Enfin, une occasion de parler d’autre chose que des droits de douane
Invité : Frank McKenna, Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
Animateur : Peter Haynes, Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Pour la première fois en quatre mois dans le cadre de notre balado, Frank ne se concentre pas uniquement sur les droits de douane. Ce mois-ci, il commence par une analyse détaillée du cabinet du premier ministre Carney, une équipe de ministres soigneusement structurée qui concilie les intérêts géographiques, ethniques et de genre de partout au pays. Frank répond aux commentaires de la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, sur la séparation, en laissant entendre qu’elle ferait mieux de diriger que de suivre son assise politique. Sur une note positive, M. Smith semble plus optimiste à l’égard des perspectives de construction d’infrastructures énergétiques partout au pays, à la suite des commentaires du premier ministre du Québec, M. Legault, qui n’appuyait pas auparavant la construction d’oléoducs dans sa province. Frank parle de la visite du premier ministre Carney à la Maison-Blanche, où il a reçu de bonnes notes pour son discours à l’égard de la souveraineté du Canada, qui n’a pas nécessité de confrontation avec le président américain. Ensuite, nous abordons des enjeux mondiaux, en couvrant les ententes commerciales verbales, les conflits en Ukraine et à Gaza, qui, selon Frank, sont plus près de la fin que le début, et la récente escalade entre le Pakistan et l’Inde au Cachemire. Il termine en laissant entendre que les Blue Jays sont meilleurs que leur fiche jusqu’à présent, un point de vue qui n’a pas été appuyé par l’animateur du balado habituellement optimiste.
Chapitres : | |
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1:28 | Le cabinet Carney |
6:21 | Daniell Smith et la séparation de l’Alberta |
12:50 | Dépenses dans les infrastructures énergétiques |
21:53 | Optimisme au Canada |
28:50 | Carney et Trump |
34:36 | Trump et les droits de douane |
40:30 | Le prix Nobel de Trump est-il en train de lui échapper? |
43:31 | Escalade entre l’Inde et le Pakistan |
Ce balado a été enregistré le 21 mai 2025.
FRANK MCKENNA : L’une des nominations clés, à mon avis, est celle de Tim Hodgson, le ministre de l’Énergie. C’est le porte-parole du gouvernement du Canada sur ce sujet, ainsi que du premier ministre, et je pense qu’ils vont envoyer des messages très forts sur l’importance du secteur de l’énergie au Canada.
PETER HAYNES : Bienvenue à l’épisode 65 de Géopolitique, en compagnie de l’honorable Frank McKenna. Je m’appelle Peter Haynes, et je suis l’animateur de ce balado. Frank, on est au mois de mai 2025 et on se prépare pour l’été. Quels sont tes plans? Tu vas faire l’aller-retour à Cap-Pelé ou tu as d’autres projets de voyage au cours des prochains mois?
FRANK MCKENNA : C’est ça, je vais faire l’aller-retour. Quand les fleurs commencent à fleurir et que le homard commence à bouillir, j’ai tendance à passer plus de temps au Nouveau-Brunswick. On adore l’endroit où on vit. On est au beau milieu de l’océan, et on adore les habitants des provinces maritimes qui nous entourent. Pour moi, c’est donc beaucoup plus productif de travailler au Nouveau-Brunswick l’été, puis de revenir ici à l’automne.
PETER HAYNES : En parlant de homard… J’ai dit à mon fils que j’allais rendre visite à mon collègue à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, et il m’a demandé si je pouvais lui rapporter un homard, ce que j’ai fait. J’en ai acheté à Clearwater, à l’aéroport de Halifax, mais je ne me sentais pas d’en rapporter un vivant. J’ai dû le faire cuire. Quoiqu’il en soit, ça a été une belle expérience, et il était très heureux de cette expérience tout droit sortie de la côte Est.
Bien. Les relations entre le Canada et les États-Unis sont actuellement au point mort. Maintenant que les élections au Canada sont passées, on va passer un peu plus de temps sur d’autres sujets chauds sur le plan géopolitique, tout en se penchant néanmoins sur certains des problèmes qui touchent l’Amérique du Nord.
Avant de faire le tour du monde, on va commencer par les décisions du Cabinet du premier ministre Mark Carney. Les détracteurs affirment que l’inclusion de 13 ministres de l’ère Trudeau au sein du Cabinet de Carney, y compris l’ancien ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, qui n’est pas très apprécié des provinces de l’Ouest, signifie que les libéraux dirigés par Carney vont s’inscrire dans la continuité.
En revanche, il semble y avoir une réaction positive de la part de ces mêmes détracteurs dans l’Ouest à la nomination de Tim Hodgson au poste de ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles. Que penses-tu de ces critiques? Sont-elles justifiées? Et quel est ton point de vue global sur l’avenir du Cabinet Carney?
FRANK MCKENNA : Aucun cabinet constitué n’a jamais échappé à la critique, parce qu’il s’agit de trouver un équilibre entre des intérêts concurrents. Les gens aiment que leur communauté soit représentée. Ils aiment que leur province soit représentée. Ils aimeraient que leur région soit représentée. Ils aimeraient que les personnes nommées leur ressemblent. Ils aiment pouvoir s’identifier. Ils aiment l’ethnicité. Ils se disent que si le pays compte X pour cent de la population, ce pourcentage doit se refléter dans le Cabinet.
C’est donc très, très difficile. À titre personnel, je trouve que le choix de Guilbeault est discutable, notamment en raison de ses propos. J’ai trouvé sa déclaration peu après l’assermentation du gouvernement très regrettable, car elle a considérablement amoindri l’importance de cette annonce. C’était inutile. Je pense qu’il a dû s’attirer les foudres du premier ministre et de certains de ses collègues après ça. Toutefois, il fait partie du Cabinet.
Encore une fois, il faut réfléchir de façon rationnelle. Le Québec a finalement voté en masse pour les libéraux, avec 44 sièges, contre 34 auparavant. Ils ont fini par obtenir 44 sièges, et 47 % des votes. Ce n’est pas anormal que le Québec soit représenté au sein du Cabinet, et bien représenté. Il y a donc le ministre des Finances, et la ministre de l’Industrie, par exemple.
Il convient cependant de noter que Steven Guilbeault ne s’est pas vu confier un ministère de premier plan. Il est ministre de l’Identité et de la Culture. Il n’est pas ministre de l’Énergie. Il n’est pas non plus ministre de l’Environnement. Il n’a donc pas son mot à dire sur ces questions.
On retrouve d’anciens ministres de Trudeau, mais certains d’entre eux sont des personnes très compétentes et expérimentées. Dominic LeBlanc, par exemple, est probablement le meilleur interlocuteur qu’ont ait avec les États-Unis. Il entretient de très bonnes relations avec le sud de la frontière, c’est quelqu’un de très instruit qui a obtenu une maîtrise de l’université d’Harvard.
Il y a François-Philippe Champagne, un ancien du secteur privé qui est très favorable aux affaires. Un très bon ministre qui fait donc son retour au sein du Cabinet, comme on pouvait s’y attendre. Mélanie Joly, ministre de l’Industrie qui vient d’une famille d’entrepreneurs et qui en est elle-même une. Elle est très brillante, titulaire d’une maîtrise de l’université d’Oxford,
et je pense que la plupart des gens s’accorderont à dire qu’elle a été une excellente porte-parole pour le Canada en ce qui a trait aux relations entre les États-Unis et le Canada. Nécessaire ou non, elle possède plusieurs diplômes et a démontré ses compétences dans tout ce qu’elle entreprend. On a donc besoin de ces personnes. C’est elles qui constitueront le cœur du Cabinet. Mais ensuite, il faut d’autres personnes, parfois moins expérimentées, qui représentent les régions, les ethnies, etc.
Tu sais Peter, la prise de décision au sein d’un Cabinet est souvent éprouvante. Beaucoup de personnes ont été écartées du Cabinet. Des gens soutiennent qu’aucun des ministres de Trudeau ne devrait être en poste, mais dans les faits, bon nombre d’entre eux ont été remplacés. Je pense à Jonathan Wilkinson, titulaire d’une bourse Rhodes et membre très respecté de la Colombie-Britannique.
Je pense à Ahmed Hussen, qui a mis en place le programme national de garde d’enfants, un excellent ministre du Cabinet, mais qui n’a pas été conservé. Ginette Petitpas Taylor est partie. Kody Blois qui a fait un formidable travail à l’agriculture, Jean-Yves Duclos, ancien ministre de la Santé.
Selon moi, ce cabinet a été formé pour remplir une mission bien précise. Le premier ministre a clairement indiqué aux ministres qu’il fallait se concentrer sur l’économie canadienne : la diversifier et la stimuler. Voilà le plan d’action. Je pense qu’il a mis les meilleures personnes au meilleur poste pour atteindre cet objectif.
À mon avis, l’une des nominations clés est celle de Tim Hodgson au ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles. C’est un domaine qu’il connait bien puisqu’il a été président d’Ontario Hydro, a occupé un poste de direction chez MEG et a exercé en tant qu’avocat ou notaire spécialisé dans les fusions et acquisitions, notamment dans le secteur de l’énergie. Il s’est rendu en Alberta la première semaine après sa nomination,
un voyage de deux jours où il a fait un discours devant la Chambre de commerce de Calgary. Je sais qu’il s’est entretenu par téléphone avec plusieurs personnes en Alberta et qu’il y est bien reçu. C’est donc le porte-parole du gouvernement du Canada en matière d’énergie, ainsi que du premier ministre, et je pense qu’ils vont envoyer des messages très forts sur l’importance du secteur de l’énergie au Canada.
PETER HAYNES : En parlant de l’Alberta, la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, est partie dans tous les sens dernièrement après les élections à Ottawa au sujet de sa position personnelle sur la séparation. On en a beaucoup parlé dans les provinces de l’Ouest. D’une part, elle a déclaré soutenir, je cite : « une Alberta souveraine au sein d’un Canada uni. » D’autre part, elle se dit aussi fédéraliste.
Pourtant, ses détracteurs lui reprochent de ne pas le montrer, notamment en ne prenant pas davantage position dans sa province contre la séparation et en adoptant une loi qui facilite la tenue d’un référendum d’initiative populaire à ce sujet. À ton avis, dans quelle mesure le sentiment séparatiste est-il réellement présent dans les provinces de l’Ouest? Je sais que tu te rends régulièrement à Calgary. Comment décrirais-tu l’approche de Danielle Smith à l’égard d’Ottawa?
FRANK MCKENNA : L’une de tes questions décrit très bien la situation. La première ministre Smith me rappelle le politicien irlandais qui court dans la rue et qui interpelle un policier pour lui demander : « où est passée la foule? Je dois les trouver, je suis leur leader. »
Dans un cas comme celui-ci, il faut savoir où les gens vont et les devancer si on veut se comporter en leader et ne pas les suivre. De ce point de vue, j’ai bien peur que la première ministre Smith soit sous l’influence d’une minorité bruyante en Alberta et qu’elle n’assume pas le genre de leadership qu’elle devrait exercer en tant que leader national.
C’est une chose de dire qu’on soutient personnellement l’État fédéral canadien, mais c’en est une autre d’assouplir les règles pour la tenue d’un référendum d’initiative populaire qui favorisera de fait un référendum sur la séparation. Je ne pense pas que ce soit très constructif. Je pense qu’elle ne se rend pas compte de ce qui va se passer lorsqu’elle va ouvrir la boîte de Pandore.
J’ai participé à deux débats référendaires et j’ai observé de très près le troisième, celui sur le Brexit. Tu as peut-être remarqué la semaine dernière que le Royaume-Uni a communiqué avec l’Union européenne, en essayant de remettre le dentifrice dans le tube et de renégocier, reprenant bon nombre des mesures qui ont été détruites lors de ces négociations houleuses.
J’ai été activement impliqué dans le référendum au Québec, j’étais présent lors du soi-disant rassemblement de la victoire le dernier soir et j’ai fait du porte-à-porte au Québec, et je peux te dire que ce fut une expérience absolument épuisante et dévastatrice. C’est corrosif. On se retrouve avec une famille contre une autre. Les collectivités finissent par s’opposer. La province se déchire, etc.
On a eu un débat actif lors du référendum québécois pour savoir si Montréal devrait pouvoir se séparer du Québec si le Québec se séparait du Canada. Et selon moi, en Alberta, Calgary et Edmonton devraient aussi avoir la possibilité de dire : « On n’a rien à voir avec le séparatisme albertain. On veut se séparer de l’Alberta si l’Alberta se sépare du Canada. Les Premières Nations commencent déjà à dire qu’elles souhaitent la tenue d’un référendum en ce sens,
ce qui donne lieu à des débats houleux. On passe par toutes sortes d’émotions très difficiles à gérer. Il en résulte un contexte de placement qui est tout sauf favorable aux décisions des investisseurs ou des consommateurs. C’est ainsi qu’on finit par introduire un élément de volatilité et de colère au sein de la population qui, à mon avis, n’est pas du tout sain.
J’espère toutefois qu’il existe un moyen de reprendre le contrôle de la situation. Ça devrait être la prérogative du premier ministre. J’espère que cette situation va s’apaiser. Au bout du compte, si les gens éprouvent une telle colère envers le pays et veulent vraiment partir, je ne veux pas les en empêcher. Je veux que les Albertains soient heureux et prennent une décision qui les rend heureux,
mais je ne peux m’empêcher de trouver regrettable que quiconque, notamment les habitants de l’Alberta, envisage de démanteler un pays que le reste du monde envie. On est loin d’être parfaits. De toute évidence, le gouvernement du Canada devrait montrer plus d’amour et d’attention à l’Alberta, mais Dieu sait que ce pays vaut la peine qu’on se batte pour lui, et je prie pour que ce débat clivant ne nous déchire pas.
PETER HAYNES : J’ai lu des manchettes sur Starmer qui tente de se rapprocher de l’UE, mais j’avoue que je n’ai pas suivi ce dossier de très près. Ce que j’ai vu, en revanche, c’est qu’il était critiqué, car ce n’est pas pour ça qu’il a été élu, le Brexit étant désormais une affaire classée. Est-il légalement autorisé à agir ainsi? Est-il sur le point de franchir une ligne rouge en souhaitant se rapprocher de l’UE malgré le Brexit, et ce, on pourrait dire, contre la volonté du peuple?
FRANK MCKENNA : Je pense qu’il veut un divorce avec droits conjugaux. C’est probablement ce que l’Alberta voudrait aussi. C’est une bonne chose si vous y parvenez. Est-ce qu’il y a des critiques? Oui. Ce sont les mêmes détracteurs qui ont pris la décision ridicule de faire sortir le Royaume-Uni de l’Europe, Nigel Farage et sa bande. Ils ne cessent d’affirmer que si le Royaume-Uni s’éloigne davantage de l’Europe, des résultats tangibles commenceront à se faire sentir.
En réalité, tout ce qu’on a constaté en cinq ans, c’est une réduction du PIB, une augmentation du chômage et un déficit croissant. L’expérience a été négative. La plupart des sondages montrent qu’au moins 60 % des personnes interrogées voteraient pour revenir dans l’Union européenne aujourd’hui. Aucun gouvernement ne veut relancer le débat et parler d’un retour dans l’UE ou de recoller les morceaux.
Ce qu’ils essaient de faire, c’est de s’entendre sur la pêche, le commerce, voire les files d’attente rapides dans les aéroports, etc. Autrement dit, bénéficier de certains des avantages de l’UE sans complètement faire machine arrière. Est-ce qu’il y a des critiques? Bien sûr. De la part des mêmes personnes qui ont déchiré le pays en faisant campagne pour le « Leave ».
Mais on remarque aussi que la majorité des Britanniques et des entreprises, presque sans exception, estiment que c’est la bonne chose à faire. L’UE est le principal partenaire commercial du Royaume-Uni. Ils sont voisins. On ne peut pas changer ça, on ne peut pas changer la géographie. Il faut donc accélérer et fluidifier ces échanges commerciaux afin de stimuler la croissance économique et créer davantage d’emplois.
PETER HAYNES : Sur une note un peu plus positive en ce qui concerne la première ministre Smith, celle-ci semblait plutôt optimiste quant aux récentes déclarations du premier ministre du Québec, François Legault, au sujet d’un regain d’intérêt pour la construction d’un pipeline vers l’Est. Le premier ministre Carney a déclaré qu’il appuiera les dépenses en infrastructures énergétiques au Canada si les provinces y consentent.
Comment le Canada peut-il joindre le geste à la parole en ce qui concerne les nouveaux pipelines et dans quelle mesure le prix du WTI, qui semble osciller entre 55 et 65 $ le baril, joue-t-il un rôle dans l’économie des nouvelles infrastructures?
FRANK MCKENNA : Je pense que le Canada peut passer à l’action. Je pense que la marge de manœuvre est assez importante. À mon humble avis, ce qu’on devrait faire, c’est donner une chance au nouveau premier ministre et au nouveau gouvernement. Je pense que l’Alberta devrait collaborer de façon constructive avec le gouvernement et essayer de voir si l’on peut aboutir les résultats que tout le monde souhaite. Je suis convaincu qu’il est possible de transporter davantage de pétrole par pipeline, plus rapidement et plus facilement.
Il existe au moins trois projets susceptibles de permettre une augmentation de l’acheminement de pétrole. Parmi eux, le réseau d’oléoduc Trans Mountain. Encore une fois, ça implique de diluer encore plus le pétrole lourd afin d’en faire passer davantage, dégoulotter. De même, Enbridge estime pouvoir ajouter des centaines de milliers de barils supplémentaires grâce à son réseau existant à South Paw. On pourrait atteindre un million de barils par jour rien qu’avec les pipelines existants en ce qui concerne les évacuations.
Je pense que le gouvernement du Canada serait tout à fait d’accord, voire qu’il accélérerait toutes ces décisions. À mon avis, il faudrait envisager de repenser des projets de loi en matière de pipelines, soutenus à l’échelle provinciale et fédérale. Mais ça doit être rentable. Le secteur privé doit se pencher là-dessus, examiner l’avenir à long terme du pétrole, examiner le coût de son transport, par exemple, de l’Alberta vers les eaux de l’Atlantique ou par une autre route, et en déterminer la viabilité économique.
La décision de construire ou non des pipelines ne devrait pas revenir au gouvernement, mais plutôt au secteur privé, qui devrait être le principal moteur de cette initiative, avec le soutien du gouvernement. Je pense que la meilleure façon de le faire est d’envisager un corridor de services publics d’un océan à l’autre. Ce corridor permettrait l’accès à tout type d’infrastructure, de la fibre optique au pétrole en passant par le gaz, selon les besoins. J’aimerais que ce soit un projet national.
Soit dit en passant, le pays ne resterait pas immobile pendant ce temps-là. On a un gigantesque terminal de GNL qui est sur le point d’être mis en service dans l’Ouest du Canada, qui est fortement soutenu par la province de la Colombie-Britannique et le gouvernement fédéral, avec le gaz qui transite par le Colonial Pipeline en provenance de l’Alberta et de la Colombie-Britannique. Il y a au moins quatre autres projets de GNL en cours ou en attente, et chacun d’entre eux contribuera à extraire une grande quantité de gaz du bassin et à améliorer les revenus nets des autres producteurs de gaz.
Tous ces développements sont positifs. On peut donc voir le verre à moitié vide, ou à moitié plein. Si on le voit à moitié plein, les écarts sont passés de 20 $ sur le pétrole environ à moins de 10 $ le baril actuellement grâce au pipeline Trans Mountain. Je pense donc qu’on devrait s’appuyer sur ces réussites et présumer que le premier ministre et son gouvernement vont tenir parole et accélérer la production d’énergie dans le pays.
PETER HAYNES : Tu as parlé du réseau de Trans Mountain. J’aimerais approfondir un peu ce sujet, car je cherche à mieux le comprendre. On en a brièvement parlé en cours de route. Tu as également mentionné Steven Guilbeault, l’ancien ministre de l’Environnement controversé, et certains propos qu’il a tenus récemment.
Il s’est attiré des critiques en suggérant qu’avec une demande pétrolière qui ne devrait atteindre son sommet que dans quelques années, la construction de nouveaux pipelines au Canada s’avérait inutile, du moins jusqu’à ce que le pays maximise l’utilisation des pipelines existants. Ce sont là quelques-uns des commentaires auxquels tu faisais référence tout à l’heure et qui, je pense, ont suscité certaines réactions négatives au sein du cabinet de Carney.
Pour appuyer son point de vue, il souligne le fait que, selon ses calculs, moins de la moitié du pipeline Trans Mountain, ou TMX, est utilisée. Ce taux d’utilisation est contesté. Le chiffre de 75 % est aussi évoqué. Mais quoi qu’il en soit, ce pourcentage est nettement inférieur à 100 %.
On a déjà parlé de TMX et de sa capacité dans les balados précédents, mais j’aimerais approfondir un peu plus cette question. Quelle est l’utilisation réelle de ce pipeline? Et peux-tu expliquer à nos auditeurs pourquoi ce pourcentage est bien inférieur à 100 %?
FRANK MCKENNA : Examinons les faits. Tout d’abord, M. Guilbeault ne devrait pas parler de quelque chose qui ne relève pas de son domaine de compétence. Deuxièmement, il se trompe sur les faits, et la colère des personnes qui vivent dans l’Ouest du Canada est assez compréhensible. Le fait est que TMX a été une véritable aubaine pour le Canada.
Commençons par définir clairement le problème. Le problème était qu’on exportait tout notre pétrole vers les États-Unis, ce qui nous privait de tout pouvoir de négociation. Il en résulte qu’on nous impose une importante décote sur notre pétrole lourd, ce qui représente un coût de 60 à 80 milliards de dollars au cours des dix dernières années. Imagine ce que le Canada pourrait faire avec 70 ou 80 milliards de dollars supplémentaires.
L’écart s’est considérablement réduit, ce qui se traduit par des milliards de dollars supplémentaires pour les gouvernements de l’Alberta et du Canada, ainsi que pour les producteurs qui bénéficient de meilleurs revenus nets. TMX est donc une très, très bonne chose pour le pays,
et le récit selon lequel sa capacité d’utilisation ne serait pas maximale n’est qu’un mythe. Elle n’est pas inférieure à 50 %. Cette année, on prévoit que le pipeline sera utilisé à environ 84 %, ce qui représente la quantité de pétrole qui sera transportée. Pour comprendre pourquoi l’utilisation n’est pas de 100 %, il faut comprendre que 20 % de ce pipeline était réservé au marché au comptant. Cela permet d’obtenir des tarifs plus élevés pour le transporteur et contribue à la rentabilité du projet.
Il s’agit de la partie qui n’a pas été utilisée par les producteurs, car le coût est tel qu’elle n’est pas concurrentielle par rapport aux autres pipelines, comme celui d’Enbridge. Environ 140 000 barils sont donc réservés au marché au comptant. La dernière fois que j’ai vérifié, moins de 20 000 de ces barils étaient utilisés.
Deux possibilités sont envisageables. Soit ils seront peu à peu utilisés dans ce marché au comptant, soit ils seront transférés vers une partie du pipeline disposant d’une capacité suffisante et on en sera avisés en conséquence. Si l’une de ces deux options se produisait – et je sais que beaucoup de gens aimeraient que ce soit le cas – le taux d’utilisation de ce pipeline atteindrait assez rapidement les 100 %. Je pense que le pipeline sert son objectif.
Je relève deux éléments qui pourraient rendre ce pipeline encore plus positif. Premièrement, c’est qu’on peut atteindre 253 000 barils ou plus simplement en prenant des mesures qui n’exigent pas de nouveaux tracés ou quoi que ce soit d’autre, mais simplement le dégoulottage, diluant, et cetera, et cetera. Ce serait considérable. Je pense que toutes les parties devraient s’entendre là-dessus et c’est déjà le cas, et les choses devraient aller plus vite. Au lieu que ça prenne cinq ans, ça devrait en prendre deux ou trois.
Deuxièmement, je pense que les producteurs ont une certaine responsabilité de s’assurer qu’une plus grande partie du pétrole transporté par ce pipeline sort du bassin nord-américain et est acheminée vers le marché international afin de renforcer notre pouvoir de négociation avec les États-Unis. Il y a un mois ou deux, la dernière fois que j’ai vérifié, 60 % du pétrole de ce pipeline était toujours transporté vers les États-Unis. Il rejoint les eaux côtières du Pacifique, puis est transporté par des pétroliers jusqu’à Washington, en Californie ou en Alaska,
et malheureusement, cela contribue au déficit américain et aux échanges commerciaux avec nous et affaiblit quelque peu notre position dans les négociations avec les États-Unis. Les producteurs font ce qui les arrange le plus, et quoi de plus simple que d’expédier leurs produits aux clients actuels situés sur la côte ouest? En ce qui me concerne, j’aimerais beaucoup qu’une plus grande partie de ce pétrole aille en Asie.
D’ailleurs, c’est un phénomène qu’on observe de plus en plus. Une plus grande partie des exportations rejoignent l’Asie, ce qui améliore les revenus nets de nos producteurs et soustrait une petite partie de ce pétrole au marché américain. On doit acheminer le pétrole vers les marchés mondiaux, non pas parce qu’on ne souhaite pas approvisionner les États-Unis d’Amérique, mais parce que, comme dans toute relation commerciale, l’honnêteté est essentielle. On veut tirer le meilleur prix de notre produit.
PETER HAYNES : Ce n’est pas mon domaine d’expertise Frank, mais y a-t-il une raison pour laquelle le pétrole lourd provenant des sables bitumineux doit être raffiné aux États-Unis – ce qui expliquerait pourquoi le pétrole transporté par le pipeline TMX devrait être expédié aux États-Unis plutôt qu’en Asie?
FRANK MCKENNA : Non, on produit aussi du pétrole brut synthétique, qui se vend à bon prix au Canada et aux États-Unis.
PETER HAYNES : Bien. On va revenir aux récentes élections, maintenant que la poussière est retombée. Fait intéressant, la plupart des gens à qui je parle à Bay Street se montrent optimistes quant à l’avenir des investissements au Canada. Ce qui n’est plus le cas depuis un certain temps. Cette situation s’explique principalement par le fait que le gouvernement fédéral fait de l’économie l’une de ses priorités.
Parmi ces gens, des spécialistes de la répartition des actifs à l’échelle mondiale à qui j’ai parlé et qui font désormais preuve d’un certain optimisme à l’égard des données fondamentales du Canada. En outre, certains gestionnaires de fonds, et en particulier des fonds de couverture, estiment qu’il pourrait y avoir une tendance à acheter des titres canadiens au cours des prochains mois.
Ce message cadre-t-il avec ce que les dirigeants d’entreprise te disent? Si oui, quels conseils donnerais-tu au premier ministre Carney et aux membres de son Cabinet pour tirer parti de cet élan et de cet intérêt pour les investissements au Canada?
FRANK MCKENNA : Oui, c’est vraiment l’impression que j’ai. Tout d’abord, toutes les craintes liées aux droits de douane se sont quelque peu estompées. De plus, je pense que l’élection du premier ministre a donné au pays le sentiment que la période d’instabilité politique est désormais derrière nous, ce qui est une bonne chose. Les gens avaient simplement besoin d’y voir plus clair.
Troisièmement, pour être tout à fait franc, je pense que le premier ministre a impressionné les Canadiens, qu’ils le soutiennent ou non. J’ai reçu un message aujourd’hui d’un grand chef d’entreprise canadien, me disant qu’il n’avait pas voté pour le premier ministre, mais qu’il était désormais à 100 % derrière lui. Je pense que beaucoup de Canadiens partagent cet avis. Qu’on ait voté ou non pour ce premier ministre, c’est maintenant le premier ministre de tous les Canadiens. Espérons qu’il réussisse et aidons-le dans ce sens.
Je pense que sa façon d’aborder les choses a rassuré les gens. Il parle aussi aux milieux d’affaires, tout comme ses ministres. Demain, je vais organiser un événement avec une douzaine de gens d’affaires, dont certains viennent de partout au Canada ou en Amérique du Nord, car ils souhaitent vivement contribuer aux efforts du gouvernement en matière économique.
L’humeur s’améliore. Je pense qu’il doit y avoir des retombées concrètes pour les entreprises. Tout le monde attend des actes. Les gens se disent : « OK, comment les paroles se traduisent-elles en actions concrètes? » Je pense que la nomination de Tim Hodgson au poste de ministre de l’Énergie est un très bon message envoyé aux entreprises. De même pour François-Philippe Champagne.
Une chose qui est passée un peu inaperçue, ce sont les fonds de pension, qui représentent, je crois, environ 3 000 milliards de dollars au total. Stephen Poloz a produit un rapport qui n’a pas reçu suffisamment d’attention et qui a été déposé dans l’Énoncé économique de l’automne, dans lequel il n’est pas question d’obliger les caisses de retraite à investir au Canada, mais où il est présenté un certain nombre de façons d’améliorer l’efficacité de leurs placements au Canada. C’est un rapport qui mérite qu’on s’y intéresse.
À cet égard, je pense que l’une des mesures spécifiques à prendre immédiatement consiste à permettre à nos caisses de retraite d’investir dans les aéroports. Je ne parle pas d’acquisition pure et simple d’un aéroport, même si cette possibilité n’a pas été exclue, mais par exemple d’investir dans la manutention des bagages, dans les systèmes de réservation ou dans d’autres aspects des activités aéroportuaires. Cette mesure est actuellement à l’étude. L’annonce a été faite, et je pense que tout est prêt. À mon avis, d’autres mesures à effet rapide devraient être mises en œuvre.
Le commerce interprovincial est déterminé à éliminer les obstacles auxquels il est confronté, et il y parviendra. Je pense qu’une loi sera déposée à ce sujet. La réduction des impôts, des impôts sur le commerce de détail, va très bientôt être adoptée.
Ensuite, je pense que le gouvernement va devoir régler la grève de Postes Canada, ce qui pourrait être l’occasion pour lui d’envoyer un message fort. Selon moi, le moment est venu de ne plus tolérer ce qui se passe à Postes Canada. On ne peut plus se permettre de subventionner Postes Canada à raison d’un milliard de dollars,
et je pense qu’on doit faire quelque chose avec cet actif, qui aurait dû être privatisé il y a 10 ou 12 ans. Je ne sais pas comment on le gère, mais on ne peut plus continuer comme ça. À mon avis, le fait que le gouvernement du Canada prenne des mesures fortes en cas de grève redonnerait confiance au milieu des affaires du pays.
PETER HAYNES : On va s’attarder un instant sur le sujet de Postes Canada. Est-ce le type d’actif qu’une entreprise comme Amazon voudrait acheter simplement parce qu’elle livre des marchandises à domicile? Je me demande simplement s’il y a vraiment des acheteurs de… et je ne parle pas d’Amazon en particulier,
mais est-ce le type d’acheteur potentiel d’un tel actif? À quel point la vente de cet actif affecterait-elle notre patriotisme, et dans quelle mesure les gens auraient-ils du mal à accepter le fait qu’il n’existe plus d’organisation postale publique au Canada?
FRANK MCKENNA : Il y a des services postaux dans le monde qui ont été privatisés, qui ont fini par élargir leurs secteurs d’activité et qui ont connu beaucoup de succès. Le meilleur moment pour le faire aurait été il y a une douzaine d’années, probablement lorsque l’entreprise était nettement plus rentable.
Je parie qu’il y a eu une baisse de 50 %, peut-être 100 % du courrier ordinaire au cours des dernières années. Les deux principaux facteurs qui ont eu un impact sont donc, premièrement, la baisse spectaculaire du courrier ordinaire. J’imagine que tu reçois la plupart de tes communications, factures, relevés bancaires, etc. par voie électronique. C’est le cas pour tout le monde. Tout ça a été supprimé.
Deuxièmement, en ce qui concerne la livraison de colis, Postes Canada en faisait beaucoup à un moment donné. Pendant la pandémie, des gens sur des scooters et à bord de fourgonnettes venaient livrer à 22 heures. Et tout ça vient de Postes Canada. Leurs travailleurs ne veulent pas travailler la fin de semaine. Eux ne veulent pas avoir de travailleurs à temps partiel. Ils exercent une activité qui n’est pas la leur.
Quand je siégeais au conseil d’administration d’UPS, il y a quelques années, on a essayé d’acheter Purolator, en vain. Mais l’argument était : pourquoi livrez-vous des colis? Ce n’est pas une activité essentielle à la santé d’un pays. Beaucoup de gens peuvent le faire. Amazon pourrait le faire par l’intermédiaire de son réseau, de Federal Express ou d’UPS, peu importe.
C’est donc un actif qui aurait une grande valeur. On fait des choses qui n’ont aucun sens sur le plan économique, comme livrer à domicile tous les jours à Toronto, par exemple. Quand je suis à la maison au Nouveau-Brunswick, je n’ai pas de livraison à domicile. On a une boîte postale communautaire. En fin de semaine, quelqu’un vient. Ce n’est pas un employé de Postes Canada. C’est une personne dans un bureau qui s’en charge.
Toutes ces décisions, que Postes Canada aimerait prendre et qui lui permettraient de réaliser d’importantes économies, ne peuvent être mises en œuvre en raison des conventions collectives conclues avec les syndicats. Les employés syndiqués se trouvent donc dans une situation très périlleuse avec cette grève potentielle, car chaque fois qu’ils font grève, ils menacent une grande partie de leur activité qui ne redémarre pas, ce qui les rend de plus en plus superflus. C’est un problème qui a été mis sous le tapis, mais qu’il faudra bien régler tôt ou tard.
PETER HAYNES : Oui, le rapport de force n’est clairement pas en leur faveur dans cette situation. On va revenir sur les premières interactions que le président Trump a eues avec le premier ministre Carney à la Maison-Blanche il y a quelques semaines. On peut dire que dans l’ensemble, comme tu l’as mentionné plus tôt, le premier ministre Carney s’en sort plutôt bien jusqu’à maintenant.
En particulier, lorsqu’il s’est rendu à la Maison-Blanche, il s’est distingué par la fermeté de son message sur la souveraineté du Canada, tout en faisant preuve de respect à l’égard de ses interlocuteurs dans le bureau ovale. J’ai l’impression que cette réunion a contribué à calmer quelque peu le jeu et à mettre fin au discours sur l’annexion, du moins temporairement. Selon toi, quelle est la prochaine étape dans les relations entre le Canada et les États-Unis?
FRANK MCKENNA : Je pense que ton analyse est la bonne et qu’elle est partagée par l’ensemble des Canadiens. Il y a un défi de taille à relever. Le premier ministre ne voulait pas connaitre le même sort que Zelensky à Washington. Soit dit en passant, le président Trump a remis ça, cette fois-ci à du président sud-africain. M. Carney ne voulait pas faire face à la même déconvenue.
Cependant, il ne voulait pas non plus se soumettre ou mendier, ce que certaines personnes ont pu reprocher à Starmer. Je pense qu’il a fait ce qu’il avait à faire. Mais les Canadiens ne voulaient pas non plus voir leur premier ministre se prosterner devant le président américain. Je pense qu’il est parvenu à ses fins. Il a laissé le président divaguer comme à son habitude, tout en faisant passer le message comme quoi le Canada n’était pas à vendre.
J’ai pensé que son attitude était la bonne, à savoir respectueuse, de sorte à calmer les esprits. La preuve, on ne fait plus les manchettes. Et je pense que c’est une bonne chose pour tout le monde de prendre du recul, de se ressaisir, puis de commencer à se retrousser les manches et à travailler sur une relation intelligente et mutuellement avantageuse.
PETER HAYNES : Et penses-tu que cette relation s’articulera autour d’un accord commercial tripartite ou bilatéral?
FRANK MCKENNA : Pour l’instant, il semble qu’il s’agisse d’une conversation bilatérale qui pourrait se transformer en une conversation tripartite et qui serait en fait le retour de l’accord États-Unis-Mexique-Canada, dont il était question de discuter en 2026. Toutes les cartes sont rebattues. Ce qui était convenu lors de la négociation de l’accord ACEUM, c’est qu’une renégociation serait effectuée en 2026, puis tous les deux ans jusqu’en 2036. Ça signifie que les discussions seront remises sur la table, mais l’accord serait toujours viable.
Reste à savoir si les États-Unis ont l’intention d’honorer leurs engagements ou s’ils souhaitent entamer de nouvelles négociations sans passer de nouvel accord. On va se trouver confrontés au même problème que les autres pays du monde. Comment faire confiance à la contrepartie? Comment lui faire respecter cet accord? Que faire si l’accord tombe de nouveau à l’eau?
Les constructions d’usines et les investissements de capitaux se feront-ils avec un partenaire qui s’est avéré indigne de confiance? Les États-Unis ont peut-être le pouvoir de faire ce qu’ils veulent, mais chaque fois qu’ils agissent ainsi, ils introduisent de la volatilité dans les relations. Tout le monde y perd.
PETER HAYNES : Avant de passer aux affaires internationales, Frank, j’aimerais juste parler d’un point de discorde soulevé par les chefs des partis de l’opposition à l’égard du premier ministre Carney, à savoir sa décision de ne pas présenter de budget pour l’exercice en cours. Qu’est-ce qui a poussé le premier ministre a prendre cette décision? Qu’en penses-tu?
FRANK MCKENNA : Je comprends la logique de cette décision. La volatilité est considérable. Et un budget aurait été automatiquement précaire. Il y a la question du commerce interprovincial, qui reste à déterminer. Il y a le problème des droits de douane non seulement ici, mais aussi à l’échelle mondiale. Va-t-il y avoir une récession mondiale? On a frôlé l’effondrement mondial il y a quelques semaines à peine.
Dans quelle direction va-t-on? Le comportement des États-Unis à l’égard du reste du monde est également très important. Si le monde entier entre en récession en raison des droits de douane, comment dollar va-t-il se comporter? Comment vont se comporter les bons du Trésor? La volatilité est extrêmement élevée.
La question est de savoir si la stabilité de la relation entre le Canada et les États-Unis est désormais suffisante pour permettre les décisions en matière de placement, les décisions individuelles et les décisions des consommateurs. Tous ces éléments constituent les pièces volatiles d’un puzzle qui rendrait l’élaboration d’un budget extrêmement difficile à l’heure actuelle.
PETER HAYNES : Les détracteurs soutiennent que la présentation d’un budget par un gouvernement est toujours source d’incertitude quant à l’avenir. Peut-être que le premier ministre Carney cherche à éviter un vote de confiance ou toute question de cette nature pour le moment. Est-ce que tu crois les critiques qui laissent entendre que le contexte, certes, est incertain, mais que c’est toujours le cas?
FRANK MCKENNA : Oui et non. Je ne pense pas un seul instant que le gouvernement soit préoccupé par un vote de confiance. Aucun des partis politiques ne souhaite d’élections pour l’instant, et je pense qu’ils auraient beaucoup de problèmes avec l’électorat s’ils en déclenchaient une. Je ne pense pas que ça arrive. Je ne crois pas que ce soit la raison. Je pense que le gouvernement estime ne pas disposer de toutes les données nécessaires pour établir un budget.
D’ailleurs, les puristes me contrediront sûrement, et ils auront raison de le faire, mais je tiens à le préciser : C’est plus un problème pour les initiés que pour le grand public. Personne ne m’arrête dans la rue pour me dire : « Frank, pourquoi n’a-t-on pas encore de budget? » Ce sujet intéresse les partis d’opposition, les adeptes de la politique et la presse.
Honnêtement, je pense que le grand public souhaite simplement un bon gouvernement et que le premier ministre fasse ce pour quoi il a été élu. Je ne pense pas que la question du budget empêche quiconque de dormir la nuit.
PETER HAYNES : C’est un très bon point. Je dois admettre que tu as raison. Peu de gens se soucient réellement de ces questions. Bien. Le président Trump, puisqu’on parle de rhétorique, a lui aussi lissé son discours, malgré ce qu’il s’est passé plus tôt dans la journée avec le président sud-africain.
Mais en réalité, la plupart des Alliés ont constaté une accalmie, y compris le Canada. Le président Trump a commencé à annoncer certains accords commerciaux bilatéraux, et il semble aussi avoir trouvé ce qu’on peut qualifier de trêve commerciale avec la Chine, même si ce n’est que temporaire.
Toutefois, la plupart des spécialistes en commerce affirment que le diable se cache dans les détails et que ces mains tendues par Trump à certains pays ne constituent pas à elles seules un accord commercial à part entière. À ton avis, les États-Unis cèdent-ils réellement sur leurs exigences en matière commerciale en raison de la réaction du marché? Dans la même veine, as-tu réussi à comprendre où Trump voulait en venir avec ses droits de douane?
FRANK MCKENNA : Les États-Unis font machine arrière, il n’y a aucun doute là-dessus. Il suffit de voir l’effondrement total des bons du Trésor après le soi-disant jour de la libération. Les bons du Trésor à 30 ans ont bondi. Les taux ont augmenté pour se porter à 10 %. Le dollar qui, dans toutes les circonstances, devrait augmenter pour assurer la stabilité s’est effondré.
Je pense sincèrement que les États-Unis étaient en grand danger lorsque l’entourage du président Trump l’a convaincu de rétropédaler. Il ne fait donc aucun doute qu’il bat en retraite depuis l’accord qu’il a conclu avec la Grande-Bretagne, dont il se vante, mais qui n’est en réalité qu’une coquille vide. Cet accord représente un tiers des relations commerciales avec le Canada.
En réalité, les États-Unis ont enregistré un excédent commercial avec le Royaume-Uni. Je ne comprends vraiment pas pourquoi le Royaume-Uni a fini par accepter un tarif de 10 %, alors qu’il était déficitaire dans ses relations commerciales.
Je pense que l’accord avec la Chine a été fait par nécessité. Souviens-toi qu’avant même ce revirement massif, Trump avait déjà annulé plusieurs mesures qui auraient eu un impact sur le prix des téléphones Apple, du matériel informatique, etc.
Depuis lors, il n’a cessé de faire machine arrière. J’espère qu’il continuera ainsi, car à mon avis, s’il y a une leçon à tirer de cette expérience, c’est que les droits de douane sont tout simplement mauvais pour les affaires, et que quiconque souhaite recourir aux droits de douane en tant qu’arme doit faire preuve d’une grande prudence.
Au Canada, je pense qu’il y a encore beaucoup d’incertitude quant aux droits de douane, comme dans le reste du monde. Je pense que les États-Unis n’en ont pas encore fini avec ce sujet. Tu as vu ce que dit Walmart? Les droits de douane vont leur porter un coup dur. Et ils ne sont pas du tout prêts à les absorber, ce que Trump voudrait qu’ils fassent. Ils seront répercutés sur les consommateurs.
Jamie Dimon dit qu’on n’a pas encore vu toutes les répercussions des droits de douane, et je pense qu’il a raison. Beaucoup d’éléments n’ont pas été pris en compte. De nombreuses entreprises ont anticipé et acheté d’énormes quantités de stocks avant l’entrée en vigueur des droits de douane. C’est la raison pour laquelle je pense que les consommateurs américains n’ont pas encore pleinement perçu l’impact de ces mesures.
Pour couronner le tout, une autre mini-crise est en train de se profiler. Il y en a plusieurs. Premièrement, le type de budget que les républicains vont présenter, ainsi que le paquet fiscal, et deuxièmement, l’abaissement de la cote de crédit des États-Unis par Moody »s, qui passe de AAA à AA+. Le président Trump dit qu’il n’a pas besoin de quoi que ce soit de la part du Canada, mais une chose dont il aurait bien besoin en ce moment, c’est notre cote de crédit. La nouvelle cote de crédit des États-Unis leur coûte cher, notamment une hausse des taux d’intérêt à 30 ans de 5 %, me semble-t-il.
Je pense que tous ces facteurs influent sur les données fondamentales de l’économie américaine. Et je pense que le président Trump et ses conseillers reçoivent de nombreux conseils de toute part. Les États-Unis devraient se concentrer davantage sur les données fondamentales, cesser de provoquer des conflits avec le reste du monde et revenir à l’essentiel, car ils font face à un déficit considérable et doivent résoudre certains de leurs problèmes internes.
PETER HAYNES : Les ministres du G7 se réunissent aujourd’hui à Kananaskis, je crois, en vue du sommet des dirigeants des pays concernés qui aura lieu le 15 juin. Je sais qu’une partie des discussions d’aujourd’hui était consacrée à la préparation de ce sommet, mais aussi aux droits de douane.
Qu’attends-tu de ce G7. Le premier ministre Carney en sera l’hôte. Le président Trump sera invité. T’attends-tu à ce qu’il s’en aille un jour plus tôt? T’attends-tu à ce que le groupe signe une entente sur certains aspects, comme le commerce, la sécurité ou d’autres choses? Quelles sont tes attentes?
FRANK MCKENNA : Eh bien, elles sont peu élevées. Je pense les États-Unis, Donald Trump et les droits de douane sont autant d’éléphants dans la pièce. Ils sont en désaccord avec le reste du monde à ce sujet. Je pense aussi que l’Ukraine est un enjeu important sur lequel les États-Unis entretiennent une position ambivalente.
En fin de compte, je pense qu’il est dans l’intérêt de tout le monde d’être présent et de coopérer. C’est la raison pour laquelle je pense que ça va bien se passer. Il ne devrait pas y avoir de heurts. De plus, je présume qu’un communiqué de presse sera publié à la fin du sommet, dans lequel la plupart des questions seront habilement esquivées. C’est généralement le cas lors de ces événements.
Ce qui compte le plus, ce sont les autres discussions, les discussions bilatérales en cours et le consensus qui se dégage parmi les coalitions de pays volontaires. Je m’attends à ce que le Canada et l’Europe, par exemple, soient sur la même longueur d’onde à l’égard d’un certain nombre de questions. C’est une bonne chose. Et je pense que c’est une bonne chose que les États-Unis entendent le reste du monde donner son avis sur le dossier ukrainien ou les droits de douane.
Ils ne changeront certainement pas leur position du jour au lendemain, il ne faut pas s’attendre à un vole-face dans le communiqué, mais parler de ces questions est une bonne chose. Ça ne peut que faire du bien. Je crois que c’est Churchill qui a dit : « Je préfère parler, parler, parler plutôt que faire la guerre, la guerre, la guerre. » Je pense que c’est bien que les gens se réunissent et discutent, et s’ils parviennent à résoudre les problèmes, c’est d’autant mieux.
PETER HAYNES : En parlant du président Trump, au moment de sa réélection, ce dernier avait des attentes assez élevées quant à ses chances de remporter le prix Nobel au cours de son deuxième mandat, d’abord en mettant fin à la guerre entre la Russie et l’Ukraine en un jour après son entrée en fonction et, deuxièmement, en trouvant une solution au conflit au Moyen-Orient dès les premiers jours de son second mandat. Aujourd’hui, tout le monde sait que rien de tout ça ne s’est produit.
Entre-temps, en fin de semaine, Israël a semblé intensifier ses actions à Gaza en durcissant le conflit avec le Hamas, le premier ministre Netanyahu ayant laissé entendre qu’il souhaitait une victoire totale sur le Hamas. Sur le front ukrainien, les analystes qui ont relaté l’appel téléphonique entre Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine lundi dernier suggèrent que cet échange n’a fait que confirmer que les perspectives de paix étaient plus éloignées qu’on ne le pensait. As-tu des raisons d’être optimiste à l’égard de l’un ou l’autre de ces événements mondiaux tragiques?
FRANK MCKENNA : En effet, lorsqu’il a été élu, le président Trump plaisantait en disant qu’il passerait trois appels dès son premier jour en fonction. Le premier pour que Poutine mette fin à la guerre en Ukraine. Le deuxième pour que Netanyahu mette fin à la guerre à Gaza. Et le troisième au comité du prix Nobel, pour leur demander quand ils allaient lui remettre le prix Nobel de la paix. Et d’ailleurs, je leur tire mon chapeau pour avoir essayé. Il mérite d’être salué pour ses interventions dans divers domaines visant à faire dialoguer les parties.
Le Moyen-Orient est une situation très difficile. Je pense qu’il existe des enjeux légitimes dans les relations entre le premier ministre Netanyahu et le monde arabe, mais il y a également des impératifs nationaux et politiques pour Netanyahu et Israël. Et parfois, je pense que le fait d’impliquer plusieurs parties prenantes dans la prise de décision rend celle-ci plus complexe, c’est certain.
Dans le cas de l’Ukraine, il y a Poutine, qui est totalement déterminé à atteindre ses objectifs. Comme le président Clinton me l’a dit un jour, il se prend pour Pierre le Grand et souhaite restaurer l’Empire russe. Je pense qu’il se sent investi de cette mission. À mon avis, les États-Unis ne lui mettent pas suffisamment de pression pour instaurer une tension qui aboutirait à un accord. Ces deux guerres sont donc toujours en cours.
Cela dit, je pense qu’on est plus près de la fin que du début, pour l’une comme pour l’autre. C’est ce qui me rassure. Il y a de plus en plus de pressions de part et d’autre pour essayer de résoudre le conflit en Ukraine, et je pense qu’au Moyen-Orient, les États arabes se rangent plutôt du côté de Trump dans leur volonté d’apaiser les tensions et de trouver une solution pacifique à Gaza, tout en gérant la situation en Iran et en Syrie. Je dirais donc qu’il y a beaucoup de choses à gérer, mais que la tendance générale est à la résolution de ces deux guerres.
PETER HAYNES : Eh bien, c’est relativement positif, car tu ne t’es pas montré très optimiste sur ces deux dossiers au cours des mois précédents. Je vais donc garder cela en tête et je reviendrai sur ce sujet le mois prochain.
Enfin, avant de parler des Toronto Blue Jays, j’aimerais parler de la récente crise au Cachemire, où une attaque meurtrière a eu lieu dans une zone contrôlée par l’Inde sur ce territoire disputé entre le Pakistan et l’Inde. L’Inde a accusé des terroristes pakistanais d’être responsables de l’attaque et a riposté en menant des frappes contre des camps terroristes pakistanais. S’en sont suivis plusieurs jours d’escalade avant que le président Trump n’intervienne pour demander à chaque pays de se concentrer sur le commerce plutôt que sur la guerre, et annoncer ensuite que les hostilités avaient cessé.
Malgré les déclarations de Trump affirmant que les États-Unis avaient mis fin au conflit grâce à leur médiation, les dirigeants indiens ont par la suite fait savoir que le rôle des États-Unis dans la résolution du conflit avait été négligeable et que la menace d’une escalade aurait été plus grande si la Chine était intervenue en cas d’aggravation du conflit. Quel est ton point de vue sur cette région et sur la dynamique géopolitique entre le Pakistan et l’Inde?
FRANK MCKENNA : Toute perte humaine est tragique, mais je pense que ce conflit passe quelque peu au second plan par rapport à d’autres conflits plus importants qui se déroulent actuellement. Si l’Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires, s’attaquaient mutuellement, ce serait certainement catastrophique,
mais je ne pense pas qu’on en soit là. Les terroristes savent qu’ils peuvent envenimer les populations par leurs actes, et c’est pourquoi ils le font. Le Cachemire est une question épineuse depuis la séparation il y a plusieurs décennies, et des tensions refont surface de temps à autre à cause des personnes qui souhaitent les attiser.
Comme John F. Kennedy l’a dit un jour : « Le problème, ce n’est pas la fumée. Le problème, ce sont les fabricants de fumée. » Dans ce cas précis, je ne pense pas que les relations entre l’Inde et le Pakistan soient globalement conflictuelles. Je pense toutefois qu’une communauté terroriste aimerait que ce soit le cas.
Au passage, cette situation n’est pas sans rappeler celle de Gaza, où, selon presque tous les témoignages, le fait que l’Arabie saoudite et Israël semblaient sur le point de se rapprocher, une avancée très positive, a poussé le Hamas à agir pour tenter de saboter cet élan de bonne volonté. De la même manière qu’au Cachemire, ce groupe terroriste a manifestement souhaité semer le trouble et créer des tensions entre ces deux grandes puissances.
Malheureusement, au Pakistan, la frontière entre les groupes terroristes et l’armée est parfois très mince. À mon avis, le gouvernement de l’Inde a donc probablement estimé, à juste titre, que cette attaque avait tout d’une opération soutenue par le Pakistan. Quoi qu’il en soit, si les gens ont suivi la situation de près, l’intervention des États-Unis, si c’en était une, n’a certainement pas suscité la réaction attendue.
Au Pakistan, la population exultait, proclamant la victoire. L’armée et les responsables politiques indiens, de leur côté, étaient écœurés que les États-Unis aient fini par mettre leur grain de sel. Ils étaient très en colère. Ils estimaient que le Pakistan devait être puni pour cette incursion au Cachemire, que les États-Unis ne devaient pas intervenir dans le différend et que cette intervention s’est faite au détriment des intérêts indiens. Je pense donc que les États-Unis ne remporteront pas le prix Nobel de la paix pour cette intervention.
PETER HAYNES : Frank, j’ai commencé à écouter le nouveau balado de David Frum, un conservateur canadien qui faisait partie, je crois, de l’administration de George Bush. Un membre du gouvernement indien a récemment été invité pour discuter du rôle des États-Unis dans le désamorçage du conflit. Et je ne sais pas. Tu le connais? T’est-il déjà arrivé de le croiser au cours de ta vie?
FRANK MCKENNA : Pour tout te dire, il sera mon invité cet été à Fox Harbour. J’ai beaucoup de respect pour David Frum.
PETER HAYNES : Oui. Pour les auditeurs qui aimeraient le découvrir, il vient de lancer un balado. Je pense qu’il en est à son sixième ou septième épisode. C’est un balado hebdomadaire que je trouve très intéressant, surtout d’un point de vue géopolitique, et je suis certain que tes invités prendront plaisir à l’écouter parler des nombreux sujets qu’il aborde.
Très bien. On est le mercredi 21 mai, à quelques jours de la fin de semaine du Memorial Day, qui marque généralement un tournant pour la plupart des analystes et des directeurs généraux de baseball, qui suggèrent que les résultats obtenus par notre équipe de baseball pendant cette fin de semaine reflètent ce à quoi l’on peut s’attendre pour le reste de la saison. Les Toronto Blue Jays jouent actuellement un match inférieur à 0,500. On est en milieu de tableau de la Ligue américaine Est, et en milieu de tableau au classement général. Est-on à notre place?
FRANK MCKENNA : Avant, j’aimerais juste prendre une minute pour souligner qu’il se passe deux autres choses positives dans le monde. Premièrement, en Roumanie, les électeurs ont rejeté un candidat extrémiste et ont finalement opté pour un candidat centriste cette semaine, ce qui est une bonne chose. Deuxièmement, le Royaume-Uni et l’Union européenne ont fait un grand pas en avant pour recoller les morceaux en concluant un accord très complet. Ce sont donc deux bonnes nouvelles.
Pour ce qui est des Jays… Je pense honnêtement qu’on vaut mieux que ça. Bichette et Guerrero ont été performants, même si leurs statistiques pourraient être meilleures, tout comme Springer, Kirk et Varsho. Barger et Clement m’ont agréablement surpris,
malheureusement, Jiménez et Santander n’ont pas été à la hauteur et leurs performances ont été décevantes. Et je pense que si cet alignement de frappeurs pouvait améliorer ne serait-ce qu’un peu son rendement, on afficherait de bien meilleurs résultats.
De plus, les lancers ont été irréguliers. On a vu des lancers spectaculaires récemment, notamment ceux de Bassitt, mais Berríos et Gausman ont manqué de régularité, et Hoffman a alterné le bon et le moins bon. J’aurais voulu qu’on soit plus constants. Je vis dans l’espoir, Peter. Je vis dans l’espoir. Il y a des moments où l’équipe m’enthousiasme énormément et d’autres où elle me rend fou. Mais je pense qu’on peut faire mieux que ce qu’on fait actuellement.
PETER HAYNES : On n’est pas les seuls à éprouver des difficultés dans cette division. Baltimore a congédié son entraîneur, et Tampa traverse l’une des pires saisons de son histoire. Même Boston n’a pas fait grand-chose. On peut le faire. On doit juste faire une série de bons résultats.
Je ne suis pas aussi optimiste que toi, et pourtant je nous vois généralement meilleurs qu’on ne l’est. Mon fils est de retour pour l’été. C’était un joueur de baseball, et on doit parler de Vladdy et de son contrat, avec lequel il n’était pas d’accord. C’est un peu fatigant. Par conséquent, à chaque fois que Vladdy frappera un coup de circuit, comme il l’a fait récemment, ou hier soir, je le lui rappellerai.
Eh bien, j’ai hâte qu’on se reparle le mois prochain. On pourra dresser le bilan du G7. J’espère que tout se passera bien, comme tu l’as suggéré tout à l’heure. On a encore beaucoup de choses à se raconter Frank. Encore une fois, merci de ton temps. On en reparlera en juin.
FRANK MCKENNA : OK, merci.
[MUSIQUE]
PETER HAYNES : Merci d’avoir écouté Géopolitique. Ce balado de Valeurs Mobilières TD est présenté à titre informatif. Les opinions dans ce balado n’engagent que les personnes qui les expriment et peuvent ou non représenter les opinions de la TD ou de ses filiales. Ces points de vue ne doivent pas être interprétés comme des conseils en matière de placement, de fiscalité ou autre.
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Frank McKenna
Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
Frank McKenna
Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
À titre de président suppléant, Frank a pour mandat de soutenir l’expansion soutenue de Valeurs Mobilières TD à l’échelle mondiale. Il est membre de la direction du Groupe Banque TD depuis 2006 et a été premier ministre du Nouveau-Brunswick et ambassadeur du Canada aux États-Unis.

Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter s’est joint à Valeurs Mobilières TD en juin 1995 et dirige actuellement notre équipe Recherche, Structure des marchés et indices. Il gère également certaines relations clés avec les clients institutionnels dans la salle des marchés et anime deux séries de balados, l’une sur la structure des marchés et l’autre sur la géopolitique. Il a commencé sa carrière à la Bourse de Toronto au sein du service de marketing des indices et des produits dérivés avant de rejoindre Le Crédit Lyonnais (LCL) à Montréal. Membre des comités consultatifs sur les indices américains, canadiens et mondiaux de S&P, Peter a siégé pendant quatre ans au comité consultatif sur la structure du marché de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario.