En route vers 2050 : Qu’est-ce qu’une transition équitable?

7 décembre 2021 - 4 minutes
Un groupe de personnes plante un arbre.
Alors que nous continuons de voir si les dirigeants mondiaux respecteront leurs engagements d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050, l’un des défis auxquels ils font face vise à assurer l’équité de la transition elle-même. Dans le cadre de notre conférence sur les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), En route vers 2050 : s’y retrouver dans les facteurs ESG, un groupe de chefs de file du secteur s’est penché sur ce que signifie favoriser une transition équitable et le soutien qu’il sera nécessaire d’obtenir des secteurs public et privé pour y arriver.

Richard Kelly, chef, Stratégie mondiale, Valeurs Mobilières TD, a discuté avec Alban de Faÿ, chef des titres à revenu fixe et des placements ESG à Amundi, Isabelle Laurant, trésorière adjointe et chef du financement à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), et Francis Fong, directeur général, Recherche ESG, Services économiques TD, afin de déterminer comment définir ce qu’est une transition équitable, le rôle du gouvernement et des organismes de réglementation, et les mesures incitatives pour le soutien.

Premièrement, qu’est-ce qu’une transition équitable? La conclusion issue de notre discussion est qu’essentiellement, une transition équitable doit favoriser le partage juste et à grande échelle des avantages qu’apporte une économie verte. Cela implique de financer les interventions qui favorisent une transition verte, d’aider les pays, les régions et les personnes vulnérables à rester dans la course et d’épauler les secteurs qui dépendent des combustibles fossiles afin de leur permettre de se tourner vers d’autres options.

Voici les principales constatations de notre discussion :

Que fait le gouvernement canadien pour adapter ses politiques afin de favoriser une transition équitable au sein du secteur de l’énergie?

  • Encore à ses balbutiements, cette transition est une nouvelle venue dans le paysage politique canadien.
  • Comme sa trajectoire exacte n’est pas encore tracée, et que le niveau d’investissement nécessaire pour la réaliser demeure encore largement inconnu, il est assez difficile de commencer à ébaucher, ou même de mettre en œuvre, les politiques qui sauront l’appuyer. C’est pourquoi au Canada comme ailleurs, les gouvernements hésiteront à se mouiller tant qu’un plan concret et bien structuré ne sera pas sur la table.
  • Qui plus est, la dépendance régionalisée aux combustibles fossiles brouille les cartes encore davantage pour le Canada. Malheureusement, il n’y a pas de panacée qui saura aider ces collectivités à faire cette transition, qu’elles soient rurales, autochtones ou autres.
  • À l’heure actuelle, la politique climatique du Canada comprend une combinaison de règlements sur la tarification du carbone et de co-investissements visant à stimuler et à accroître la portée des technologies, des infrastructures et des chaînes d’approvisionnement qui ne se développeraient pas autrement. Parmi les solutions à envisager figurent l’intensification de la fabrication de véhicules électriques, les constructions métalliques écologiques et les discussions préliminaires sur l’élaboration d’une chaîne d’approvisionnement en hydrogène.

Appel à l’action 1 : En savoir plus sur la série En route vers 2050 : s’y retrouver dans les facteurs ESG. Lire l’article Comprendre le lien entre les placements et les stratégies climatiques

Quelles mesures incitatives les entreprises, les gouvernements et les marchés offrent-ils pour accroître les investissements en vue d’une transition équitable, et comment doivent-ils rendre des comptes?

  • Une tendance vers une approche plus large et contextualisée se dessine actuellement, principalement au sein des secteurs où la dépendance aux combustibles fossiles est très forte, qui consiste à analyser comment les projets s’inscrivent dans une stratégie globale et intégrée afin d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
  • L’Union européenne (UE) a fortement soutenu les mesures visant à encourager les entreprises en ce sens. De plus, comme les entreprises doivent désormais respecter des exigences réglementaires en matière de production de rapports sur les investissements qu’elles font afin de favoriser une transition équitable, cela encourage les investisseurs à financer des projets qui sauront faire évoluer ces objectifs et y contribuer.
  • Les banques multilatérales de développement se sont réunies pour élaborer des principes communs afin de soutenir une transition équitable. Elles reconnaissent la nécessité d’énoncer les objectifs d’une transition équitable de façon uniforme, crédible et transparente, et d’y contribuer, tout en convenant que chaque entreprise a une stratégie climatique, un mandat, une orientation et un degré de souplesse qui lui sont propres.

Comment les banques centrales évolueront-elles sur le plan de la réglementation pour soutenir une transition équitable?

  • Un changement de régime s’impose dans la façon dont les institutions financières traditionnelles abordent la gestion des risques et apprennent à intégrer ceux liés à la transition dans leurs cadres et méthodes.
  • Elles devront adopter des mesures de protection qui tiendront compte des enjeux climatiques et favoriseront une transition ordonnée vers une économie à faibles émissions de carbone. D’un commun accord, elles conviennent qu’une transition désordonnée présenterait un risque important pour leurs mandats principaux.
  • Il ne fait aucun doute qu’elles devront effectuer des simulations de crise plus poussées. Une telle situation a de quoi inciter les institutions financières à mieux tenir compte des risques physiques et transitoires dans leurs portefeuilles de prêts.

À quoi ressemble une approche mondiale à l’égard d’une transition équitable?

  • Bien que les gouvernements européens fassent preuve d’un leadership indéniable en mettant en place des outils stratégiques novateurs pour s’attaquer aux changements climatiques et aux problèmes sociaux, le paysage politique en Amérique du Nord demeure à la traîne.
  • La communauté mondiale des investisseurs semble plus disposée à trouver un terrain d’entente à ce sujet. On y voit un élan très puissant des investisseurs à intégrer les facteurs ESG et à en tenir compte dans leurs décisions de placement, ce qui favorise le type d’innovation et de changement que les entreprises doivent mettre en œuvre pour respecter la cible de 2 degrés de l’Accord de Paris.

Quelles sont les prochaines étapes?

Bien que l’importance d’une transition équitable soit de plus en plus évidente pour le secteur privé, une sensibilisation, un soutien et des mesures incitatives supplémentaires sont toujours nécessaires pour vraiment faciliter une transition à l’échelle mondiale. Nul doute qu’une attention accrue et des pressions supplémentaires de la part du secteur public sauraient encourager l’ensemble des secteurs à mettre l’épaule à la roue, eux aussi. Bien qu’il demeure nécessaire d’effectuer une évaluation et une analyse plus approfondies de la situation avant de pouvoir même considérer la mise en place d’une stratégie de soutien réglementaire plus globale à l’égard d’une transition équitable, les gouvernements semblent conscients de la nécessité de la soutenir et comprennent les répercussions qu’une transition désordonnée aurait sur l’ensemble de leurs objectifs de carboneutralité.

Appel à l’action 2 : En savoir plus sur nos stratégies environnementales, sociales et de gouvernance de la part du groupe Finance durable et Transitions d’entreprises

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