câblodistributeurs. Shaw, pendant un certain temps, en a profité. Québecor en a toujours eu au Québec. Maintenant, Québecor est propriétaire de tout. On a alors des fournisseurs intégrés partout au pays qui possèdent les réseaux de lignes fixes et les réseaux sans fil. Et ça nous ramène à la façon dont le secteur est structuré. Mais une fois que les sociétés sont propriétaires de ces deux réseaux, elles ne les abandonnent pas parce qu’il y a une bonne synergie dans le fait de les exploiter en commun.
PETER HAYNES : Greg, est-ce que vous vous attendez à ce type de consolidation aux États-Unis?
GREG WILLIAMS : Pour revenir à ce qu’a dit Vince, il est logique de miser sur les avantages économiques des propriétaires de services sans fil et de services filaires. Mais on assiste à peu de consolidation. Les câblodistributeurs n’ont pas d’infrastructure sans fil, et ils en auraient besoin. Mais ils vendent en gros à partir de Verizon aujourd’hui.
Mais voir les grandes entreprises de câblodistribution et de télécommunications fusionner sera assez difficile dans n’importe quel régime réglementaire, peu importe qui est à la Maison-Blanche. Fusionner deux grandes entreprises de câblodistribution et de télécommunications pourrait être assez difficile du point de vue de la réglementation. Peut-être qu’on pourrait voir Charter et T-Mobile éventuellement fusionner un jour. Vous ne verrez peut-être pas l’infrastructure se mettre en place, mais vous allez tout de même voir des offres en forfaits.
Les forfaits constituent une excellente analyse de rentabilité pour les câblodistributeurs qui tentent de regrouper l’offre de services sans fil. Altice, l’autre jour lors de la présentation de ses bénéfices, a mentionné une baisse de 20 % du taux d’attrition ou de déconnexion lors de l’offre de forfaits. En gros, l’abonné reste 15 mois de plus avec un forfait, ce qui pourrait être très rentable.
Ils utilisent également l’offre forfaitaire comme mécanisme de tarification. Vous voyez de la fibre domestique arriver dans l’espace des câbles. Ils ne peuvent pas offrir un prix aussi bas que celui de la fibre optique domestique, mais s’ils parviennent à offrir un forfait mobile, ça peut aider à garder leur revenu moyen par utilisateur assez élevé. La câblodistribution est donc axée sur les factures de télécommunications domestiques plutôt que sur les factures de services à large bande. Ils ne voient peut-être pas les choses du point de vue des infrastructures, mais cette convergence sera tout de même visible dans les transactions de gros au cours des prochaines années.
PETER HAYNES : Greg, quand on pense au câble dans le cadre de l’offre groupée, je pense toujours à mes enfants de 22 et 23 ans qui ne penseront jamais à cette option du câble. Et les gens parlent toujours de passer au sans-fil. Est-il possible que le câble disparaisse au fur et à mesure qu’on vieillit et que les gens préfèrent d’autres méthodes de communication pour recevoir leurs émissions, que ce soit en diffusion en continu ou sur Internet? Et vous attendez-vous à ce que le câble continue d’exister à long terme?
GREG WILLIAMS : Je pense que l’idée maintenant est de se défaire du concept de vidéo par câble. Le câble est maintenant un fournisseur de connectivité à domicile. Alors, quelle que soit l’application qui utilise ce câble jusqu’à la maison, que ce soit Netflix ou Paramount+, ou la diffusion en continu sur les médias sociaux, de la musique, etc., c’est juste une application. La vidéo n’est maintenant qu’une application parmi de nombreuses applications qui utilisent ce pipeline. Ce réseau, ce pipeline, il reste. La physique, c’est la physique. Et on parle de téléversement et de téléchargement à haute vitesse avec une faible latence. Ça va rester là et ça restera mieux que le sans-fil du point de vue de la physique.
Mais oui, je pense que la vidéo évolue vers la diffusion en continu. Maintenant, on voit peut-être le regroupement du volet diffusion en continu vers quelques grands fournisseurs. Cette évolution sera intéressante, mais les gens vont quand même continuer de regarder beaucoup de vidéos et ils vont les regarder sur une connexion filaire. Reste à savoir si le câble est propriétaire ou non de cette relation.
PETER HAYNES : J’entends souvent les gens dire : « Pourquoi est-ce que j’aurais besoin du câble traditionnel? » comme vous l’avez dit, et les gens pensent aux sports en direct. Mais maintenant que les sports en direct passent à la diffusion en continu, on entend parler de la NFL qui fera plus de diffusion en continu, et le baseball aussi, il sera intéressant de voir si tous les sports évoluent dans ce sens.
Greg, vous avez mentionné l’IA plus tôt dans la discussion. Il semble que ce soit un thème dans tous les secteurs. Je suis curieux, dans votre domaine, quelles sont les répercussions de l’intelligence artificielle sur les entreprises que vous couvrez?
GREG WILLIAMS : D’accord. Je pense que le thème de l’IA le plus intéressant dans mon secteur est celui des fibres, comme je l’ai mentionné. Ces grands modèles de langage avec ChatGPT et ainsi de suite ont besoin d’apprentissage automatisé. Et l’apprentissage vient des grands centres de données. Ces centres de données d’apprentissage peuvent se trouver dans des marchés plus petits de niveau 2 ou 3. Ils n’ont pas besoin d’être dans les grands marchés de la technologie EDGE.
Non seulement ça, mais il y a une crise de l’énergie en ce moment. Ces centres de données consomment beaucoup de mégawatts et même de gigawatts d’énergie. Vous ne pouvez pas obtenir ce type d’énergie sur un marché de niveau 1. Ils doivent alors se tourner vers les marchés de niveaux 2 et 3 pour obtenir de l’énergie.
Les données se concentrent sur ces petits marchés, qui ont besoin de fibres optiques. La fibre est le matériau de connectivité à Internet et à ces grands modèles de langage. Alors, la connexion à ces centres de données d’apprentissage automatisé et finalement aux centres de données de l’intelligence artificielle, éventuellement la technologie EDGE, c’est finalement l’avantage, là où se trouvera l’utilisateur dans quelques années. Mais en ce moment, ce qui se passe, c’est la connectivité avec les centres de données d’apprentissage automatisé, avec les hyperprocesseurs qui commandent des câbles à fibre optique pour connecter ces centres de données en masse. C’est un thème passionnant dans le secteur de la fibre d’entreprise.
En ce qui concerne les sociétés de télécommunications, je pense qu’elles se concentrent sur quelques aspects de l’IA. Le premier, c’est l’optimisation de leurs processus internes. Comme toute entreprise, elles examinent ce qui se passe à l’interne et ce qui pourrait être fait. Dans leur cas, ça peut aussi être l’optimisation du réseau.
Le plus important pour une société de télécommunications en ce moment, c’est l’attention portée au client, pour améliorer l’expérience produit. Je sais qu’on a tout le temps affaire aux robots conversationnels, mais ils vont devenir encore plus intelligents au fil du temps. Ils peuvent offrir aux abonnés les bons forfaits et c’est une fonction intéressante pour l’IA dans le secteur des télécommunications. Et peut-être aussi la montée des réseaux privés. On parle de réseaux privés depuis un certain temps. Peut-être que l’IA peut apporter ces réseaux à faible latence, le calcul informatisé en périphérie de réseau mobile ou l’accès multipoint, car l’IA peut contribuer à accroître les capacités, encore une fois, en permettant aux télécommunications de proliférer dans l’espace du réseau privé.
PETER HAYNES : Vince, la plus grande histoire de votre univers au cours des dernières années a été les allers-retours entre le Bureau de la concurrence et Rogers, au sujet de la fusion proposée avec Shaw, qui a finalement été conclue il y a un peu plus d’un an. Maintenant que la poussière est retombée et qu’on va de l’avant avec ces trois principaux fournisseurs de services groupés d’un océan à l’autre au Canada, comment les investisseurs peuvent-ils comparer les trois noms : BCE, Rogers et Telus? Tandis que vous discutez des divers concurrents potentiels à l’échelle du pays, est-il possible ou probable qu’un quatrième concurrent avec une offre groupée d’un océan à l’autre émerge plus tard?
VINCE VALENTINI : Oui. Peter, si vous me le permettez, j’aimerais revenir brièvement aux questions précédentes, puis je répondrai ensuite à votre question. Pour ce qui est de GenAI, Telus vient d’annoncer une solution de GenAI pour ses centres d’appels, qu’elle commence à déployer. Les entreprises de télécommunications canadiennes l’utilisent certainement pour essayer d’améliorer leur structure de coûts et la qualité de leur service à la clientèle.
Et je reviens à votre question sur la vidéo. Je pense que le sentiment des investisseurs, tant au Canada qu’aux États-Unis à l’égard de ce secteur, n’a jamais été aussi mauvais. Je tiens à rappeler que ces entreprises possèdent une infrastructure de longue date qui pilote l’économie numérique. Il serait faux de s’arrêter aux sources de revenus traditionnelles que sont les abonnements vidéo et qui sont effectivement en baisse. Ça ne tient pas compte du fait qu’on a besoin des services à large bande.
La société ne peut pas fonctionner sans une bonne connexion domestique à large bande et une bonne connectivité mobile à large bande. Il s’agit d’actifs d’infrastructures à long terme. Les entreprises qui possèdent la fibre possèdent tout le spectre, elles possèdent les sites de téléphonie cellulaire, elles seront encore là dans 10, 20 ou 50 ans pour offrir de bons services aux gens. Parfois, certaines personnes oublient la forêt qui se cache derrière l’arbre, avec les excès de concurrence. Ce qui m’amène à répondre à votre question.
Malheureusement, c’est le problème sur le marché canadien récemment, c’est-à-dire que la concurrence excédentaire qu’on observe est attribuable au fait qu’on a déjà un quatrième fournisseur viable, Peter. C’est Québecor. La logique derrière le fait que le Bureau de la concurrence et le gouvernement tentent de pousser Rogers à vendre les actifs sans fil de Shaw était de créer un quatrième fournisseur de services sans fil, presque national, ce qu’ils ont maintenant réalisé avec Québecor.
Québecor a ses propres infrastructures au Québec, en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique. Et grâce aux ententes de revente, elle exerce maintenant ses activités au Manitoba également. Elle utilise donc le sans-fil auprès de la grande majorité de la population canadienne.
Elle n’a que le câble au Québec. Elle n’a que les données économiques sur les propriétaires dans cette province pour pouvoir regrouper tous les services. Mais on a au Canada un régime appelé AIT, qui est un accès Internet de tiers, qui permet à n’importe quel fournisseur d’accéder au réseau à large bande d’un autre fournisseur. Québecor utilise cette réglementation pour regrouper les services Internet avec le sans-fil de tous les autres marchés.
On y est déjà, Peter. Et c’est ce que le marché essaie de digérer. En passant d’un marché national à trois joueurs à un marché à quatre joueurs, il y a eu une petite querelle sur les parts de marché et tout le monde a essayé de tester la dynamique concurrentielle. C’est devenu un peu plus audacieux que ce que les investisseurs voudraient.
Je pense que ça va changer à long terme. Tout le monde trouvera comment coexister. Toutes ces sociétés sont là pour le long terme afin d’avoir des flux de trésorerie de bonne qualité et de gérer des entreprises saines, pas pour s’écraser les unes les autres sur la question des prix. Je pense qu’on a atteint le pire stade en ce moment. Récemment, les prix ont commencé à se stabiliser. Mais on aura un monde à quatre joueurs dans un avenir proche.
PETER HAYNES : Eh bien, Vince, quand on pense aux trois sociétés de télécommunications et qu’on regarde leurs dividendes, Rogers se situe autour de 3,7 %, Telus se situe autour de 6,5 % et BCE, autour de 8,7 %. BCE a déclaré des bénéfices la semaine dernière. On le connaît comme le titre des veuves et des orphelins du Canada en raison de sa plus-value en capital à long terme, ainsi que de son dividende stable et croissant. Toutefois, du point de vue du cours du titre, il était d’environ 75 $ au milieu de 2022 et il se négocie maintenant à 45 $. Ça nous amène à un rendement en dividende de 8,7 % qui, selon la plupart des gens, n’est pas tenable à long terme. Vous attendez-vous à ce que BCE réduise son dividende? Et quelles sont vos perspectives pour le titre à long terme?
VINCE VALENTINI : BCE est dans une position difficile, selon moi, Peter. Leurs flux de trésorerie disponibles ne couvrent pas leur dividende. En fait, cette année, leur ratio de distribution sera de l’ordre de 175 %.
Tout le monde a des définitions différentes des flux de trésorerie disponibles, mais les investisseurs les examinent purement et simplement après avoir tenu compte de tous les coûts de trésorerie appropriés, y compris la restructuration des coûts d’indemnité de départ, y compris les subventions pour les appareils mobiles et les paiements de baux. Sur cette base de répartition complète, BCE ne couvre pas vraiment son dividende, et ça, depuis quelques années, mais elle continue de l’augmenter. Elle a ralenti la croissance, la faisant passer de 5 % à 3 % lorsqu’elle a annoncé son augmentation annuelle du dividende en février. C’était un signal négatif pour le marché que quelque chose clochait. Mais je pense que les gens s’attendent encore à pire.
Au minimum, Peter, je pense que les dividendes vont ralentir encore. Ils passeront peut-être à 0 % ou à une augmentation symbolique de 0,5 ou de 1 % pour essayer de récupérer leur ratio de distribution. Mais il y a un risque non négligeable qu’elle ait à réduire son dividende à un moment donné. Certainement pas aujourd’hui. Elle n’a aucun intérêt à réduire son dividende. Ça lui convient de continuer à emprunter pour verser le dividende pour le moment. Et elle va probablement essayer d’autres stratégies pour vendre certains actifs non essentiels.
PETER HAYNES : Je pense que le simple calcul de ces taux de dividende nous indique ce à quoi les gens peuvent s’attendre sur le marché, compte tenu des différences de chiffres. Je repense à 2018, il y a eu un changement important dans la façon dont les classifications sectorielles étaient établies pour les noms que vous couvrez. En particulier, les services de télécommunications ont été remplacés par les services de communication. Les grands noms d’Internet ont été transférés vers ce secteur et les choses ont beaucoup changé. En fait, les fournisseurs de services de classification pour des indices S&P et MSCI ont essayé de refléter les changements qui se sont produits dans les secteurs que vous couvriez dans le passé.
Si on regarde dans notre boule de cristal et qu’on pense à vos secteurs dans cinq à 10 ans, à quoi ressembleront-ils pour le consommateur? Est-il possible que MSCI et S&P doivent de nouveau modifier leurs définitions de vos secteurs parce que les choses vont changer? Greg, je vais commencer par vous.
GREG WILLIAMS : Ça rejoint la question sur la vidéo. Il reste à voir quels cas d’utilisation des câbles de connexion se répandent. Il est difficile de prédire les cas d’utilisation dans cinq à 10 ans. Mais la connectivité est importante et elle sera là.
Pour ce qui est de la connectivité, les États-Unis comptent actuellement environ soixante millions de foyers avec la fibre. En 2030 et après, plus de cent millions de foyers seront connectés à la fibre optique aux États-Unis. On va voir des cas d’utilisation intéressants passer de la Silicon Valley à nos maisons.
Du côté des services sans fil, on pourrait enfin voir la généralisation de la 5G. La 5G est quelque chose dont on n’a pas vraiment parlé dans ce balado. Des vitesses plus rapides sur votre écran de téléphone de cinq pouces ne veulent pas dire grand-chose. Mais ce que la 5G est censée apporter, c’est une faible latence et une expérience entièrement immersive, l’Internet des objets et peut-être même un cycle de la hype. Il y a six ans, la technologie 5G devait prendre son envol, mais on n’a pas vu grand-chose. Mais ça va se faire lentement.
Ça me rappelle l’iPhone en 2007. Ça a pris un certain temps, n’est-ce pas? On regardait l’iPhone. C’était amusant. Certaines de ces applications étaient intéressantes. Mais quelques années plus tard, vous réalisez que vous ne pouvez plus vous en passer.
Et avec quelque chose comme la 5G, on pourrait observer la même chose. Les villes intelligentes, les réseaux intelligents, les véhicules autonomes, les casques d’écoute AR/VR, les drones commerciaux et l’intelligence artificielle vont contribuer au besoin de turbocharge. On va voir beaucoup plus de choses autour de la technologie EDGE et il faudra atteindre les utilisateurs finaux en quelques millièmes de seconde.
Il est alors difficile de dire quelles applications seront gagnantes, mais la connectivité sera là. J’aime toujours dire aux clients que je ne sais pas si l’eau chaude va gagner ou si l’eau froide va gagner. Mais tant que vous investissez dans la plomberie, tout va bien.
PETER HAYNES : Vince, comment voyez-vous votre secteur dans cinq ans?
VINCE VALENTINI : Pas très différent de ce que Greg a dit, Peter. Évidemment, les secteurs sont liés par les types de services et de technologies qu’ils utilisent. Il est donc peu probable que le Canada évolue de façon spectaculaire par rapport aux États-Unis.
Je dirais simplement que lorsque vous parlez de GIX, ça fait partie des noms du secteur de la communication. Ils offrent des services de communication, qui sont monétisés efficacement de deux façons générales : votre abonnement, qui est la principale source de revenus, ou la monétisation de vos auditoires au moyen de la publicité. Les autres noms qui ont été transférés vers le secteur de la communication, ce sont peut-être ceux qui, à un moment donné, devront en sortir. Certains d’entre eux évoluent pour devenir davantage des sociétés technologiques que des sociétés de communication.
Mais si vous pensez à BCE, à Rogers, à Comcast et à AT&T, c’est la définition de la communication à mon avis. À moins qu’ils ne créent un nouveau sous-secteur appelé infrastructure, alors peut-être que bon nombre de ces sociétés de télécommunications pourraient se lancer dans ce secteur. Ça me conviendrait. Leur évaluation serait probablement plus élevée si les gens les considéraient comme des infrastructures plutôt que comme des services de communication concurrentiels. Mais la communication reste la bonne ligne d’appel en ce qui me concerne.
PETER HAYNES : Eh bien, j’ai beaucoup appris ici aujourd’hui et je suis certain que nos auditeurs aussi. Merci de votre temps aujourd’hui.
VINCE VALENTINI : Merci beaucoup.
GREG WILLIAMS : Merci de nous recevoir, Peter.
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Vince Valentini
Directeur général, Recherche sur les actions, TD Cowen
Vince Valentini
Directeur général, Recherche sur les actions, TD Cowen
Vince Valentini
Directeur général, Recherche sur les actions, TD Cowen
Vince Valentini est directeur général dans le groupe Actions institutionnelles de TD Cowen. Il travaille dans le domaine de la recherche sur les actions, couvrant les actions de sociétés de télécommunications, de câblodistribution et d’édition électronique. Il est dans le milieu des télécommunications et des médias à titre d’analyste de recherche sur les actions depuis 1993. Il a été nommé meilleur analyste en télécommunications au Canada en 2006 et en 2012 et a toujours été parmi les quatre meilleurs analystes de ce secteur. Il a également reçu le prix StarMine Canada Analyst du meilleur sélectionneur de titres en 2009 dans les secteurs des télécommunications et des médias, puis à nouveau en 2010 dans le secteur des télécommunications.
Greg Williams
Directeur, Recherche sur les actions, TD Cowen
Greg Williams
Directeur, Recherche sur les actions, TD Cowen
Greg Williams
Directeur, Recherche sur les actions, TD Cowen
Avant de se joindre à Cowen en 2012, Greg Williams a travaillé dans le domaine de la recherche sur les actions pour une équipe de recherche de premier plan à JPMorgan et a été analyste principal à Sidoti and Company. De plus, il compte plus de cinq ans d’expérience dans le secteur des télécommunications, où il a occupé divers postes liés aux stratégies et aux finances d’entreprise à AT&T. Il a obtenu un baccalauréat ès arts avec double majeure en économie et en informatique de l’Université de Notre-Dame et détient le titre de CFA.
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter s’est joint à Valeurs Mobilières TD en juin 1995 et dirige actuellement notre équipe Recherche, Structure des marchés et indices. Il gère également certaines relations clés avec les clients institutionnels dans la salle des marchés et anime deux séries de balados, l’une sur la structure des marchés et l’autre sur la géopolitique. Il a commencé sa carrière à la Bourse de Toronto au sein du service de marketing des indices et des produits dérivés avant de rejoindre Le Crédit Lyonnais (LCL) à Montréal. Membre des comités consultatifs sur les indices américains, canadiens et mondiaux de S&P, Peter a siégé pendant quatre ans au comité consultatif sur la structure du marché de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario.