Cette fois-ci, tout semble différent

9 décembre 2022 - 5 minutes
Deux personnes d’affaires qui examinent un rapport.

Le contexte favorable : un bilan gonflé et des marges en hausse

Les mesures d’assouplissement quantitatif (AQ) prises au début de l’année 2020 ont été différentes de celles adoptées après le ralentissement économique de 2008, dans la mesure où elles ont abouti à des bilans de banques beaucoup plus importants aujourd’hui qu’ils ne l’auraient été autrement. De même que l’AQ a gonflé les soldes des dépôts, nous prévoyons que le resserrement quantitatif (RQ) entraînera une hausse marquée des dépôts. C’est déjà le cas aux États-Unis, où les données hebdomadaires de la Fed permettent une analyse en temps opportun.

Le ratio de couverture de liquidité (RCL; la proportion d’actifs très liquides) du groupe a augmenté brusquement au début de la pandémie, car l’AQ a provoqué une hausse des dépôts, mais la croissance des prêts n’a pas suivi le rythme. Nous assistons désormais à une tendance à la baisse des RCL, à mesure que la croissance des dépôts ralentit (voire commence à diminuer) et que la croissance des prêts s’accélère.

L’augmentation considérable du bilan de la Banque du Canada

Au cours de la première année de la pandémie, le bilan de la Banque du Canada (BdC) (actif ou passif plus capital) a augmenté de 469 %. Le déclin qui a succédé à cette augmentation record est essentiellement attribuable aux placements dans les conventions de mise en pension (REPO), qui ont fortement diminué après que les marchés financiers eurent commencé à se stabiliser à l’été 2020. La flambée initiale des actifs REPO est semblable à ce que nous avons observé en 2008 et reflète le fait que la BdC offre du financement à court terme aux banques commerciales.
Line graph of Bank of Canada Balance Sheet where Bank of Canada Assets and Liabilities jumped significantly in 2020
La figure ci-dessus montre également que le resserrement quantitatif (RQ; baisse des placements en obligations) ne fait que commencer (les placements en obligations ont diminué de 50 milliards de dollars).

Nous considérons les REPO (conventions de mise en pension) comme une injection immédiate d’adrénaline dans le système et les placements importants en obligations comme le « véritable » assouplissement quantitatif (AQ).

Tenez compte du passif des banques centrales qui diminue lorsque la BdC et la Réserve fédérale commencent à réduire le volet actif du bilan en ne réinvestissant pas à mesure que les obligations arrivent à échéance ou en les vendant activement. Un examen du passif du bilan de la BdC révèle que les dépôts effectués auprès de la BdC (les passifs) ont augmenté de manière considérable dans le cadre de l’AQ, les bénéficiaires de ces liquidités abondantes étant le gouvernement du Canada (GdC), mais surtout les banques commerciales du Canada.

Répercussions de l’assouplissement quantitatif lié à la pandémie sur les actifs bancaires

La comparaison entre les actifs des banques nationales et le bilan de la BdC jusqu’en 2010 montre que l’AQ ne gonfle pas le bilan des banques commerciales, car il s’agit pour l’essentiel d’un échange d’actifs bancaires contre des bons du Trésor ou d’autres formes d’actifs liquides. Veuillez noter l’augmentation significative des actifs de la BdC en 2008 (et la baisse qui s’en est suivie) qui n’a eu qu’une répercussion minime, voire nulle, sur les banques commerciales.
Two lines graphs of Quantitative Easing where effect on bank balance sheets only appeared in after 2020
À présent, si nous examinons l’AQ lié à la pandémie, nous constatons une différence notable. La forte augmentation des actifs de la BdC correspond bien à l’augmentation des actifs des banques commerciales. Nous pensons que l’AQ lié à la pandémie a eu une incidence significative sur les bilans des banques commerciales, contrairement à l’AQ de 2008.

Pourquoi l’effet de l’assouplissement quantitatif lié à la pandémie a-t-il été différent?

L’assouplissement quantitatif lié à la pandémie a entraîné une augmentation des dépôts de la BdC (actifs liquides des banques commerciales) et une augmentation des dépôts dans le système bancaire commercial (passifs des banques commerciales). Selon nos estimations, si les dépôts canadiens dans les banques commerciales du Canada avaient continué à progresser au même rythme que par le passé, les dépôts seraient aujourd’hui de 2,5 billions de dollars, soit environ 115 milliards de dollars de moins qu’aujourd’hui.

Nous affirmons que l’AQ de 2020 était différent de celui de 2008 dans la mesure où les banques centrales ont acheté des actifs en dehors des banques commerciales.

Qu’avons-nous appris jusqu’à maintenant?

  • Dans le cadre de l’AQ, les banques centrales, au moyen de l’achat de titres auprès des banques commerciales, augmentent les réserves de ces dernières, ce qui crée davantage de liquidités.
  • Dans le cas de l’AQ lié à la pandémie, les banques centrales ont acheté des titres en dehors du secteur bancaire, ce qui a engendré des dépôts au sein du secteur bancaire. Au Canada et aux États-Unis, les banques détiennent désormais beaucoup plus d’actifs et de dépôts qu’avant la pandémie.

Que s’est-il passé ensuite?

Les banques abondaient en liquidités, mais la demande de prêts était faible dans un premier temps.

Comment le RQ a-t-il augmenté les ratios de liquidité?

Le ratio de couverture de liquidité (RCL) est un calcul quotidien du rapport entre les actifs liquides de haute qualité (HQLA) détenus par une banque et le total des flux de trésorerie nets sous tension au cours des 30 prochains jours civils. Les HQLA sont constitués de liquidités, de titres de créance hautement cotés émis ou garantis par des gouvernements, d’obligations sécurisées hautement cotées, de titres de créance de sociétés non financières et d’actions non financières qui font partie d’un important indice boursier.

Peu après le début de la pandémie, l’AQ a fortement stimulé les dépôts, dont le produit a été investi dans des HQLA (actifs liquides de haute qualité) et d’autres actifs liquides, ce qui a entraîné une hausse importante du ratio de couverture de liquidité (RCL). Notez que le RCL est une mesure consolidée. Autrement dit, les ratios de capital (dont il est question ci-dessus) et les ratios de liquidité comprennent les opérations américaines et autres opérations non canadiennes des banques canadiennes.
Line graph of loans where deposits grew much faster than loans at first following the start of the pandemic.

Le contexte des banques est favorable : des marges plus élevées réalisées sur des bilans gonflés

Les dépôts recueillis à l’extérieur du Canada ne peuvent pas être utilisés pour financer des prêts au Canada, car ils ne sont pas fongibles au-delà des frontières. Par conséquent, les dépôts excédentaires aux États-Unis (la condition américaine) ne peuvent pas financer les prêts excédentaires au Canada (la condition canadienne). Selon notre analyse consolidée, les dépôts excédentaires dans les opérations américaines des banques canadiennes sont beaucoup plus importants. Ce constat est pertinent pour la discussion, car les déposants américains ont généralement été plus rapides que les déposants canadiens à déplacer leur argent vers des investissements à rendement plus élevé (fonds du marché monétaire)..

Lorsque nous disons que le contexte des banques est favorable, nous sous-entendons que les marges augmentent, tandis que les bilans restent gonflés, ce qui favorise des revenus d’intérêts nets exceptionnellement élevés. Mais rien ne dure éternellement. Ce qui a gonflé les bilans des banques en premier lieu pourrait bien les réduire à l’avenir. À vrai dire, c’est déjà le cas aux États-Unis, où nous pouvons observer une baisse des soldes des dépôts et une augmentation des bêtas des dépôts.

Si les actifs productifs moyens se stabilisent au cours des prochaines années, la répartition du capital, à savoir les rachats, les opérations aux États-Unis et les acquisitions en général, jouera un rôle déterminant dans la façon dont les investisseurs perçoivent les banques individuelles.

Les clients abonnés peuvent accéder au rapport complet sur notre portail Market Alpha (en anglais seulment)


Photo de Mario Mendonca


Directeur général et analyste principal, Services financiers, Valeurs Mobilières TD

Photo de Mario Mendonca


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