Invité : Tag Greason, cochef de la direction, QTS
Animation : Michael Elias, vice-président et analyste de recherche, Technologies, Médias et Télécommunications, Infrastructure de communications, TD Cowen
Nous discutons avec Tag Greason, cochef de la direction chez QTS, lors du 11e Sommet annuel d’Infrastructure de communications de TD Cowen. M. Greason aborde l’évolution de QTS depuis sa privatisation par Blackstone en 2021, l’état de la demande liée à l’intelligence artificielle à très grande échelle et les goulots d’étranglement qui entravent la capacité des centres de données. De plus, il présente ses observations sur le marché des centres de données d’entreprise, les tendances relatives au taux de développement des centres de données et les leçons tirées des cycles précédents de développement d’infrastructures.
Écoutez les autres épisodes pour connaître les points de vue de divers leaders d’opinion sur les thèmes clés qui influencent les thèmes clés qui influencent les marchés, les différents secteurs et l’économie mondiale aujourd’hui.
Ce balado a été enregistré le 12 août 2025.
Locutrice 1 :
Bienvenue à Insights de TD Cowen. Ce balado réunit des penseurs de premier plan qui offrent leur éclairage et leurs réflexions sur ce qui façonne notre monde. Soyez des nôtres pour cette conversation avec les esprits les plus influents de nos secteurs mondiaux.
Michael Ellis :
Je m’appelle Michael Ellis, je suis analyste, Infrastructure de communications à TD Cowen, et on participe à notre 11e Sommet annuel d’Infrastructure de communications. Aujourd’hui est un jour très spécial. Je suis accompagné de Tag Greason, cochef de la direction de QTS.
Tag Greason :
Formidable.
Michael Ellis :
Merci beaucoup d’être avec nous, on apprécie énormément.
Tag Greason :
Merci de m’accueillir Mike et félicitations pour ce 11e Sommet annuel. C’est un grand événement, très connu, alors toutes mes félicitations.
Michael Ellis :
Merci beaucoup. C’est un jour assez particulier pour moi, car QTS est la première entreprise sur laquelle j’ai effectué des recherches approfondies.
Tag Greason :
D’accord.
Michael Ellis :
Alors, j’ai vu…
Tag Greason :
Je ne sais pas trop si ça me rend nerveux ou bien heureux. On va voir.
Michael Ellis :
Ça va bien se passer. Comme il y a beaucoup de gens ici qui vous ont suivi depuis les marchés publics, comme moi, pourriez-vous nous parler de l’évolution de l’entreprise? Comment les choses ont-elles changé, à quelle échelle? Tous les éléments que vous jugez pertinents pour cette conversation et qui pourraient intéresser les gens.
Tag Greason :
D’accord Mike. Merci encore de m’avoir invité. J’en ai fait du chemin… Je travaille à QTS depuis 15 ans. J’étais l’employé numéro 57 et j’ai eu le privilège de travailler aux côtés de l’équipe de direction, car on était une société privée, puis on est devenus une société ouverte. On a passé huit ans sur le marché public, où vous nous avez suivis, merci beaucoup, avant que Blackstone nous rachète en septembre 2021. Ce chemin a été semé d'embûches et d’occasions, mais je pense que, dans l’ensemble, les occasions ont été plus nombreuses, et la privatisation nous a vraiment permis de développer de manière exponentielle ce qu’on considérait déjà comme un secteur d’activité en pleine expansion et en pleine croissance. Depuis que Blackstone nous a rachetés en septembre 2021, la taille de l’entreprise a été multipliée par dix en quatre ans. Croyez-moi, c’est une aventure extraordinaire.
Michael Ellis :
Permettez-moi de vous demander : si l’on se projette sur les cinq prochaines années de QTS, à quoi ressemble la feuille de route? Une nouvelle multiplication par dix? Car il semble bien y avoir une demande.
Tag Greason :
Oui.
Michael Ellis :
À quoi ressemble le feuille de route?
Tag Greason :
La demande est certainement là. On pourrait en reparler. Je travaille dans le secteur des centres de données depuis 25 ans. Je n’ai jamais rien vu de tel que ce qui se passe actuellement. Par conséquent, je ne dirais pas que cette demande en forme de bâton de hockey sur laquelle on se trouve va se poursuivre indéfiniment, mais si l’on met cet aspect de côté, on peut observer examiner un certain nombre d’autres facteurs qui vont incluencer la croissance du marché, la croissance du secteur et la croissance de QTS. Si l’on réfléchit à notre activité, on passe du temps sur les terrains, l’électricité, la chaîne d’approvisionnement et la main-d’œuvre. Or, si l’on parvient à répondre aux exigences de chacune de ces quatre catégories, on est persuadés qu’on va pouvoir continuer sur cette bonne lancée. Il y a des défis à relever en ce qui a trait à l’engagement communautaire, et il peut arriver que la presse critique la présence d’un centre de données à proximité d’un quartier. C’est pour cette raison qu’on fait très attention à intégrer une collectivité de manière respectueuse et à passer du temps avec l’équipe de direction.
Du côté de l’électricité, vous connaissez les défis aussi bien que moi. Il peut s’agir d’électricité traditionnelle, d’innovations dans le secteur du gaz naturel et du cycle combiné, du nucléaire, mais l’électricité sera un sujet central au cours des cinq prochaines années. Comme les délais continuent de s’allonger, on doit se montrer plus attentifs à la chaîne d’approvisionnement. Ensuite, il y a évidemment la main-d’œuvre. Disposer de la main-d’œuvre adéquate et ne pas avoir une densité trop élevée dans une région spécifique, susceptible de drainer le bassin de la main-d’œuvre, est très important pour nous. Dès lors, quand on se projette dans les cinq prochaines années, on envisage les choses sous un angle tactique pour répondre à toutes ces questions.
Michael Ellis :
C’est super. On va examiner plus en détail chacun de ces points en ce qui a trait à l’électricité et à la chaîne d’approvisionnement. Mais pour le moment, je voudrais parler de la demande. Vous avez dit que vous n’aviez jamais rien vu de tel, et je suis tout à fait d’accord, je n’ai rien vu de tel non plus. Toutefois, si l’on s’intéresse à la nature de la demande, sans tenir compte du nombre de mégawatts, comment percevez-vous l’évolution du marché et les attentes des clients? L’accent est-il davantage mis sur les grandes métropoles? Est-il davantage mis sur les régions éloignées si l’on pense aux centres de données d’apprentissage? Où la demande se concentre-t-elle?
Tag Greason :
C’est une excellente question. Chaque jour, on lit quelque chose de TD Cowen ou d’une autre source. Je consulte d’autres sources de temps à autre, mais je peux vous dire qu’on ne peut pas regarder la télévision, écouter un balado ou lire un article sans entendre l’acronyme « IA ». Je tiens cependant à rappeler que l’IA vient s’ajouter à un secteur de services infonuagiques qui connaissait déjà une croissance assez importante. Quand je pense aux centres de données à très grande échelle, je pense à une croissance de 20 %, 25 % voire 30 % en ce qui concerne les services infonuagiques seulement, et vient s’ajouter à ça l’IA. C’est très emballant. Quand on pense à cette croissance exponentielle de l’IA et à la physionomie de cette charge de travail, il continue d’y avoir des services infonuagiques rattachés à une zone de disponibilité.
Il faut être au bon endroit, disposer de l’alimentation en électricité suffisante et choisir le bon moment pour interagir avec un centre de données à très grande échelle. C’est alors qu’on peut réussir dans un modèle de location. Mais la charge de travail liée à l’IA est différente. Elle peut être détachée de la zone de disponibilité. En fait, elle peut se trouver dans des zones qui ne sont pas des zones traditionnelles d’implantation de centres de données. C’est vraiment très intéressant pour le marché et pour QTS. Aussi longtemps que la demande de services infonuagiques et d’IA continuera de croître, on peut penser que les prochaines années s’annoncent passionnantes sur le marché.
Michael Ellis :
On va essayer d’entrer un peu plus dans les détails, parce que j’ai l’impression qu’on parle parfois de l’IA comme si c’était un monolithe. Voilà comment je vois les choses : il y a d’un côté l’apprentissage qui, comme vous le dites, peut être dissocié de la zone de disponibilité, et de l’autre côté, il y a l’inférence qui, à mon avis, doit se trouver à proximité du stockage infonuagique au sein de la zone de disponibilité. À ce propos, où en est-on en ce qui a trait à l’apprentissage, qui est, selon moi, la base? En est-on à la troisième manche, pour faire une analogie avec le baseball? La première? La septième? Où en est-on d’après vous?
Tag Greason :
C’est une excellente question. C’est même LA question. C’est difficile à déterminer, parce que l’apprentissage s’effectue sous nos yeux. Quand on pense aux modèles d’apprentissage, on s’imagine un seul système informatique monolithique qui se développe à une puissance de 300, 400, 500 mégawatts, et on pense à la latence au sein de ce monolithe. On pense à cet énorme ordinateur central, que je trouve toujours fascinant, et qui nous ramène aux origines de ce moteur de calcul. Mais il y a maintenant des instances d’apprentissage privées qui sont uniques, plus petites et personnalisées pour chaque individu. Ainsi, si je pense aux modèles d’apprentissage tels qu’on les conçoit aujourd’hui, c’est-à-dire de grands ordinateurs monolithiques fonctionnant de manière homogène, alors leur emplacement et leur désagrégation par rapport aux zones de disponibilité vont se poursuivre.
Mais à mesure que les modèles d’apprentissage évolueront, on commencera à les voir apparaître dans les zones de disponibilité et dans les instances privées. Je pense que l’apprentissage a encore de beaux jours devant lui. Je dirais donc qu’en ce qui concerne cet aspect de manière générale, on est dans les deux premières manches, mais ce sera intéressant, Mike, de voir où on en est, quand on en reparlera lors du 12e Sommet annuel. C’est un sujet sur lequel on devrait revenir, car je pense que dans 12 mois, les choses auront certainement évolué.
Michael Ellis :
Ce qui est intéressant, c’est que lorsque je pense à l’apprentissage et au déploiement de centres de données dans, disons, de plus en plus de marchés ou dans des marchés non traditionnels, par exemple, on connaît la valeur d’un centre de données en Virginie du Nord… C’est un fait. Il en va de même pour Dallas. Quand je pense à certains de ces nouveaux marchés, je me dis que c’est une nouvelle occasion. Que pensez-vous de l’idée de pénétrer de nouveaux marchés et de saisir cette occasion pour les centres de données à très grande échelle, ou de les soutenir à cet égard? Est-ce que ça vous intéresse? Qu’en pensez-vous de manière générale?
Tag Greason :
Oui, ça nous intéresse beaucoup, mais on constate aussi que ça s’accompagne d’un ensemble de nouvelles pratiques qui sont importantes pour nos activités. Par exemple, on met beaucoup l’accent sur les meilleurs centres de données à très grande échelle, ceux qui affichent la meilleure solvabilité au monde, ceux qui seront encore là bien après votre départ à la retraite et le mien. On pense aux baux à long terme, aux baux de 15 ou 20 ans. On pense aux taux de confirmation de 100 % pour ce flux de loyers, sans clauses de retrait. Par conséquent, on se tourne vers ce marché avec beaucoup d’enthousiasme, mais aussi avec une certaine prudence, afin de ne pas exposer QTS ou ses clients à des conséquences relativement désastreuses. Passer trop de temps sur un projet qui ne perdure pas, c’est un problème pour toutes les parties prenantes impliquées. C’est la raison pour laquelle on mêle enthousiasme et discipline, et qu’on ne perd pas de vue cette occasion.
Michael Ellis :
Très bien. Je vais vous parler des entreprises, mais avant de s’éloigner du thème de l’IA, j’aimerais aborder brièvement la question de l’inférence. Quand je pense aux rendements commerciaux de l’inférence, je pense effectivement aux entreprises. Ce sont elles qui vont y avoir recours, qui vont payer et qui vont stimuler les rendements. Selon vous, est-ce que les centres de données à très grande échelle déploient des offres d’inférence de « qualité entreprise », au point où ils peuvent vendre leurs services aux entreprises et où l’on pourrait commencer à générer un certain rendement, ce qui pourrait ensuite stimuler la demande pour les fournisseurs de centres de données?
Tag Greason :
Oui, c’est une excellente question, et je pense qu’ils essaient tous de trouver la réponse, car je suis très proche de tous les centres de données à très grande échelle. On en parle souvent. Je suis curieux de voir ça, mais j’ai l’impression que ça ressemble un peu aux débuts d’Internet. On teste des choses et on voit ce qui fonctionne ou pas, mais je ne leur en veux pas. Je comprends. Après tout, il faut essayer de rentabiliser l’investissement en capital, pas vrai? Le premier enjeu était de savoir qui serait capable de dépenser le plus de capital, de déployer le plus d'infrastructures, de placer le plus de points sur la carte et de déployer le plus d’inférences. Le prochain consiste à déterminer qui peut rentabiliser cet investissement en capital.
Vous savez, Mike, je ne suis pas assez malin pour vous dire qui sort grand vainqueur, tant du côté des centres de données à très grande échelle que des produits, mais je pense que la demande est forte. Laissez moi vous raconter une brève anecdote. J’ai une très bonne amie qui n’est absolument pas portée sur la technologie. Un jour, elle m’a dit qu’elle utilisait ChatGPT pour planifier ses vacances en famille, et ça m’a complètement sidéré. C’était comme si c’était la chose la plus ordinaire qui soit.
Michael Ellis :
Exactement.
Tag Greason :
C’est une personne qui consulte à peine ses courriels et qui désormais utilise l’IA dans son quotidien. À mon avis, les années à venir s’annoncent fascinantes, car les centres de données à très grande échelle ont trouvé le meilleur moyen de rentabiliser leur activité.
Michael Ellis :
On va maintenant parler des entreprises. Je me souviens que QTS a connu un grand succès lorsque vous étiez sur le marché public. Le segment des entreprises comptait pour environ 64 % des activités. Plus que le segment des centres de données à très grande échelle. Les choses semblent avoir changé mais, du plus loin que je me souvienne, les entreprises ont toujours été dans l’ADN de QTS. Je voudrais savoir : comment votre approche des entreprises a-t-elle évolué à mesure que vous avez développé votre organisation? Et à cet égard, que constatez-vous dans ce segments du marché?
Tag Greason :
C’est un segment qui a considérablement évolué. Néanmoins, la bonne nouvelle pour nous, quand on pense à notre approche de mise en marché et à la diversification de nos produits, c’est qu’on a toujours un segment de centres de données à très grande échelle, dont on vient de parler, d’entreprises et un segment de solutions technologiques fédérales très dynamiques et en pleine croissance. Quand je pense au segment des entreprises, pour répondre à votre question, l’unité de croissance, à laquelle on pense quand on loue quelque chose, est passée d’une armoire ou une demi-armoire, à 200 kW puis à 500 kW. Le segment des entreprises représente aujourd’hui deux, quatre, six, huit, dix mégawatts, ce qui était de l’ampleur d’un centre de données à très grande échelle il y a cinq ou six ans.
Michael Ellis :
Exactement.
Tag Greason :
L’unité de croissance s’est développée. La demande est toujours là. Notre plus grand défi? Suivre le rythme en ce qui a trait aux stocks. Ce qui finit par se passer, c’est qu’on va plus loin et qu’on construit tout un bâtiment. Je n’aime pas cette expression, mais on peut dire que c’est selon les spécifications. On s’efforce d’avoir des stocks disponibles pour les entreprises et on doit faire très attention à ce qu'un centre de données à très grande échelle ne se présente pas et dise : « On prend le tout. »
Michael Ellis :
Oui.
Tag Greason :
C’est pourquoi il est crucial de maintenir cette discipline ainsi que les stocks disponibles pour ce segment de nos activités en pleine croissance.
Michael Ellis :
Et à cet égard, je pense que c’est l’une des dynamiques que j’ai observées sur le marché, à savoir que, comme les centres de données à très grande échelle louent pour deux ans, lorsqu’une entreprise est prête à évaluer la capacité, il n’y a plus rien de disponible.
Tag Greason :
Tout à fait. Oui.
Michael Ellis :
De ce point de vue, diriez-vous que vous vous concentrez sur la construction de bâtiments d’entreprise, en quelque sorte autonomes, en vous assurant d’avoir la capacité de les leur vendre? Ou existe-t-il une possibilité de les regrouper dans le même espace, dans un environnement multilocataires avec le centre de données à très grande échelle qui supporte ces charges de travail importantes?
Tag Greason :
Oui. La technologie nous permettrait de fabriquer le même produit, ce qui est très bien, et de le normaliser. Ça nous aide avec notre chaîne d’approvisionnement et pour exercer nos activités en continu. Toutefois, je dois vous avouer que je ne connais aucun centre de données à très grande échelle prêt à partager. Alors, quand on construit un bâtiment, il faut vraiment faire preuve d’une certaine discipline opérationnelle et dire : « On va en quelque sorte isoler ce bâtiment de 50 mégawatts, ces 200 mégawatts sur le campus, pour le mettre à la disposition d’une entreprise. » On veut continuer à développer ce segment. Premièrement, pour la diversification, et deuxièmement, parce que c’est là que se trouve la prochaine demande à très grande échelle. Si l’on recense 1 200 relations interentreprises et que ces dernières sont en pleine croissance, laquelle sera la prochaine à occuper un bâtiment entier? Laquelle sera la prochaine à s’installer sur un campus? C’est déjà ce qu’on observe. Dans notre pipeline actuel, plusieurs entreprises commencent à poser des questions sur le total des baux pour un seul bâtiment, ce qui est excellent. Je ne les qualifierais pas encore de fournisseurs de services à très grande échelle, mais ça représente tout de même des baux de 30, 40, 50 mégawatts pour une seule entreprise.
Michael Ellis :
C’est fou à quel point la taille des opérations a augmenté, même du côté des entreprises.
Tag Greason :
C’est incroyable.
Michael Ellis :
Quand je pense à la privatisation de QTS, l’une des choses qui me vient à l’esprit, c’est que le moteur de livraison de capacité de l’entreprise s’est vraiment accéléré, et vous vous êtes développés comme ça, c’est drôle, vous allez presque vous transformer en centre de données à très grande échelle, non?
Tag Greason :
Oui. Oui.
Michael Ellis :
En ce qui concerne la capacité supplémentaire, quels sont, selon vous, les principaux goulots d’étranglement en ce qui a trait à la capacité et à sa mise en service?
Tag Greason :
En ce qui a trait à la capacité, on a répondu aux questions sur le terrain, l’électricité, il y a la chaîne d’approvisionnement et la main-d’œuvre, mais ces dernières ont un impact considérable sur la capacité à livrer. Au fil des ans, la chaîne d’approvisionnement s’est améliorée et est devenue plus prévisible, mais la qualité n’est pas à la hauteur de nos attentes. Par exemple, on reçoit des pièces d’équipement et on suit tout un processus de période de questions et, tout à coup, on doit changer telle ou telle configuration. On doit apporter une modificaiton. On doit se procurer une composante qui n’est pas arrivée et qui n’a pas été livrée. Je pense que la chaîne d’approvisionnement elle-même est toujours tendue, car elle expédie autant d’équipements que possible. Très souvent, on voit qu’on reçoit un équipement, et là, on s’aperçoit qu’on n’avait pas prévu les deux semaines supplémentaires pour le reconfigurer avant de l’installer, alors on ajoute un peu de marge.
Ensuite, on cherche plusieurs fournisseurs pour la même pièce d’équipement. C’est un processus en deux temps. Comme vous le savez, la redondance fait partie intégrante de l’ADN de ce secteur. La chaîne d’approvisionnement n’y échappe pas. Enfin, la dernière partie de l’opération ou de la livraison concerne la main-d’œuvre. Si vous construisez un campus pour la demande à très grande échelle à côté d’un autre, vous risquez de manquer d’électriciens. Vous aurez du mal à trouver de la main-d’œuvre. La diversité de la main-d’œuvre et des sites sont donc des éléments particulièrement importants pour nous lorsqu’on réfléchit à des projets et à la manière de les mener à bien. Le fait de réfléchir et de travailler sur la chaîne d’approvisionnement et la main-d’œuvre nous permet ensuite de répondre aux exigences fixées avec nos clients.
Michael Ellis :
L’une des dynamiques que je trouve intéressante concerne l’électricité. On parle de contraintes liées à l’électricité, et les médias ne cessent de répéter qu’il nous en faudrait plus. Mais malgré tout ce débat autour de l’électricité, je vois beaucoup de gens lors de conférences dire : « Au fait, j’ai 200 ou 300 mégawatts. Ça vous intéresse? »
Tag Greason :
Oui.
Michael Ellis :
J’aimerais savoir, comment conciliez-vous ces deux réalités? Y a-t-il suffisamment d’électricité et est-ce qu’il suffit de trouver des occasions? Ou y a-t-il des limites?
Tag Greason :
C’est une bonne question. J’ai assisté à une conférence en Europe. Tout le monde parle de l’Europe, je vais revenir aux États-Unis pour répondre à votre question…
Michael Ellis :
D’accord.
Tag Greason :
Mais j’étais en Europe, et huit ou neuf personnes m’ont dit : « Bonjour, j’ai un gigawatt d’électricité. Ça vous dit qu’on en discute? » En partant, je me suis fait la réflexion qu’il y avait apparemment huit gigawatts d’électricité en Europe qui attendaient simplement que des gens s’y intéressent. Mais ce dont je me suis rendu compte, c’est que quand on creuse un peu plus et que l’on examine les choses de plus près, on s’apperçoit que ces gigawatts ne sont en réalités pas vraiment garantis. La plupart du temps, les gens vous disent : « J’ai fait une demande » ou bien « J’attends qu’on me réponde. » À chacun sa façon de se lancer. Du côté américain, je vois une dynamique comparable, mais les relations qu’on a avec les sociétés d’électricité et notre expérience nous permettent de trancher rapidement quant à la disponibilité ou non de cette électricité.
Quand on souscrit à un tarif de demande minimum, qu’on accepte de payer pour la transmission ou qu’on consent à construire le poste électrique, on parle d’investir de vrais montants qui concrétisent ces occasions, et c’est ce qui nous rassure quant aux occasions qui se présentent. Il y a un autre élément de cette équation que je trouve fascinant. Si un centre de données à très grande échelle arrive sur le marché et affirme avoir besoin de 500 mégawatts, il contacte alors QTS, Vantage, CoreSite, Digital, et tout le monde se rend auprès de la société d’électricité pour demander 500 mégawatts.
Michael Ellis :
L’amplificateur.
Tag Greason :
La société d’électricité dit : « Je viens de recevoir des demandes pour deux gigawatts, » et ils commencent à paniquer. Mais en réalité, il s’agit toujours des mêmes 500 mégawatts. Je ne sais pas comment résoudre ce problème, mais c’est crucial qu’elles soient tenues, par la loi, de prendre toutes nos demandes au sérieux. Elles ne peuvent pas se contenter de dire : « Oh, QTS, votre demande n’est pas sérieuse. » Elles doivent la prendre au sérieux. C’est une réalité qu’on est limités en matière d’électricité, mais je ne sais pas dans quelle mesure on l’est vraiment.
Michael Ellis :
D’accord. C’est une tendance que j’ai exposée auprès des investisseurs. J’appelle ça l’effet amplificateur. Une exigence…
Tag Greason :
Oui. J’aime ce terme.
Michael Ellis :
… se transforme en cinq, puis la société de services publics est dépassée. À ce propos, comment se sont déroulées les discussions avec la société de services publics ? Et à cet égard, vous avez effectivement évoqué la somme que vous seriez susceptible d’investir pour démontrer, dirais-je, votre engagement en faveur des améliorations. Comment le dialogue évolue-t-il? Constatez-vous davantage de phénomènes comme la récupération de l’électricité? Constatez-vous une augmentation des engagements minimaux obligatoires?
Tag Greason :
Oui.
Michael Ellis :
Quels sont les éléments que vous observez quand vous discutez avec la société de services publics ?
Tag Greason :
Oui, on observe tout ça, et je pense que c’est un défi pour les sociétés d’électricité d’essayer d’éliminer les spéculateurs, c’est-à-dire ces acquéreurs de terrains qui détiennent de l’électricité sans vraiment la développer ni la distribuer. Ce ne sont pas les centres de données à très grande échelle ni les sociétés de crédit-bail tierces bien connues. Ce sont littéralement des promoteurs, voire des spéculateurs. Un spéculateur ne va donc pas payer 250 millions de dollars en puissance à facturer minimale. Il ne va pas investir ce capital, et je vois donc là un outil utilisé par les sociétés d’électricité, différents leviers, des dispositions de récupération, une demande minimale, etc., qui contribuent à éliminer ceux qui ne vont pas vraiment tenir leurs promesses à long terme.
Michael Ellis :
J’aimerais changer de sujet et parler un peu des prix et de l’aspect économique. Les taux de développement ont augmenté et la demande a dépassé l’offre. Je voudrais simplement savoir, selon vous, compte tenu de la demande actuelle sur le marché, pensez-vous qu’il y a encore une certaine marge de progression sur le plan économique pour ces projets, ou bien a-t-on atteint un niveau de stabilisation qui devrait perdurer?
Tag Greason :
Oui. Je pense qu’il y aura encore des pressions, et ce que je veux dire par là, c’est qu’on commence à voir de nouveaux entrants sur le marché qui n’ont jamais opéré à grande échelle auparavant, et qui travaillent légitimement sur des projets avec OpenAI, Anthropic, CoreWeave ou les centres de données à très grande échelle. Aujourd’hui, le marché compte à la fois des acteurs traditionnels de longue date, comme QTS, qui sont bien établis et ont fait leurs preuves, et de nouveaux entrants ambitieux et très actifs. Selon moi, cette combinaison exerce une pression sur les prix. J’ai discuté avec Microsoft, Meta ou Google, les centres de données à très grande échelle en général, et ils m’ont dit : « Tag, j’ai une autre occasion pour 500 mégawatts, le prix est de tant. Pouvez-vous vous aligner sur ce tarif? » La réponse de QTS consiste à faire preuve de discipline et à se concentrer sur ce qu’on sait faire. Rester concentrés sur nos seuils de rendement. Il y a beaucoup d’occasions qui se présentent. Ça ne sert à rien de se précipiter pour s’aligner sur tel ou tel prix. On est prêts à perdre une affaire et à rester disciplinés et concentrés sur ce qu’on croit être important pour nos activités.
Michael Ellis :
Très bien. En conclusion, vous avez connu plusieurs cycles dans ce secteur. La période actuelle est très excitante, je dirais même qu’il s’agit d’un véritable tournant générationnel. D’après les leçons que vous avez tirées de votre expérience dans ce domaine, si vous deviez donner un conseil au secteur, que diriez-vous?
Tag Greason :
Quand je repense à mon parcours, je ne peux m’empêcher de penser au boom informatique. J’étais dans le secteur des centres de données à l’époque où des sites du type LivrezDesAlimentsPourAnimauxADomicile.com existaient, et aujourd’hui, ça s’appelle Amazon. Mais en fin de compte, on a traversé ce cycle. On a connu le Bitcoin, avec des gens qui cherchaient à obtenir 100 mégawatts : « Tag, je serais ravi de vous payer en Bitcoin si vous acceptez ce mode de paiement. » On a connu des hauts et des bas. Ce que je dirais, c’est que le cycle dans lequel on se trouve est un cycle générationnel. C’est passionnant, et on va essayer d’en tirer le meilleur parti possible, mais sans en abuser, au risque de se retrouver en danger quand le cycle changera. On doit faire preuve d’une discipline à toute épreuve.
Mon conseil aux personnes qui se lancent sans avoir la capacité de voir ces cycles est de faire très attention à ne pas se retrouver, au moment où les choses s’arrêtent, dans une situation qui mettrait en péril toute leur entreprise. C’est ce qu’on pense à QTS. C’est ce dont on parle avec nos partenaires de Blackstone. J’en parle tout le temps avec Jeff Berson, mon chef des finances : il faut se lancer, mais en veillant à bien écouter, car quand la musique s’arrêtera, on veut pouvoir trouver un siège sur lequel s’asseoir.
Michael Ellis :
Ça se tient. Je pourrais parler avec vous toute la journée.
Tag Greason :
C’est génial.
Michael Ellis :
Merci beaucoup d’avoir été parmi nous. J’ai beaucoup apprécié.
Tag Greason :
Merci du temps que vous m’avez accordé, Mike.
Locutrice 1 :
Merci de nous avoir écoutés. Ne manquez pas le prochain épisode du balado Insights de TD Cowen.
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Vice-président et analyste de recherche, Technologies, Médias et Télécommunications, Infrastructure de communications, TD Cowen
Michael Elias
Vice-président et analyste de recherche, Technologies, Médias et Télécommunications, Infrastructure de communications, TD Cowen
Michael Elias
Vice-président et analyste de recherche, Technologies, Médias et Télécommunications, Infrastructure de communications, TD Cowen
Michael est vice-président chargé du secteur de l’infrastructure de communications, y compris les centres de données et les réseaux de diffusion de contenu. Il fait partie de l’équipe Infrastructure de communications de TD Cowen depuis 2017.
Avant de se joindre à TD Cowen, il a travaillé comme analyste financier chez Xanthus Capital Management. Michael a obtenu un baccalauréat en génie industriel et en recherche opérationnelle (systèmes de gestion technique) de la School of Engineering and Applied Sciences de l’Université Columbia.