Invité : John Crowley, président et chef de la direction, Biotechnology Innovation Organization (BIO)
Animation : Yaron Werber, analyste de recherche en biotechnologie, TD Cowen et Ritu Baral, directrice générale et analyste de recherche, Soins de santé et Biotechnologie, TD Cowen
Un analyste de TD Cowen, Yaron Werber, discute avec John Crowley de son parcours inspirant pour devenir chef de la direction en biotechnologie, prendre la tête de BIO, des conséquences des droits de douane potentiels sur les produits biopharmaceutiques et de ses conversations avec la Maison-Blanche pour s’entendre, ainsi que du maintien de l’optimisme malgré les difficultés de ce segment. Il explique pourquoi il ne pense pas que les droits de douane proposés dureront, pourquoi la loi sur la biosécurité n’a pas été adoptée par le Congrès et pourquoi il a bon espoir que les changements en cours à la FDA offrent une occasion d’accélérer l’approbation des médicaments. Il souligne également l’importance de faire preuve d’un « optimisme fondamental » et d’une « résilience exceptionnelle » face aux défis en constante évolution de la biotechnologie.
Chapitres : | |
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0:00 | Introduction |
0:32 | Le parcours personnel de John vers la biotechnologie |
4:00 | La leçon la plus importante pour les chefs de la direction de sociétés de biotechnologie |
7:08 | Qu’est-ce qui vous a poussé à occuper le poste de président et de chef de la direction à BIO? |
9:25 | Faire face aux défis pharmaceutiques |
16:57 | Aller au fond des choses concernant les tarifs pharmaceutiques |
21:20 | Chronologie des tarifs douaniers – une analogie de BIOSECURE |
24:31 | Récompense et conséquence pour le rapatriement de la biofabrication |
28:10 | Qu’est-il advenu de BIOSECURE? |
31:31 | Comment la FDA peut-elle se redresser? |
35:14 | Une petite touche personnelle et humoristique : truc de John |
Ce balado a été enregistré le 23 avril 2025.
Locuteur 1 :
Bienvenue à Insights de TD Cowen. Ce balado réunit des penseurs de premier plan qui offrent leur éclairage et leurs réflexions sur ce qui façonne notre monde. Soyez des nôtres pour cette conversation avec les esprits les plus influents de nos secteurs mondiaux.
Yaron Werber :
Merci de vous joindre à un autre épisode captivant de notre série de balados Comprendre la biotechnologie. Mon nom est Yaron Werber, analyste en biotechnologie à TD Cowen. Dans cet épisode intitulé « Le point sur la biotechnologie », j’ai le plaisir de discuter avec John Crowley de son ascension au poste de chef de la direction en biotechnologie, de son travail pour les patients atteints de maladies rares, de ce qui l’a incité à devenir président et chef de la direction de BIO, la Biotechnology Innovation Organization, et de ce qui attend l’industrie, compte tenu des difficultés politiques. John Crowley est président et chef de la direction de Biotechnology Innovation Organization. Plus récemment, il a été président-directeur général et chef de la direction d’Amicus Therapeutics, dont il est le fondateur. Auparavant, il a été fondateur et chef de la direction de Novazyme Therapeutics, société acquise par Genzyme. John compte des décennies d’expérience en biotechnologie. Sa passion pour les patients et l’entrepreneuriat en font un représentant tout désigné à la tête de BIO. Il a reçu de nombreux prix prestigieux et, avec sa famille, il a fait l’objet d’un livre et d’un film sur le développement de médicaments pour la maladie de Pompe au profit de ses enfants qui en sont affligés. Il a également été officier commissionné dans la réserve navale américaine et a servi en Afghanistan.
John, c’est un plaisir de vous voir. Merci beaucoup de votre présence, compte tenu des défis et des occasions qui surgissent en biotechnologie. Je suis dans le domaine depuis près de 25 ans, et vous, depuis encore plus longtemps. On dirait bien que le secteur de la biotechnologie est au plus mal, qu’il touche le fond. Vous tombez pile. Le parcours qui vous a mené au poste de chef de la direction en biotechnologie est à la fois personnel et unique. Pouvez-vous nous en dire plus?
John Crowley :
Merci encore de me recevoir, Yaron. Vous avez raison, les menaces et les occasions abondent en cette période unique. Ça me fait plaisir de parler de notre travail et d’offrir une certaine perspective. J’aimerais revenir sur votre introduction. Vous travaillez en biotechnologie depuis environ 25 ans et moi depuis autant. Mais je gravite autour des sciences de la vie depuis 27 ans. Ça nous ramène loin dans le temps. Ça n’a jamais été mon intention. Je n’étais pas particulièrement doué en sciences à l’école.
En mars 1998, nos deux plus jeunes enfants ont reçu le diagnostic d’une forme rare de dystrophie musculaire, la maladie de Pompe, maintenant mieux connue. À l’époque, presque personne n’en avait entendu parler. Ma femme Eileen et moi sommes des porteurs muets récessifs de la maladie. Il n’y a pas d’antécédents dans notre famille. Vers l’âge d’un an, Megan était encore incapable de se lever dans son lit, de faire ses premiers pas. Pour en avoir le cœur net, on a consulté des pédiatres, un neurologue, passé des tests sanguins, des examens de tomodensitométrie et une biopsie musculaire profonde. D’après la biopsie, du glycogène, une forme de sucre collant, s’agglutinait dans le lysosome et détruisait les cellules musculaires. Durant le rendez-vous, j’ai demandé au médecin, au neurologue, si c’était grave. Il m’a répondu que ce l’était.
À ce moment, notre plus grande crainte était d’apprendre du médecin que les muscles de Megan fonctionnaient mal et qu’elle ne marcherait jamais. Il a plutôt dit qu’elle ne vivrait que quelques années et que la maladie évoluerait très rapidement. Patrick, notre fils âgé de sept jours – Megan n’avait que 15 mois – courait un risque de 25 % d’être atteint. Il a été testé. C’est comme ça qu’on est entrés dans l’univers de la science, de la médecine et de la recherche.
Je me souviens même de la première fin de semaine où j’ai sorti de la bibliothèque tous les livres que j’ai pu trouver sur le sujet. Google n’existait même pas. Je crois que j’utilisais Netscape Navigator. Avant le début de la semaine, j’avais pris connaissance d’un article de l’Université Duke publié par le Dr Y.T. Chen, qui travaillait à mettre au point un traitement enzymatique expérimental. L’administration du traitement à un modèle animal sujet à la maladie a montré que des cailles japonaises, croyez-le ou non, pouvaient regagner leur force musculaire. De fait, elles ont recommencé à voler. Il y avait une vidéo en ligne; je l’ai regardée. J’étais très emballé. Il était environ deux heures du matin quand j’ai lu cet article. C’est le premier d’une très longue série de recherches et d’articles scientifiques que j’ai lus depuis.
J’ai réveillé ma femme en tentant de lui expliquer ce que je ne comprenais pas moi-même en grande partie. Elle a fini par me dire de ralentir et m’a demandé à quoi ça rimait. Je lui ai répondu « Eileen, ça veut dire qu’il y a de l’espoir ». C’est comme ça qu’on est entrés dans l’univers de la recherche et du développement. Il fallait trouver des médecins, des scientifiques et des organismes à but non lucratif. Je ne m’en rendais pas compte à l’époque, mais on en était aux tout premiers jours du cercle vertueux de l’innovation. J’ai mis du temps à le comprendre. Ç’a été notre introduction à la biotechnologie. J’étais en quelque sorte un entrepreneur involontaire en biotechnologie.
Yaron Werber :
Et ça vous a mené à fonder Novazyme, qui a finalement été acquise par Genzyme...
John Crowley :
C’est exact.
Yaron Werber :
...et à mettre au point un traitement par enzyme de substitution dans la maladie de Pompe. Depuis, vous avez lancé Amicus, toujours dans le domaine des maladies orphelines. Dans votre expérience, quel est l’apprentissage le plus important que vous aimeriez d’abord transmettre aux chefs de la direction en biotechnologie?
John Crowley :
Au fil des années, j’ai observé chez les entrepreneurs certaines caractéristiques essentielles qui sont particulièrement pertinentes en biotechnologie. D’abord, ça prend une vision. C’est le côté stimulant de bâtir une entreprise; la vision n’est pas la mission ou la stratégie. Elle permet de se projeter dans 5, 10 ou 20 ans et d’imaginer ce à quoi va ressembler l’entreprise. En fin de compte, notre travail n’est pas de développer une technologie ni même un médicament. Le plus souvent, l’objectif est de monter une entreprise, une organisation durable. Il s’agit de bâtir et de promouvoir une culture. Il est donc très important d’avoir cette vision. De rêver grand et d’être audacieux. Mais, le plus difficile reste à faire. Il faut ensuite déterminer tout ce qui empêche de réaliser cette vision. Et les obstacles sont nombreux dans l’industrie, comme on le sait. Mais il faut d’abord avoir cette vision.
Le deuxième élément, et il m’a fallu beaucoup de temps pour le réaliser, c’est que notre travail, surtout pour les entreprises en biotechnologie, consiste à résoudre des problèmes. Plus on gagne en responsabilité dans ces organisations, plus les problèmes se corsent, jusqu’à ce qu’on atteigne la haute direction ou qu’on devienne chef de la direction. Chaque jour, on vous soumet des problèmes qui sont résolus pour la plupart par des gens brillants avant même qu’on le sache. Souvent, on ne les voit même jamais.
Toute la journée, les esprits les plus vifs passent à votre bureau pour dire d’une façon ou d’une autre qu’il y a un problème et qu’ils ont besoin d’aide. Il m’a fallu des années pour le comprendre. Je rentrais à la maison le soir en disant à ma femme, Eileen, que « j’aimerais ça avoir une bonne journée au travail ». J’aurais aimé qu’on frappe à la porte de mon bureau pour me dire « toutes les expériences ont fonctionné et la fabrication a démarré sans problème. La valeur de probabilité dans telle étude est de 0,001 ». Mais ça n’arrive pas souvent. J’ai compris que mon travail était de résoudre des problèmes toute la journée, à longueur de semaine.
Si vous pensez que le travail d’un cadre d’entreprise ou du chef de la direction consiste à compter la valeur de ses options sur actions, bien installé dans un élégant bureau, et à demander toute la journée des rapports et de bonnes nouvelles, détrompez-vous. Il faut donc avoir une vision et être conscient que le poste exige de résoudre des problèmes très difficiles. Pour cette raison, il faut être de nature optimiste. Il faut se montrer incroyablement persistant, résilient et avoir le cœur bien accroché, pour travailler dans ce secteur.
Yaron Werber :
J’enchaîne une autre sujet. L’an dernier, vous avez accepté le rôle très important de président et chef de la direction de BIO, la Biotech Innovation Organization, et vous êtes probablement entré dans l’une des plus grandes périodes de changement ou de dynamisme du secteur, compte tenu de tous les facteurs en jeu en ce moment. Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter ce poste important?
John Crowley :
Quand j’ai commencé en biotechnologie, je pensais chaque jour à la science, à la recherche clinique, à la fabrication, à la biologie, et non pas aux politiques. Bon, peut-être parfois à la FDA et au processus de réglementation. Aujourd’hui, les sciences et la technologie ne représentent pas les plus grands obstacles. On a fait beaucoup de progrès. Quand j’ai commencé à travailler sur la maladie de Pompe, j’ai dû parcourir le monde pendant un an pour trouver trois chercheurs qui connaissaient cette affection. Aujourd’hui, rien que pour cette maladie, je peux en nommer 30 qui travaillent là-dessus et une demi-douzaine d’entreprises. Rien que pour la maladie de Pompe. Toutefois, les problèmes actuels, nos plus grands défis, sont tous artificiels. Ça ratisse large. À certains égards, le dysfonctionnement des marchés financiers est symptomatique du problème sous-jacent : ça prend trop de temps et d’argent pour développer des médicaments. Il faut évoluer rapidement vers un autre modèle.
La Chine est déjà engagée dans cette voie. Elle entend devenir le centre d’excellence du monde et être dominante en biotechnologie. On doit demeurer le chef de file mondial. Tout ça a beaucoup influencé ma réflexion. J’avais siégé au conseil d’administration de BIO et j’en suis devenu le vice-président. Et quand il a fallu chercher un chef de la direction, on s’est rendu compte qu’on voulait quelqu’un qui savait comment démarrer et développer une société de biotechnologie. Les défis à relever exigent ce type d’expérience. La personne devait aussi connaître raisonnablement le cadre politique à Washington D.C. Je jugeais que l’enjeu était assez important, et le conseil d’administration m’a fait l’honneur de solliciter mes services. Je suis en poste depuis un peu plus d’un an, et j’en suis vraiment très heureux; je pense que le secteur se trouve à un point d’inflexion.
Yaron Werber :
Compte tenu des obstacles actuels dans le secteur : droits de douane potentiels, prix des médicaments, rapatriement des activités, importations, mesures de sécurité nationale et concurrence chinoise, comme vous l’avez noté, comment la situation aura-t-elle évolué dans un an et qu’est-ce qui aura été réglé?
John Crowley :
Une partie de mon travail à BIO au début visait deux thèmes : nous centrer et exercer un impact. BIO a trimé dur au fil des ans et a réalisé que le climat était en train de changer; c’était bien avant l’élection de novembre. Il fallait ramener notre réflexion aux quelques éléments qui nous tiennent le plus à cœur. On les a ensuite classés en catégories qui correspondent aux menaces et aux occasions. Souvent, les occasions offrent de meilleures réponses à certaines menaces.
Je vous donne des exemples de ce qui retient notre attention aujourd’hui. Les tarifs douaniers, de toute évidence. C’est un enjeu auquel on consacre beaucoup de temps. Notre approche repose sur un engagement constructif, la recherche d’un consensus, l’établissement et le maintien de relations avec l’administration. Le Congrès va conserver un rôle majeur. Mais, depuis les premiers mois de l’administration Trump, les politiques émanent souvent de la Maison-Blanche et entraînent beaucoup d’incertitude, de défis et de menaces, mais aussi certaines occasions.
En ce qui concerne les tarifs douaniers proposés, le rôle unique qu’on peut jouer c’est d’en montrer les effets sur tout l’écosystème de l’innovation, de la recherche biomédicale et finalement sur l’accès pour les patients. On peut se donner un visage humain en disant qui l’on est et ce que l’on fait. Pour toutes ces menaces et ces occasions, on part d’une prémisse fondamentale : les décideurs politiques et les législateurs doivent se soucier de la biotechnologie pour la santé publique, c’est un moteur important de la croissance économique, et pour notre sécurité nationale. Et la sécurité nationale est à la fois un moyen de promouvoir et de protéger la santé de la population et de la main-d’œuvre, mais aussi un instrument de pouvoir national qui montre ce que les sociétés libres et démocratiques peuvent faire pour élaborer les médicaments et technologies les plus avancés au monde. C’est notre approche.
Dans le cas des tarifs douaniers, on peut donner aux enquêteurs mandatés en vertu de l’article 232 des exemples concrets des conséquences sur tout l’écosystème, allant de nos plus grandes sociétés jusqu’aux entreprises en démarrage en passant par les sociétés commerciales en développement, et leur montrer les conséquences involontaires en aval sur la recherche et le développement, l’écosystème biotechnologique en général et les patients. On a des exemples très précis de programmes qui disparaîtront si les tarifs sont mis en œuvre comme prévu. On peut alors se retourner et dire qu’on ne croit pas que ce soit l’outil approprié. Il y a de très bonnes raisons politiques pour lesquelles les produits pharmaceutiques et biotechnologiques n’ont jamais été frappés de tarifs douaniers.
On le souligne, puis on confirme que, si l’objectif des tarifs douaniers est de rapatrier de force la fabrication aux États-Unis, on s’entend tous là-dessus. C’était l’une de nos grandes priorités, il y a un an, à mon entrée en poste. Dans les dernières décennies, on a complètement perdu le contrôle de la chaîne d’approvisionnement en biofabrication. On l’a vu pendant la COVID-19. On le voit encore aujourd’hui. Ça nous expose à un grand risque. Honnêtement, je me disais qu’il faudrait marteler cet argument pendant cinq ans. Les gens comprennent maintenant l’importance de la biotechnologie. De ce point de vue, on est tout à fait d’accord avec l’administration pour dire qu’il faut gagner la bataille et faire progresser la biotechnologie. C’est aussi important que ça.
Par exemple, l’administration dit se soucier des semi-conducteurs, mais nous n’en aurons pas besoin si on ne dispose pas des médicaments les plus avancés du monde lors de la prochaine pandémie ou d’une catastrophe encore pire. C’est comme ça qu’on aborde la question des tarifs douaniers. C’est la même chose pour l’indice de prix des médicaments.
Le président craint qu’on subventionne la R-D et les consommateurs de médicaments partout dans le monde. Je le comprends. Comment rectifier le tir? Par exemple, pour résoudre le problème, on peut exiger en toute transparence que les gestionnaires de régimes d’assurance médicaments dissocient leurs structures incitatives du prix des médicaments. Si on s’attaque à ça, le système va devenir beaucoup plus efficace sur le plan économique. Ça pourrait peut-être réduire le prix courant des médicaments aux États-Unis et corriger la situation. Quelles sont les mesures incitatives dont on dispose? Il faut trouver d’autres façons de combler l’écart. En ce qui concerne l’indice de prix des médicaments, on peut invoquer divers arguments. La discussion se déroule en majeure partie à huis clos, ici, à Washington. Certains leaders parlent de patience stratégique. Il faut attendre le bon moment, la bonne occasion et les bonnes relations pour réunir les données, raconter les histoires, donner des exemples. C’est ce qu’on fait la plupart du temps. Et quand c’est approprié, on le fait publiquement.
Voilà certains des dossiers qu’on porte. Pour finir, j’aimerais revenir un peu sur la FDA et la réglementation. Depuis le premier jour de l’administration, et même avant, on plaide pour une FDA forte. Notre industrie doit être réglementée. L’innocuité et l’efficacité de nos médicaments doivent être approuvées. Toutefois, notre modèle actuel, la science de la réglementation et nos outils sont périmés. Là encore, ça prend trop de temps et ça coûte trop cher. Il s’agit donc de mettre en œuvre une vision qui élimine les redondances et réduit la bureaucratie, et tient compte non seulement de l’innocuité et de l’efficacité des médicaments, mais aussi de l’urgence du moment dans l’évaluation réglementaire des avantages et des risques. On l’a fait certainement pendant l’opération Warp Speed. Il faudrait que cet état d’esprit et cet outil servent le développement des médicaments.
De ce point de vue, je suis très encouragé. Encore ces derniers jours, on a vu des signes très positifs de la part du commissaire, selon qui la FDA comprend la situation et veut accélérer le processus d’examen et d’approbation, tout en maintenant l’excellence. Je crois que vous avez raison. On peut se plaindre des jours sombres que traverse la biotechnologie, mais j’ai bon espoir qu’on a touché le fond et que les solutions et les réponses aux questions politiques sont plus nombreuses que jamais. Aussi, on s’entend dans une certaine mesure sur l’importance de notre industrie.
Yaron Werber :
À mon point de vue, d’après nos conversations avec les investisseurs, les conseils d’administration et certainement les exploitants, la confiance ne peut que remonter. Dans une certaine mesure, les évaluations ont également touché le fond. La situation ne peut que s’améliorer. Ce n’est pas la première fois que le changement amène une période de turbulence. J’aimerais qu’on pousse plus loin la réflexion. Comme vous l’avez dit, le changement entraîne inévitablement des occasions. En fait, je choisis d’être optimiste. Il va y avoir certains changements; il faut espérer que plusieurs seront positifs. La première question qu’on entend souvent porte sur les tarifs douaniers. Je sais que beaucoup d’auditeurs sont curieux de connaître ce que vous en pensez. Cette priorité est au cœur de l’administration en général, non?
John Crowley :
Oui.
Yaron Werber :
La biotechnologie est en plein essor, c’est l’un des secteurs les plus importants et il aura sa propre stratégie. Il y a beaucoup de confusion quant à savoir si les tarifs douaniers vont s’appliquer aux substances ou aux produits pharmaceutiques. Avez-vous votre idée là-dessus?
John Crowley :
Ce n’est pas clair. Il faut d’abord se demander pourquoi la Maison-Blanche propose des tarifs douaniers sur les produits pharmaceutiques. Le jour de la libération, au début d’avril, on a été exemptés de la première vague tarifaire. On savait que notre tour viendrait. L’enquête en vertu de l’article 232 est très importante. Cet outil législatif permet aux décideurs d’évaluer les conséquences du commerce sous l’angle de la sécurité nationale. C’est extrêmement utile pour nous. En fait, quelques jours avant le début de l’enquête officielle autorisée en vertu de l’article 232, la National Security Commission on Biotechnology a publié son rapport. Les médias en ont abondamment parlé ici à Washington D.C.
Je rappelle que ces rapports sont pris très au sérieux. Le Congrès a créé cette commission en 2022. Il a fait la même chose pour l’IA, la cybersécurité et les semi-conducteurs, et maintenant pour la biotechnologie. Ça balise tout l’écosystème en fonction de l’importance pour la sécurité nationale de compter sur une industrie de la biotechnologie forte et dynamique. Cet effort bipartisan du Congrès a débouché sur 49 recommandations précises. Les tarifs douaniers en tant que tels n’en font pas partie, mais, implicitement, on sent bien que tout ce qui fait obstacle à l’innovation dans une industrie dynamique de la biotechnologie doit être analysé sous cet angle.
Comme je l’ai dit, on a rencontré les enquêteurs mandatés en vertu de l’article 232. On leur a exprimé notre point de vue. On va aussi leur fournir un document très détaillé. En ce qui concerne les tarifs, l’objectif ultime, je suis certain... J’ai quitté la Maison-Blanche il y a environ une heure, l’information est toute récente. Je suis certain que l’objectif du président, de la Maison-Blanche, est d’utiliser les tarifs pour forcer autant que possible le rapatriement de la biofabrication aux États-Unis. On est tous d’accord. On pense que c’est nécessaire. On ne peut ou ne veut pas tout faire aux États-Unis, mais il faut qu’on récupère en grande partie la fabrication. C’est excellent pour la création d’emplois, l’économie, et tous les gouverneurs sont en faveur de la biofabrication. Nos plus grandes sociétés ont fait des annonces. Quand je calcule ce que ça représente, l’engagement s’élève à des centaines de milliards de dollars en fabrication. C’est très important pour toutes sortes de raisons. La Maison-Blanche est très satisfaite de ces sommes, et je pense qu’il y a encore plus à venir.
C’est en train d’arriver. Si on impose des tarifs douaniers, en particulier aux entreprises émergentes, ça va carrément les décourager en aspirant les capitaux dont elles auraient besoin pour rapatrier une partie de leur fabrication aux États-Unis. Ça va à l’encontre de l’objectif de la politique. Les tarifs peuvent servir d’outil de négociation avec d’autres pays, générer des revenus ou viser d’autres objectifs connexes. Je pense que c’est leur but principal dans le cas des produits pharmaceutiques. Comme on s’entend sur l’idée de relocaliser la fabrication aux États-Unis et que bien des efforts portent déjà leurs fruits, j’espère qu’on sera en bonne posture. Il nous faut encore travailler un mois ou deux avec un certain nombre de décideurs, de législateurs, mais ils sont vraiment engagés dans les discussions. Ils sont à l’écoute. Ils apportent une pluralité de points de vue aux réunions auxquelles ils participent à la Maison-Blanche. Mais, il reste encore du travail à faire, des obstacles à franchir, et je suis modérément optimisme; on devrait trouver une solution.
Yaron Werber :
C’est vraiment rassurant et très encourageant. Comme vous l’avez dit, le rapatriement est une solution gagnante pour à peu près tout le monde.
John Crowley :
Oui, tout à fait.
Yaron Werber :
Et ça va être...
John Crowley :
On s’entend tous sur l’objectif.
Yaron Werber :
Même pendant la première administration Trump, la réduction du taux d’imposition des sociétés avait ralenti énormément la délocalisation.
John Crowley :
C’est exact.
Yaron Werber :
Depuis, de nombreux produits sont fabriqués ici. Bien des usines se sont installées aux États-Unis. Je vais faire une généralisation en disant que le problème se pose peut-être davantage pour les produits déjà commercialisés qui sont fabriqués en Irlande, en Suisse, etc. C’est très important pour les médicaments à petites molécules, c.-à-d. tout le secteur des produits génériques. On ne peut pas leur imposer des tarifs dans une semaine ou 90 jours.
John Crowley :
Non.
Yaron Werber :
La relocalisation va prendre des années. Dans le cadre du projet de loi sur la biosécurité, vous avez négocié très habilement une période de mise en œuvre sur huit ans. À votre avis, où est-ce que ça va nous mener?
John Crowley :
C’est une excellente analogie avec ce qu’on a fait il y a un an, lorsque la biosécurité était menacée. On s’est entendus sur l’idée qui sous-tendait le projet de loi et sur l’impossibilité d’opérer une dissociation, un découplage d’avec les fabricants chinois dans un an ou deux. Ça irait à contresens de l’objectif défini. On a sondé nos membres. On a fourni des données quantitatives au Congrès au moment de la rédaction du projet de loi, en plus de mener une douzaine d’études de cas approfondies qui n’ont jamais été publiées, mais qu’on a présentées au Capitole pour faire comprendre les effets réels de cette politique. On a vu une réelle réaction. C’est ce qui a motivé la mise en œuvre sur une période d’environ huit ans. Le projet de loi sur la biosécurité n’a pas été adopté, mais le concept a été retenu.
L’analogie avec les tarifs douaniers est tout à fait juste. On rencontre les décideurs à la Maison-Blanche. Je fais appel aux chefs de la direction. Je donne des exemples concrets pour montrer ce qu’on veut faire. On a besoin d’incitatifs, entre autres pour que les sociétés émergentes, qui n’ont pas à rapatrier des dizaines de milliards de profits. On peut mettre en place d’autres systèmes et incitatifs pour encourager les centres manufacturiers et l’excellence ici aux États-Unis, mais il faut du temps. Même si on commençait aujourd’hui, il faudrait sept ans pour reconstruire ici une usine qui se trouve à l’étranger, en plus de former la main-d’œuvre, d’installer l’équipement et de valider les processus.
On travaille avec la Maison-Blanche pour déterminer les obstacles. Comment accélérer l’échéancier? Y a-t-il des politiques ou des règlements, qui peuvent être promulgués au niveau des États, par exemple, en travaillant avec l’EPA, pour accélérer l’octroi des permis de construction? En ce qui concerne la formation de la main-d’œuvre, qu’est-ce qu’on peut faire pour accélérer les choses? La Maison-Blanche nous encourage à présenter nos idées et s’empresse de prendre des notes. On fournit les exposés de principe. J’espère que ça va faire partie de leur réflexion pour réduire la paperasse, la bureaucratie; ça favoriserait la biofabrication. Pour revenir à votre point précédent, vous avez raison, ça ratisse large. On pense à la construction de bioréacteurs à perfusion, aux thérapies cellulaires et géniques plus avancées. Ça en fait partie. Mais toute la chaîne d’approvisionnement est extrêmement complexe, des ingrédients actifs aux filtres installés dans nos bioréacteurs, nos centrifugeuses et nos systèmes.
Yaron Werber :
Je pense que ça va de pair. Il faut d’abord rapatrier les ingrédients actifs, sachant que 90 % des ordonnances visent des médicaments génériques.
John Crowley :
Tout à fait.
Yaron Werber :
Si des tarifs douaniers de 25 % frappent les ingrédients actifs, c’est une chose, mais les marges sont très faibles; vous le savez mieux que moi.
John Crowley :
Exact.
Yaron Werber :
Si un tarif de 25 % vient majorer le coût du médicament, ça ne sera vraiment pas facile de maintenir l’offre ici. La relocalisation va jouer un rôle crucial. Et ça soulève une autre question. Jusqu’à présent, on a parlé du bâton, mais pas de la carotte. L’Irlande, Singapour, la Suisse et, dans une certaine mesure, le Royaume-Uni ont toujours su manier avec brio la carotte en offrant des incitatifs pour la propriété intellectuelle, en développant des médicaments à risque dans ces filiales, puis en lançant la fabrication à l’échelle locale ou mondiale. Mais on en revient à la propriété intellectuelle locale. Selon vous, que fera l’administration? Y aura-t-il des incitatifs pour prendre des risques et fabriquer ici?
John Crowley :
Oui, et ils sont tout à fait ouverts à l’idée. On voit les choses un peu de la même façon que pour les semi-conducteurs en ce qui concerne l’urgence et l’importance stratégique. Mais pas question d’adopter une loi CHIPS pour la biotechnologie. On n’a pas besoin de cette béquille. Les capitaux privés vont affluer. La bonne nouvelle, c’est que nous avons d’excellentes technologies, une solide filière de développement, et la demande est énorme pour nos traitements, nos vaccins, etc. Il suffit de développer cet écosystème et d’offrir les bons incitatifs pour que des capitaux privés viennent soutenir ces projets.
Encore là, on peut travailler avec la FDA et l’EPA pour éliminer les barrières, réduire les délais, peut-être même le coût de ces installations. On peut collaborer avec les gouverneurs qui veulent ces programmes pour offrir des subventions d’État et soutenir le perfectionnement de la main-d’œuvre... On a d’excellents plans pour y arriver dans des États comme la Caroline du Nord et le Massachusetts. Mais quand on regarde l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, on a tendance à penser à la fabrication de produits biologiques de pointe. Prenons l’exemple des plasmides. Aldevron en produit dans le Dakota du Nord. On peut former autant une main-d’œuvre peu expérimentée dans la fabrication de produits biotechnologiques que des étudiants en STIM au secondaire ou inscrits à un programme postsecondaire dans un collège communautaire. Ce sont d’excellents emplois et d’excellentes entreprises qui jouent un rôle important dans la chaîne d’approvisionnement.
Donc oui, je pense qu’on va voir différents incitatifs. Certains pourraient figurer dans l’important projet de loi fiscal qu’il va falloir adopter cette année. Mais il y aura d’autres incitatifs plus originaux. Par exemple, pourrait-on prolonger la période d’exclusivité pour les médicaments fabriqués aux États-Unis? Sur le marché, y a-t-il des incitatifs qui pourraient attirer le capital privé? Nos plus grandes sociétés, à tout le moins, sont engagées dans une certaine voie. Dans les prochaines années, la grande majorité des médicaments destinés aux Américains vont être fabriqués aux États-Unis, y compris tous les principaux composants. Comme vous l’avez dit, les choses vont se faire progressivement. Ça s’est déjà vu quand le secteur manufacturier a quitté l’Europe. Il est resté longtemps à Porto Rico, puis, à la fin des années 1990, les lois fiscales ont changé. Tout le monde est parti ailleurs. Je pense qu’il faut en rapatrier des pans importants. On va trouver des solutions et des politiques qui correspondent aux objectifs de l’administration.
Yaron Werber :
Beaucoup s’attendaient à ce que le projet de loi sur la biosécurité soit adopté par le Congrès l’an dernier. Mais, surprenamment, ça n’est pas arrivé, compte tenu du soutien des deux partis et de la concurrence croissante que la Chine pourrait exercer sur notre industrie. Qu’est-il advenu du projet de loi? Pourquoi n’a-t-il pas été adopté et y a-t-il une chance qu’il revienne à l’avant-plan?
John Crowley :
Il y a deux façons d’envisager la biosécurité. Elle peut représenter une loi potentielle ou un concept. Le concept de biosécurité était très consensuel au sein des deux partis au Congrès, à la Chambre des représentants et au Sénat. Les débuts de ce qui a mené au rapport de la National Security Commission remontent à la fin de 2023 et aux deux premiers trimestres de 2024. Le concept est resté et nous est extrêmement utile. Quant au projet de loi à proprement parler, certains membres du Congrès ont voté contre, estimant qu’il débordait le mandat du Congrès. D’autres craignaient qu’il ne manque de mordant. Dans cette concurrence mondiale avec la Chine et dans un monde où la biotechnologie est d’une importance cruciale pour notre sécurité nationale, il faut retenir que nos outils sont limités pour stopper l’avance des sociétés chinoises de biotechnologie, les CDMO, les sous-traitants en développement et fabrication pharmaceutique, le bâton, en quelque sorte.
Par exemple, les contrôles à l’exportation fonctionnent très bien pour les centrifugeuses nucléaires, mais moins bien pour la biotechnologie, surtout parce que nos activités sont multiples. Même pour les semi-conducteurs, la chaîne d’approvisionnement est très différente. On a préféré se concentrer sur ce qu’on avait. On demeure les meneurs en biotechnologie. Il faut faire preuve d’audace aujourd’hui. Il faut revoir le paradigme des essais cliniques, le processus d’examen et d’approbation réglementaire, notre mode de rémunération pour les médicaments. Je donne souvent l’exemple du secteur des thérapies cellulaires et géniques. Actuellement, c’est partout la débandade en ce qui concerne la recherche fondamentale, l’accès aux modèles animaux, la fabrication, l’examen et l’approbation réglementaires. Et quand on fait face à autant d’incertitude, c’est très difficile de se faire payer pour nos innovations et nos inventions. Un groupe de travail de BIO se penche en particulier sur le secteur des thérapies cellulaires et géniques, et je pense que ce sera très important.
Tout s’inscrit, comme je l’ai souligné, dans une perspective de sécurité nationale. J’espère qu’on est sur la bonne voie avec l’inflation Reduction Act (IRA) pour combler l’écart de protection qu’il y a entre neuf et treize ans. Le président a signé un décret-loi en ce sens la semaine dernière. Je pense que les gens comprennent les difficultés et pourquoi c’est insensé pour l’innovation et les patients. Mais chaque idée, par exemple, l’équivalent de la loi IRA que pourrait proposer la prochaine administration, doit être examinée en tenant compte de l’importance de la biotechnologie. La politique proposée contribue-t-elle à faire progresser, à ralentir ou à freiner l’innovation en biotechnologie et tout l’écosystème?
Yaron Werber :
L’épisode se termine bientôt. J’ai une question sur la FDA et une autre plus personnelle. Vous et moi, on observe les hauts et les bas de la FDA depuis des années.
John Crowley :
Oui.
Yaron Werber :
Durant une bonne quinzaine d’années, la FDA était incroyable; on se souvient tous les deux de la période de 2004 à 2006 ou de 2005 à 2007.
John Crowley :
Oui, c’était après le Vioxx. Oui.
Yaron Werber :
Tout à fait. On était plutôt prudent, intransigeant, fermé à l’innovation et les choses bougeaient lentement. La biotechnologie en a subi les conséquences. Aujourd’hui, on fait face à beaucoup de changements. Le changement peut être bénéfique s’il permet de fusionner certains processus des Centers for Biologics Evaluation and Research et des Centers for Drug Evaluation and Research en simplifiant les opérations et les approbations. Mais, en même temps, le roulement de personnel est catastrophique parce qu’il appauvrit la mémoire institutionnelle et la science de la réglementation. Ça pourrait mener à une nouvelle réflexion et à des progrès, mais il y a certainement beaucoup de craintes. Même si les examens en phase avancée ont lieu et sont approuvés, ils pourraient avoir des conséquences importantes pour les examens en phase initiale et les produits en développement. Qu’en pensez-vous? Comment les choses risquent-elles d’évoluer?
John Crowley :
Oui, il y a eu beaucoup de changements récemment! Bien sûr, ça s’imposait. Il fallait moderniser la FDA, tout le processus d’examen et d’approbation des médicaments. Ce qui, à mon avis, a été difficile pour les investisseurs et les innovateurs en particulier, c’est que les changements ont été majeurs. Tout s’est passé en un éclair. Il y a eu une perte de leadership et de savoirs institutionnels. J’ai exprimé mon point de vue clairement en privé et en public. J’ai aussi fortement recommandé qu’on protège les examinateurs et les inspecteurs. On a obtenu de bons résultats. Mais il y a eu une foule de changements. Auprès du commissaire, on a défendu une stratégie en deux volets : premièrement, combler les lacunes en matière de leadership et d’expérience dès que possible. On observe des progrès en ce sens, et c’est encourageant de voir que le commissaire, comme nous, va continuer dans ce sens. D’une façon ou d’une autre, il faut combler les lacunes. Ça prend du personnel qui comprend les complexités de la science de la réglementation et les subtilités du développement des médicaments, et qui apporte ce point de vue et cette expérience.
Il faut aussi s’assurer que le processus d’examen est plus uniforme. Dans le monde de la biotechnologie, on peut faire face à presque n’importe quoi, mais on n’aime pas l’incertitude parce que les concepts de base de notre entreprise sont très incertains. Ce sera très important de pouvoir contrôler en partie le paradigme réglementaire. Le leadership et l’expérience doivent combler le vide.
Et, deuxièmement, il faut s’attarder aux politiques. On encourage le commissaire à se pencher sur ce dossier. Il y a deux semaines, on a franchi une étape modeste, mais importante, afin de modifier les exigences relatives aux études précliniques sur les anticorps monoclonaux. C’est un premier pas. Le balado de Megyn Kelly, auquel le commissaire a participé l’autre jour, contenait aussi des éléments encourageants, je crois. Par exemple, dans le cas des maladies rares, il a parlé d’utiliser davantage des voies d’approbation accélérées et de faire appel à la plausibilité biologique, selon son expression. Ça implique beaucoup de biomarqueurs, par exemple. Les outils sont là. Il manque le leadership et les directives, et les politiques et directives devront être promulguées en plus grand nombre. Je suis convaincu que ce sera une priorité majeure du commissaire. Ce sont les deux points sur lesquels il faut se concentrer.
Yaron Werber :
On arrive à mon volet préféré du balado, qui s’intéresse avec un touche d’humour à la vie personnelle de mon invité. John, je vous connais depuis longtemps. Dans la vie, quel conseil vous a bien servi et pourrait nous être utile, compte tenu de votre parcours personnel? En plus d’être un entrepreneur, vous faites partie de la réserve nationale de la marine américaine, vous avez servi en Afghanistan et vous jouez maintenant un rôle crucial dans l’industrie de la biotechnologie. Quel est votre conseil de vie?
John Crowley :
En général, il faut endurer certaines souffrances pour gagner en sagesse dans la vie. J’arrive à la fin de la cinquantaine et je remercie le ciel de nous avoir donné trois enfants. Grâce aux médicaments développés, la qualité de vie et la longévité de Megan et de Patrick ont été améliorées. La maladie n’affecte jamais leur moral. Ils sont brillants. Megan a fréquenté l’Université de Notre-Dame en fauteuil roulant, malgré qu’elle était branchée à un ventilateur, et elle a obtenu une maîtrise en travail social. J’adore les voir s’épanouir.
Notre fils aîné, John, est plus discret. Il est atteint d’autisme hautement fonctionnel. Pendant la pandémie de COVID-19, le confinement, John est allé au collège. Il a toujours été un peu trop timide pour avoir une copine ou beaucoup d’amis. Mais, une des infirmières de Megan a vécu le confinement avec nous. Au fil des mois, John a noué une amitié, puis une relation avec elle. C’était un peu étrange pour nous dans la maison au début, puis on s’est rendu compte qu’ils étaient amoureux. Ils se sont mariés il y a quelques années et on a maintenant une petite-fille de deux ans et demi, Stella. Scarlett est aussi née il y a trois mois.
Yaron Werber :
Wow.
John Crowley :
En étant grand-père relativement jeune, j’apprécie la plénitude et la beauté de la vie à travers leurs yeux. Je n’ai jamais vécu ça comme parent, et pas seulement parce que nos enfants avaient des défis très particuliers. On s’inquiète toujours de savoir si on peut faire telle ou telle chose. « Qu’est-ce que mon patron va penser? » ou « J’entre aux études supérieures l’an prochain. » ou « Je dois payer le loyer la semaine prochaine. » On laisse les petites choses de la vie nous mettre des bâtons dans les roues. « Mon Dieu, j’ai esquinté ma voiture. C’est la fin du monde. » En vieillissant, après avoir surmonté beaucoup de difficultés, je suis maintenant grand-parent. Je vois la beauté de la vie à travers leurs yeux, et leur présence est un véritable cadeau. Ma perspective a pris de la profondeur. Je ne sais pas si devenir grand-parent peut s’appeler un conseil de vie, mais ça nous a certainement procuré, à Eileen et à moi, une joie incommensurable.
Yaron Werber :
Oui. La perspective et la capacité de transformer l’espoir en un avantage tangible. Tout à fait. Votre famille est un témoignage vivant des possibilités offertes par la biotechnologie.
John Crowley :
Parfaitement. Je me souviens de mon premier jour en biotechnologie; c’était en 2000. On a démarré cette petite entreprise avant que j’arrive à mobiliser un million de dollars pour Novazyme. Il m’a fallu près de six mois et 37 personnes. Quand je pense aux deux milliards et demi de dollars que j’ai réunis pour la biotechnologie en 25 ans, ce financement providentiel d’un million de dollars a été le plus difficile à monter. L’entreprise restait à flot grâce à des avances sur carte de crédit et à un prêt sur valeur domiciliaire. Ironiquement, je suis allé au congrès de BIO, que je dirige maintenant. Le conférencier principal était Christopher Reeves, le comédien qui a incarné Superman avant de devenir quadriplégique. Quand il est entré sur scène, c’était mon premier jour en biotechnologie, il y a un peu plus de 25 ans. Il a dit : « La biotechnologie, c’est un mot compliqué qui signifie simplement l’espoir. » Je ne l’ai jamais oublié.
Yaron Werber :
Oui, je vais aussi retenir cette phrase. J’ai regardé son film récemment.
John Crowley :
C’est poignant, non?
Yaron Werber :
Curieusement, je me rendais chez JPMorgan.
John Crowley :
Très bien.
Yaron Werber :
John, c’est toujours un plaisir de vous revoir. Merci beaucoup.
John Crowley :
Oui, merci, Yaron. Des jours meilleurs nous attendent. Des jours meilleurs nous attendent. J’insiste, ce sont tous des problèmes artificiels; on peut les résoudre.
Yaron Werber :
Je suis d’accord. Je suis d’accord. La réalité est toujours bien plus agréable que les plus grandes craintes. Merci de votre présence.
John Crowley :
Ça m’a fait plaisir! Merci, Yaron. Merci.
Locuteur 1 :
Merci d’avoir été des nôtres. Ne manquez pas le prochain épisode du balado Insights de TD Cowen.
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Directeur général, Soins de santé – Analyste de recherche en biotechnologie, TD Cowen
Yaron Werber, M.D., MBA
Directeur général, Soins de santé – Analyste de recherche en biotechnologie, TD Cowen
Yaron Werber, M.D., MBA
Directeur général, Soins de santé – Analyste de recherche en biotechnologie, TD Cowen
Yaron Werber est directeur général et analyste de recherche principal au sein de l’équipe Biotechnologie, TD Cowen. À ce titre, M. Werber est responsable de fournir des analyses sur les actions de biotechnologie à grande, moyenne et petite capitalisation. M. Werber compte plus de 20 ans d’expérience à titre d’analyste de recherche dans le secteur des services financiers et a été dirigeant d’une société de biotechnologie publique.
Avant de se joindre à TD Cowen, M. Werber était membre fondateur de l’équipe, chef des affaires et chef des finances, trésorier et secrétaire d’Ovid Therapeutics, une société de biotechnologie axée sur la mise au point de médicaments transformateurs pour les maladies orphelines du cerveau. Dans le cadre de ses fonctions, M. Werber était responsable de la planification financière, de la production de rapports, du développement des affaires, de la stratégie, des opérations/TI, des relations avec les investisseurs et le public, ainsi que de la fonctionnalité des ressources humaines. M. Werber a également mené des négociations pour obtenir plusieurs composés du pipeline, y compris un partenariat novateur avec Takeda Pharmaceutical Company, une entente qui a élargi le pipeline d’Ovid et qui a lancé une approche novatrice pour établir un partenariat entre l’expertise ciblée des petites sociétés de biotechnologie et les grandes sociétés pharmaceutiques.
Cette offre a été choisie par Scrip comme finaliste pour le Best Partnership Alliance Award en 2017. De plus, M. Werber a supervisé toutes les activités de financement et a bouclé une série B de 75 millions de dollars en 2015 et le premier appel public à l’épargne de 75 millions de dollars d’Ovid en 2017. À ce titre, M. Werber a été sélectionné comme Emerging Pharma Leader par le magazine Pharmaceutical Executive en 2017.
Avant de se joindre à Ovid, M. Werber a travaillé à Citi de 2004 à 2015, où il a récemment été directeur général et chef de la recherche sur les actions dans les secteurs des soins de santé et de la biotechnologie aux États-Unis. Au cours de son mandat à Citi, M. Werber a dirigé une équipe qui a effectué des analyses approfondies des sociétés des sciences de la vie à toutes les étapes de développement, qu’il s’agisse de sociétés prospères et rentables ou récemment de sociétés ouvertes ou fermées. Auparavant, M. Werber a été analyste principal en biotechnologie et vice-président à la SG Cowen Securities Corporation de 2001 à 2004.
M. Werber a reçu plusieurs distinctions pour son rendement et sa sélection de titres; il a obtenu un classement élevé par le magazine Institutional Investor, a reçu des prix provenant de Starmine et a été élu parmi les cinq meilleurs analystes en biotechnologie dans le sondage de Greenwich Best on the Street du Wall Street Journal. Il a souvent été invité par CNBC, Fox News et Bloomberg News et a été cité dans le Wall Street Journal, le New York Times, Fortune, Forbes, Bloomberg thestreet.com et BioCentury.
M. Werber est titulaire d’un baccalauréat ès sciences en biologie de l’Université Tufts, avec distinction, et d’une maîtrise en administration des affaires combinée de la Tufts University School of Medicine, où il a été boursier Terner.