En route vers 2050 : comprendre le lien entre les placements et les stratégies climatiques

17 novembre 2021 - 5 minutes
Vue aérienne d’une rivière qui coule dans une forêt.
Environ 124 pays ont établi des objectifs d’émissions nettes nulles d’ici 2050, ce qui représente 40 % des émissions mondiales et 51 % du PIB1 mondial. 13 de ces pays et l’Union européenne ont rendu cette cible juridiquement contraignante. À l’approche des dates cibles, la communauté mondiale évalue si nous sommes collectivement sur la bonne voie pour atteindre nos objectifs climatiques.

Nous avons abordé ces questions à notre première conférence sur les facteurs ESG, En route vers 2050 : s’y retrouver dans les facteurs ESG. Pour notre table ronde sur l’objectif net zéro, nous avons réuni Ezgi Barcenas, chef du développement durable chez AB InBev, Bob Holycross, vice-président du développement durable, de l’environnement et de l’ingénierie de sécurité chez Ford Motor Company, et Bill Murphy, chef national des changements climatiques et du développement durable chez KPMG, pour discuter du lien entre les objectifs climatiques et les mesures prises par les sociétés pour les atteindre.

En voici les principaux thèmes :

Intégration des risques climatiques

Les initiatives visant à comprendre et à intégrer les risques climatiques sont désormais au cœur des stratégies d’entreprise et de la prise de décisions stratégiques. « Ces dernières années, [les entreprises] prenaient les facteurs ESG en compte pour être de bonnes entreprises socialement responsables et les considéraient comme un simple atout. Dorénavant, ces facteurs font partie de la réflexion des conseils d’administration pour la prise de décisions et représentent un vrai risque financier important », explique notre modérateur, Glenn Gibson, vice-président principal et chef régional, VMTD, États-Unis.

Les investisseurs regardent de plus en plus la façon dont les sociétés intègrent les risques climatiques, y réagissent et, dans la mesure du possible, les transforment en occasions de production de valeur. Les sociétés qui repèrent et gèrent ces risques de façon proactive sont souvent privilégiées dans un marché axé sur l’atteinte des cibles climatiques mondiales. Mais il peut être difficile de renforcer les capacités internes à cet égard. Les panélistes ont souligné que la collaboration, non seulement au sein d’une entreprise, mais aussi dans l’ensemble de sa chaîne d’approvisionnement, est essentielle pour intégrer efficacement le développement durable et les changements climatiques dans la culture d’une entreprise. À mesure que les données sur le risque et le rendement environnemental sont intégrées aux décisions stratégiques d’affaires, le processus passe de la gestion des risques à la facilitation de la vision commerciale d’une entreprise.

« Les facteurs ESG vont bien au-delà du simple fait d’être une entreprise verte ou d’avoir un bon bilan environnemental, explique Bob Holycross. Vous avez peut-être une fonction de qualité distincte et une équipe qui se consacre [aux facteurs ESG], mais ils doivent être intégrés partout dans vos produits et dans vos processus pour que toutes les décisions et toutes les orientations stratégiques y soient conformes. »

Communication des répercussions aux investisseurs

Les marchés des capitaux d’emprunt durables ont pris de l’essor au cours des dernières années, affichant un taux de croissance annuel composé de 56 % par rapport à 2015 et une hausse de 40 % par rapport à l’exercice 2020 au troisième trimestre de 20212. Comme la gestion d’actifs axée sur les facteurs ESG devrait atteindre 50 000 milliards de dollars d’ici 20252, les changements climatiques resteront au premier plan; en effet, le nombre de fonds d’énergie propre est sept fois plus élevé au premier semestre de 2021 (par rapport à la même période l’an dernier). Par conséquent, les cibles climatiques du secteur privé se révèlent être une force formidable pour façonner les marchés financiers. Alors que les principaux acteurs financiers établissent des engagements de carboneutralité à l’échelle des portefeuilles, les sociétés auxquelles ces institutions prêtent, qu’elles assurent et dans lesquelles elles investissent ressentent des pressions croissantes pour établir leurs propres engagements climatiques et montrer une adhésion convaincante à leur égard.

L’un des principaux défis pour ces acteurs financiers est d’évaluer la crédibilité des stratégies climatiques d’entreprise et de rendre compte des progrès réalisés par rapport aux cibles. Nos panélistes ont convenu que des données plus transparentes, comparables et complètes sur les niveaux de référence des émissions et les réductions subséquentes sont grandement nécessaires pour évaluer efficacement le rendement climatique et éclairer les décisions de placement.

« Les entreprises doivent déployer beaucoup d’efforts, non seulement pour recueillir des renseignements sur les émissions de leur entreprise et de leurs fournisseurs, mais aussi pour les compiler conformément aux protocoles mondiaux appropriés, affirme Bill Murphy. La prochaine étape consiste à créer des capacités de prévision des émissions. Pour prendre des décisions de budget d’investissement éclairées et atteindre les réductions ciblées, il doit y avoir un moyen de mesurer les répercussions des changements prévus dans les activités – que ce soit au moyen d’initiatives d’efficacité, d’une utilisation accrue des énergies renouvelables ou de l’introduction de nouvelles technologies – et leur contribution à l’amélioration du profil d’émissions de l’entreprise. »

Pour combler ces lacunes en matière d’information, nos panélistes ont suggéré que les investisseurs et les émetteurs se dotent de la bonne expertise, en particulier dans des domaines comme la comptabilisation du carbone, les risques climatiques et les technologies propres, afin de mieux orienter les décisions de placement. En clarifiant les répercussions climatiques de certaines interventions technologiques ou techniques et en utilisant des mesures uniformes et reconnues mondialement pour communiquer ces répercussions, on permettra aux investisseurs (et autres intervenants) de mobiliser et d’orienter le capital plus efficacement.

Qu’est-ce que cela signifie pour l’investissement vert à l’avenir?

Dans l’ensemble, les investisseurs ont demandé une transparence et une uniformité accrues des données de base, des objectifs et des indicateurs de rendement pour démontrer les progrès globaux réalisés par rapport aux objectifs de réduction des émissions de carbone. La prochaine étape pour l’investissement vert consistera à intégrer encore plus de données sur l’utilisation des matériaux (eau, déchets), et la complexité croissante de l’analyse des données aidera les investisseurs à repérer clairement les chefs de file et les retardataires.

« Pour une entreprise comme Ford, compte tenu de sa portée mondiale et de son envergure, c’est une occasion à saisir, explique Bob Holycross. C’est quelque chose qui nous tient à cœur en ce qui a trait à notre héritage et à nos obligations. Quand nous pensons aux transitions que nous avons faites, la façon dont nous offrons des solutions à grande échelle est au cœur de notre stratégie.

Nous devons agir d’une manière très durable en ce qui concerne la production des véhicules, l’utilisation des matériaux et nos interactions avec la base d’approvisionnement. Il faut penser à l’ensemble du cycle de vie. »

L’appétit des investisseurs pour les placements verts est élevé, mais la demande de meilleures données de qualité investissement est claire. À l’avenir, les investisseurs verts avertis rechercheront des données plus nombreuses et de meilleure qualité sur les répercussions. Les entreprises peuvent renforcer leur attrait en utilisant des données climatiques fondées sur la science et en communiquant les progrès réalisés par rapport aux engagements de façon transparente.

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