En route vers 2050 : Marchés volontaires du carbone en développement

12 janvier 2022 - 5 minutes
Deux personnes regardent la croissance des cultures dans un champ.
Alors que de plus en plus de sociétés s’engagent à atteindre l’objectif zéro émissions nettes d’ici 2050, bon nombre d’entre elles doivent composer avec les difficultés que représentent l’ajustement de leur modèle d’affaires en vue d’un alignement à une hausse de 1,5 degré de la température de la Terre.

Le recours au crédit de compensation de carbone, bien que ne remplaçant pas une réduction de la quantité absolue des émissions, constitue un mécanisme pour faciliter la transition vers une économie décarbonisée, établissement un lien entre les secteurs qui éprouvent des difficultés à réduire entièrement leurs émissions et ceux menant des activités qui permettent de les éviter ou de les réduire. Alors que les marchés réglementés du carbone mettent l’accent sur le transfert de crédits dans le but de respecter les engagements nationaux en matière de réduction des émissions, les marchés volontaires du carbone offrent la possibilité aux particuliers ou aux entreprises d’acheter des crédits compensatoires pour appuyer l’atteinte de leurs propres objectifs de réduction des émissions.

Compte tenu de l’ampleur des réductions des émissions auxquelles le secteur privé s’est engagé, l’envergure potentielle du marché volontaire du carbone est importante. Lors de notre conférence sur les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), En route vers 2050 : s’y retrouver dans les facteurs ESG, un groupe mondial de chefs de file du secteur s’est penché sur les répercussions des marchés volontaires du carbone.

Quelles sont certaines des principales caractéristiques du marché volontaire du carbone aujourd’hui?

  • La complexité du marché actuel découle en partie de la variété de projets qui sous-tendent les crédits de compensation de carbone, chacun d’eux offrant un potentiel de réduction des émissions, une perméance, une additionnalité et des avantages sociaux connexes différents. Les renseignements sur l’intégrité environnementale des projets de crédits compensatoires sont souvent limités, en particulier lorsqu’il s’agit de quantifier le niveau d’émissions qu’un projet permet d’éviter ou de réduire.
  • Pour compliquer encore la situation, plusieurs plateformes de registre valident et vérifient les projets de crédits compensatoires en se fondant sur des normes et des protocoles différents. Chaque registre vise à fournir des niveaux minimaux d’assurance de la qualité des crédits, mais le manque d’homogénéité des normes sème fréquemment la confusion chez les personnes qui cherchent à accéder au marché.
  • Rares sont souvent les possibilités pour les acheteurs d’accéder à des volumes importants de crédits compensatoires dotés de caractéristiques de grande qualité, comme des projets fondés sur l’élimination avec un stockage permanent. De même, le manque de transparence autour des prix et le nombre limité de garde-fous en place permettant aux participants aux marchés d’évaluer les différences dans la dynamique de fixation des prix par types de crédit compensatoire peuvent poser problème.

En savoir plus sur la série En route vers 2050 : s’y retrouver dans les facteurs ESG. Lire la section sur << qu’est-ce qu’une transition équitable? >> et les impacts de l’équité sur les stratégies climatiques.

Comment les marchés volontaires du carbone évoluent-ils et qu’est-ce qui doit être pris en considération compte tenu de l’élargissement du marché?

Les marchés volontaires du carbone ont connu une forte croissance, les émissions et les retraits ayant augmenté pour répondre à la demande croissante des sociétés qui ont fixé des objectifs de zéro émissions nettes.

  • En date d’août 20211, la valeur des crédits compensatoires négociés en 2021 depuis le début de l’année s’élevait à 748 M$ US, dépassant déjà de 58 % les niveaux pour l’ensemble de 2020.
  • Malgré cette croissance, les titres de créance de grande qualité se sont faits rares, ce qui a entraîné des hausses importantes de prix au cours de la dernière année pour tous les types de crédit.

Les acheteurs devraient se montrer de plus en plus sélectifs lors de l’évaluation des crédits de compensation de carbone à acquérir.
  • Même si ce n’est pas possible pour l’instant compte tenu de l’offre du marché actuel, les acheteurs concentreront de plus en plus leurs achats sur les crédits de compensation de carbone en vue de son élimination en raison de leur impact environnemental plus marqué.
  • L’expansion future des technologies de capture, d’utilisation et de stockage du carbone (CUSC) et de capture directe du dioxyde de carbone (CAD) à l’échelle industrielle laisse entrevoir une plus grande disponibilité future des crédits de compensation de carbone en vue de son élimination.
  • De même, on s’attend à ce que les acheteurs privilégient de plus en plus les crédits compensatoires qui sont vérifiables et dûment comptabilisés, caractérisés par un faible risque de non-additionalité, de contrepassation et de conséquences négatives imprévues.

La normalisation des structures des contrats de crédit, l’amélioration en profondeur des titres de créance de grande qualité et les possibilités supplémentaires de rapidement fixer les prix et négocier les crédits compensatoires seront essentielles à la croissance continue.
  • Le groupe de travail sur la mise à l’échelle des marchés volontaires du carbone (Taskforce on Scaling Voluntary Carbon Markets ou TFSVCM) dirigé par le secteur privé a travaillé sur les concepts pour une plus grande normalisation des marchés dans le but d’améliorer l’intégrité des crédits compensatoires et d’établir des normes minimales pour les contrats de crédits compensatoires.
  • De même, les contrats à terme Global Emissions Offset (GEO) et Nature-Based Global Emissions Offset (N-GEO) que le CME Group a élaborés constituent une solution plus simple pour négocier des crédits de compensation de carbone de grande qualité et offrent des signaux de liquidité et de cours du marché fiables.
  • Le lancement récent du Carbon Meta-Registry, le tout premier registre mondial de métadonnées sur les émissions de carbone de IHS Markit offre également la possibilité d’éviter le long et coûteux processus de diligence raisonnable interne qui était auparavant requis pour valider la conformité du registre.

Tout premier registre mondial de métadonnées sur les émissions de carbone

En octobre 2021, IHS Markit a lancé le premier registre mondial de métadonnées sur les émissions de carbone, une plateforme en ligne sécurisée qui relie facilement divers marchés environnementaux et systèmes d’enregistrement disparates partout dans le monde. Ce registre permet l’échange de données sur le marché du carbone et atténue le risque de double comptabilisation des crédits.

La TD déploie des efforts continus pour soutenir la transition vers un avenir à faibles émissions de carbone et c’est avec fierté que nous faisons partie (en anglais seulment) du conseil consultatif du registre de métadonnées sur les émissions de carbone (Carbon Meta-Registry advisory board) dont plusieurs de nos pairs à l’échelle mondiale sont également membres.

Quel rôle la technologie joue-t-elle dans l’évolution des marchés volontaires du carbone?

Diverses solutions technologiques jouent un rôle important dans l’élaboration de projets de crédits compensatoires, l’évaluation continue des réductions réelles des émissions et la vérification de la propriété des crédits compensatoires. Voici quelques exemples:

  • Le développement continu et le déploiement futur de technologies d’élimination du carbone à l’échelle industrielle, de CAD et de CUSC notamment, offrent un potentiel prometteur pour un changement radical dans la quantité de carbone pouvant être soustraite de l’atmosphère provenant de n’importe quel projet.
  • L’émergence de la technologie des drones et de l’imagerie satellitaire pour vérifier les réductions d’émissions au moyen de solutions axées sur la nature a considérablement accru les capacités des systèmes de surveillance systématique. La combinaison de systèmes de surveillance terrestre et aérienne augmente non seulement l’exactitude de la collecte des données, mais aussi la rapidité avec laquelle les réductions d’émissions peuvent être quantifiées et comparées aux valeurs de référence.
  • L’intégration de la technologie des chaînes de blocs et des registres distribués améliore la transparence du marché à l’égard de la propriété des crédits compensatoires, ce qui permet aux participants au marché de faire le suivi du cycle complet d’un crédit compensatoire, de la production au retrait final. L’intégration de ces technologies dans les produits financiers promet de rehausser la confiance globale du marché et d’éliminer des problèmes comme la « double comptabilisation » et le « double retrait ».

Solutions de décarbonisation accessibles

Alors que les marchés volontaires du carbone continuent d’évoluer et de croître, nous nous attendons à ce que davantage d’occasions s’offrent aux sociétés fermées et ouvertes d’acheter des crédits compensatoires pour appuyer l’atteinte de leurs propres objectifs de réduction des émissions. Grâce à une meilleure harmonisation des contrats de crédits compensatoires et à une meilleure disponibilité des technologies d’élimination du carbone à l’échelle industrielle, les entreprises qui éprouvent des difficultés à élaborer leurs propres stratégies de réduction des émissions de carbone pourront tirer parti de ces outils de marché supplémentaires pour atteindre leurs objectifs de durabilité.

En savoir plus sur nos stratégies environnementales, sociales et de gouvernance de la part du groupe Finance durable et Transitions d’entreprises

back to top