Alimenter l’avenir – Le portefeuille d’actifs diversifiés de Northland Power
Invitée : Christine Healy, présidente et cheffe de la direction, Northland Power
Animateur : Sean Steuart, directeur général, Recherche sur les actions, TD Cowen
Northland Power est un développeur et exploitant à grande échelle d’énergie renouvelable, de stockage par batterie et de production d’électricité au gaz naturel, avec une capacité d’exploitation de 3,5 gigawatts et une capacité additionnelle de 2,2 gigawatts en cours de construction. La présidente et cheffe de la direction Christine Healy fournit un aperçu détaillé de la plateforme diversifiée de l’entreprise et de ses intéressantes perspectives de croissance à l’échelle des technologies et des régions.
Ce balado a été enregistré le 23 septembre 2025.
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Bienvenue à Insights de TD Cowen. Un balado qui réunit des spécialistes qui offrent leur éclairage et leurs réflexions sur ce qui façonne notre monde. Soyez des nôtres pour cette conversation avec les esprits les plus influents de nos secteurs mondiaux.
Sean Steuart :
Bienvenue pour ce nouvel épisode de notre série Insights de TD Cowen. Je m’appelle Sean Steuart, et je suis responsable à TD Cowen de la recherche sur les actions pour le secteur des promoteurs et des exploitants d’énergie renouvelable. Nous avons la chance aujourd’hui d’accueillir Christine Healy, qui est présidente et cheffe de la direction de Northland Power, pour une discussion sur les perspectives de croissance de la société et les tendances générales du secteur de l’électricité.
Northland est un promoteur et un exploitant d’actifs énergétiques prospère au profil diversifié qui touche aux énergies renouvelables, au stockage d’électricité, et même aux technologiques thermiques alimentées au gaz. La société est présente dans les deux Amériques, en Europe et jusqu’en Asie. Northland dispose d’une capacité de trois gigawatts et demi en exploitation, plus 2,2 gigawatts supplémentaires en construction. Lorsque le pipeline de construction actuel sera terminé, l’énergie éolienne en mer représentera plus de 60 % de la capacité de Northland, mais les projets de croissance en préparation exploitent toute une panoplie de technologies.
Christine est cheffe de la direction de Northland depuis janvier. Elle a une vaste expérience en gestion de projets d’infrastructures à grande échelle, entre autres pour AtkinsRéalis et, auparavant, TotalEnergies. Merci, Christine, de vous joindre à nous. C’est un honneur de vous avoir avec nous pour cet épisode.
Christine Healy :
Merci, Sean. Ça me fait plaisir d’être là. J’ai hâte de vous parler de Northland Power.
Sean Steuart :
C’est parti. Commençons par votre parcours, et comment vous vous êtes retrouvée chez Northland. Quelles caractéristiques de la société vous ont attirée? Qu’est-ce qui joue en faveur de la réussite future de Northland? Et comment est-ce que votre expérience antérieure influence la stratégie de l’entreprise?
Christine Healy :
Ça risque d’être long, parce qu’une fois que je commence à parler, c’est dur de m’arrêter. Mais je peux vous mettre en contexte pour expliquer comment je suis arrivée à Northland et pourquoi cette société m’enthousiasme autant.
Je suis native de Terre-Neuve. Canadienne, et fière de l’être. Mon parcours a commencé avec les entreprises de pétrole et de gaz présentes dans la région de Terre-Neuve-et-Labrador. Elles devaient investir dans la main-d’œuvre locale, et j’ai bénéficié de ces investissements. Alors pendant une grande partie de ma carrière, j’ai été dans le secteur pétrolier et gazier et j’ai travaillé à l’étranger. Quand j’ai quitté le Canada au départ, mon affectation devait durer 18 mois. Au final, j’ai été plus de dix ans à l’étranger, et j’ai vécu dans toutes sortes de pays.
De fil en aiguille, je me suis retrouvée à travailler pour Total, qui est devenue TotalEnergies, à titre de cadre supérieure. La direction s’intéressait beaucoup à la transition énergétique et à sa rentabilité, et comment passer d’une économie qui repose sur le pétrole et le gaz à une offre multiénergies. Total est un des plus grands producteurs d’électricité en Europe, et j’ai eu la merveilleuse occasion de venir diriger ses activités au Canada pendant un certain temps. J’étais donc cheffe de la direction ici. Ensuite, je suis retournée en France, où j’ai eu la chance d’être cheffe mondiale de la neutralité carbone, avec pour mandat d’examiner toutes ces solutions énergétiques multiples et de voir comment elles peuvent s’intégrer. C’est ce qui m’a vraiment intéressée à la façon dont le capital est réparti entre les différents types de projets, et comment résoudre les problèmes énergétiques selon les régions, parce que les réponses changent d’un endroit à l’autre.
J’ai trouvé tout ça fascinant, vraiment passionnant, mais en même temps, je me sentais de plus en plus frustrée de ne pas voir autant de Canadiens qu’avant sur la scène internationale. C’est là que mon mari m’a mise au défi de faire quelque chose, au lieu de continuer de me plaindre de la situation. Alors j’ai commencé à chercher des occasions qui me ramèneraient au Canada.
En fait, la première fois que Northland m’a approchée, je venais d’accepter un poste chez AtkinsRéalis, alors j’ai refusé en disant : « Désolée, ce n’est pas le bon moment. Si vous m’aviez appelée un mois plus tôt, ç’aurait été différent. » J’ai aimé mon passage chez AtkinsRéalis, mais j’ai vite compris que ça me manquait d’être propriétaire de l’infrastructure. AtkinsRéalis a un rôle de conseil et de services d’ingénierie, et cette équipe fait un travail phénoménal, mais je ne m’habituais pas à la distance, je préfère être directement en contrôle de l’infrastructure.
Quand j’ai su que Northland cherchait encore quelqu’un, j’ai été ravie d’échanger avec eux, et je crois qu’on est parfaitement assortis. Pour moi, il y a tellement d’avenues à explorer, tellement de possibilités chez Northland. C’est une société solide qui sait mener à bien de gros projets, et je vous assure que c’est rare. Et c’est génial d’avoir pu me joindre à une compagnie qui a autant de capacité et une portée internationale. On est actifs en Europe, en Asie et au Canada. Toute cette expérience et ces capacités à l’étranger nous ouvrent des avenues de croissance qui ne sont pas aussi accessibles aux entreprises moins expérimentées sur la scène internationale.
Alors je suis super enthousiaste. Je suis convaincue que Northland a une gamme de projets fabuleux qui l’attendent.
Sean Steuart :
Avant d’examiner ces occasions, j’aimerais parler des projets que vous êtes en train de construire. Vous avez deux grands projets éoliens en mer : Hai Long, à Taïwan, et Baltic Power, en Pologne. Ces projets sont en préparation et en construction depuis un moment. Il y a eu des défis jusqu’à maintenant. Pouvez-vous me dire où en sont ces projets par rapport au calendrier de construction? Quelles sont les grandes étapes à venir? Et selon vous, quelle est la part résiduelle de risque pour l’entreprise à ce stade-ci des projets?
Christine Healy :
Excellentes questions, Sean. Avant d’y venir, une précision : quand j’ai commencé en janvier, nous avions trois grands projets en construction simultanée. Le troisième, qui a maintenant été livré, est l’installation de stockage d’électricité d’Oneida, ici même, en Ontario. Elle se trouve à une heure et demi/deux heures à l’ouest. C’est la plus grande installation de stockage d’énergie par batterie au Canada, et la quatrième au monde, mais de nouvelles installations s’ajoutent chaque jour, alors je ne sais pas combien de temps encore on pourra s’en vanter. Ça reste un projet dont on est très fiers.
D’ailleurs, c’est une belle preuve des capacités de Northland. Ce projet a été livré en avance, à un coût inférieur au budget. C’est énorme. Dans toute ma carrière, j’ai vu cela arriver moins de cinq fois. C’est vous dire à quel point notre équipe est efficace. On a aussi pu compter sur d’excellents partenaires sur place. NRStor, qui est à l’origine du projet, a été un super partenaire. Aecon aussi : un travail d’équipe phénoménal.
Et cette installation était active cet été, pendant l’énorme vague de chaleur ici, à Toronto. Elle a fait une différence dans le réseau, dans l’électricité disponible pour tous ceux d’entre nous qui vivent à Toronto. Alors, on est très fiers du travail accompli. C’est un projet qui attire moins d’attention que les éoliennes en mer, mais il est significatif. C’était notre premier projet majeur de stockage d’électricité par batterie. Je suis d’autant plus fière du succès de ce projet.
Si on devait recommencer, ce serait encore mieux, parce qu’on a appris de la première fois. Alors au risque de me répéter, c’est un bel exemple du savoir-faire de Northland, une belle preuve de notre crédibilité. C’est une réalisation qui nous ouvre beaucoup de portes partout dans le monde, parce qu’elle impressionne les gens.
Maintenant, il nous reste deux grands projets en construction : Hai Long, au large de Taïwan, et Baltic Power, au large de la Pologne. Parlez-nous-en un peu, parce que c’est très intéressant. On publie constamment des photos sur notre site Web et notre page LinkedIn parce que les progrès et le travail sont spectaculaires. Notre saison estivale de construction tire à sa fin, c’est comme ça que le projet a été conçu, et tout se passe exactement comme prévu.
Hai Long est un projet éolien au large de Taïwan d’un peu plus de un gigawatt. Ce projet génère déjà des revenus, comme prévu. Il progresse par phases. Il y a une fenêtre météorologique à respecter, à Taïwan, alors l’installation peut seulement se faire quand les conditions météorologiques sont appropriées. Cette fenêtre va se clore vers la fin octobre. Encore là, c’est prévu. On avait une série d’activités à réaliser pendant cette saison de construction. Les travaux vont reprendre au printemps prochain, quand les conditions seront à nouveau propices à la construction. Alors ça progresse, on est sur la bonne voie. Je suis très satisfaite.
Vous avez abordé le niveau de risque. Un facteur très important pour moi du point de vue de la réduction du risque, était d’installer les premières éoliennes. Quand on parle d’éoliennes en mer, je ne sais pas à quel point vos auditeurs sont familiers, mais il y a plusieurs façons de procéder. Dans ce cas-ci, je pourrais comparer notre procédé à des Lego. C’est simpliste, mais ressemblant. Les pieux des fondations s’enfoncent profondément dans le sol. Ils vont 40 mètres sous le fond marin. Imaginez un géant d’acier. C’est ce qui sert de fondation, et on l’enfonce dans le fond marin.
Cette interface entre le fond marin et l’éolienne est très importante. On fait beaucoup d’études sur le terrain, beaucoup de travail technique en amont, mais tant que les pieux ne sont pas posés, on ne peut jamais être certains. Il y a toujours une part d’incertitude, si je peux dire. Mais maintenant que tous les pieux ont été posés pour Hai Long, on a franchi une étape cruciale du point de vue du risque. Ça peut paraître technique, mais c’est très important comme point.
Quand on regarde ailleurs, c’est parfois un écueil pour d’autres projets. Et vous savez quoi? Ils font tous de leur mieux. Tout le monde va chercher un maximum de données techniques. Mais tant que ce n’est pas fait, on peut avoir des surprises. Alors le fait que c’est réussi pour nous retire beaucoup de risque.
Évidemment, ce n’est pas fini. On continue de monter la structure. Après les pieux viennent les fondations, qui sont déposées par-dessus, puis l’éolienne elle-même. C’est en cours. On en est à 33 éoliennes d’installées sur 73, je pense. Le projet avance exactement comme prévu, je suis très heureuse de ça.
Voilà pour Hai Long. Et il y a le réseau de fournisseurs et de services avec lequel on fait affaire là-bas. On a des liens très étroits avec nos fournisseurs sur place et une excellente équipe sur le terrain, alors si j’ai des gens de l’équipe de Hai Long qui écoutent : félicitations, vous faites un travail fantastique. J’ai la chance de les visiter quelques fois par année, et chaque fois, je suis épatée par le niveau de préparation et toute la planification qui se fait dans cette équipe. C’est impressionnant.
Parlons maintenant de Baltic Power, en Pologne. J’y étais justement il y a deux semaines, pour visiter l’équipe de projet. Ce devait être le deuxième parc éolien en mer de la Pologne, mais en fin de compte, on sera prêts les premiers. Encore une preuve que nos équipes font vraiment un travail exceptionnel. Ils sont dans les temps.
Il n’y a pas de fenêtre météorologique à respecter en Pologne, alors la construction se poursuit toute l’année. Ça change la planification du projet, il faut l’aborder différemment. C’est loin d’être un simple détail. Ça change tout : l’approvisionnement, l’installation, la planification, tout.
Alors pour Baltic, on est dans les temps, et le parc devrait entrer en activité d’ici la fin de 2026. Celui-là est un peu différent. À Taïwan, les éoliennes sont installées de façon séquentielle, et chaque nouvelle turbine vient alimenter le réseau, mais dans le cas du projet en Pologne, il y a un raccordement sur la terre ferme. C’est un modèle plus typique, je dirais, où on construit le parc éolien au complet avant de le connecter.
C’est ce qui avait été prévu et tout va bien. Le raccordement va être exécuté par une société d’État polonaise. Ils s’en chargent très bien, on est très satisfaits.
Actuellement, nos équipes sont en train d’installer les fondations. Elles sont un peu différentes de celles à Taïwan : région différente, besoins différents. Je pense qu’on en a 52 d’installées actuellement, mais je ne suis peut-être pas parfaitement à jour. Les éoliennes vont être installées une après l’autre. Je pense qu’on en a cinq ou six de faites à date, ce qui suit le calendrier de projet.
On a encore beaucoup de construction devant nous. Maintenant que la première installation est terminée, l’équipe s’améliore constamment. Plus ils travaillent ensemble, plus on voit une amélioration des délais et de la mise en œuvre. La qualité globale du travail s’améliore toujours un peu plus à mesure que tout le monde apprend. Je suis très satisfaite des deux projets. C’est loin d’être fini, mais je nous sens en bonne position.
Sean Steuart :
Très heureux de l’apprendre. Je voudrais orienter la suite de la conversation sur l’éolien en mer comme perspective de croissance. Northland a beaucoup d’expertise dans la construction de ce type de projet; pas seulement avec Hai Long et Baltic, mais aussi vos trois projets précédents dans la mer du Nord, en Europe. On parle de projets considérablement plus complexes que les éoliennes terrestres ou le stockage d’électricité.
Au cas par cas, on a vu des obstacles, surtout aux États-Unis en ce qui concerne les réformes politiques, avec M. Trump qui a retiré une grande part du soutien pour cette technologie. Pouvez-vous nous brosser un portrait plus large du potentiel de croissance de l’éolien en mer à l’échelle mondiale? Comment prévoyez-vous positionner Northland pour profiter de cette croissance à venir? Plus précisément, quelles régions prévoyez-vous cibler pour ce type de projets?
Christine Healy :
Excellente question. L’éolien en mer figure de plus en plus dans les fils de nouvelles de gens qui n’avaient peut-être pas l’habitude d’en entendre parler. Ça pique la curiosité en général.
Pour vous mettre en contexte, la demande mondiale d’électricité augmente. Je crois que sur les 40 dernières années, on en compte seulement deux où la demande d’électricité n’a pas augmenté, et une de ces deux était une année de pandémie. On a donc une trajectoire de croissance très forte. Cette augmentation de l’électricité domine toutes les prévisions, du moins dans nos marchés.
Vient la question : comment répondre à la demande? Et on se lance dans la modélisation. On prend le temps d’examiner nos marchés cibles en se demandant où sont les sources, où est la demande et comment les jumeler. Où est-ce que Northland peut s’insérer? C’est ce que j’ai fait une grande partie de ma carrière, dans mes postes précédents aussi : modéliser l’offre et la demande pour prévoir ce qui s’en vient.
Et chaque pays est différent. C’est très important. Je vais m’adresser à nos auditeurs canadiens. J’espère que vous êtes nombreux. Le Canada est dans une position très particulière. Notre réseau est le quatrième au monde sur le plan écologique, et nos ressources souterraines sont abondantes. Il n’y a pratiquement aucun autre pays dans la même situation. La situation est loin d’être aussi facile quand on regarde d’autres parties du monde.
Beaucoup de pays veulent arriver à répondre à la demande avec une énergie propre, abordable, fiable et sécuritaire. Malheureusement, c’est très difficile de réunir ces quatre qualités. Mais presque partout, les énergies renouvelables marines ou côtières ont un rôle clé dans la solution. Et pour les pays qui ont la chance d’avoir une solide ressource éolienne en mer, c’est une merveilleuse solution, parce qu’elle ne dérange pas les gens dans leur quotidien. C’est un peu le syndrome du « pas dans ma cour ». Les gens ne veulent pas se faire gâcher la vue, et je les comprends. En même temps, on a besoin de plus d’électricité. Alors avec l’éolien en mer, on peut construire des parcs à grande échelle qui n’interfèrent pas dans le quotidien des gens, mais qui produisent l’électricité dont on a tant besoin. C’est ce qui en fait une aussi bonne solution pour les pays qui disposent de la ressource.
En parallèle, on continue quand même de construire des parcs d’éoliennes côtières et de panneaux solaires côtiers, des installations de stockage d’électricité par batteries et des centrales au gaz naturel, parce que les ingrédients de la solution changent selon la géographie. Et je pense que c’est un bel avantage concurrentiel pour Northland d’être capable de basculer entre ces différentes solutions selon l’emplacement.
La question devient : est-ce qu’on peut aller chercher un rendement intéressant? Tout dépend de l’emplacement et du projet. C’est là qu’il faut être très, très sélectifs. On commence par une sorte d’entonnoir très large, très inclusif, avec un inventaire complet des occasions à travers le monde. Puis, on filtre de plus en plus. On s’assure que les projets dans lesquels on investit représentent la meilleure utilisation possible du capital et qu’ils offrent une valeur ajoutée à nos investisseurs, en plus d’apporter des solutions énergétiques aux pays hôtes.
C’est là le secret, pour moi : trouver les projets qui tombent exactement dans ce créneau. Heureusement, on a beaucoup d’occasions de ce genre en réserve. Ça crée une sorte de concurrence à l’interne, pour savoir à quels projets les capitaux vont être affectés.
Sean Steuart :
J’aimerais qu’on approfondisse un peu le sujet. Selon les derniers résultats trimestriels, le pipeline de développement de Northland, qui exclut les projets en cours, est passé de 10 à 8,5 gigawatts. C’est, je suppose, l’effet du filtrage des projets dont vous avez parlé plus tôt. Pouvez-vous nous donner une idée du type de projets qui ont été retirés de votre liste de projets potentiels?
Christine Healy :
Certainement. On est dans un processus tout à fait normal, Sean. J’ajouterais, pour tous ceux qui suivent Northland et tous nos investisseurs, merci beaucoup de votre soutien; j’espère que vous allez le maintenir. Je peux vous dire que le filtrage n’est pas terminé. C’est un processus constant. Honnêtement, c’est mon travail comme cheffe de la direction. La société a tous ces gestionnaires de projet qui présentent leurs projets et en font la promotion, et c’est mon travail, avec l’équipe de direction, de choisir les projets qui vont aller de l’avant.
Régulièrement, on réexamine tous les projets. Northland suit un processus décisionnel qui fait en sorte que rien ne reste en suspens. On est constamment en train de réévaluer. Au moins chaque trimestre et, dans le cas des projets prioritaires, chaque mois, on examine de très près où on s’en va et quel est l’échéancier.
Alors, oui, dans notre dernière mise à jour trimestrielle, on a annoncé avoir cédé quelques permis en Corée du Sud. La ressource éolienne là-bas est fantastique. C’est quelque chose qui nous plaisait beaucoup. D’un point de vue technique, c’était une excellente occasion. Mais du point de vue commercial? Quand on regarde les possibilités actuelles, je pense que la Corée du Sud pourrait plus tard être un marché très intéressant, mais pour le moment, les conditions ne sont pas favorables à un investissement.
Qu’est-ce qu’on fait, alors, avec les permis? Si je peux les conserver à faible coût, j’essaie de le faire, pour nous garder une porte ouverte. Mais si pour conserver les permis on doit assumer des coûts de plus en plus élevés, ou entreprendre des travaux qui ne sont pas très avisés sur le plan financier, je n’ai plus le choix. Je dois les laisser aller.
Dans ce cas-ci, il aurait fallu investir pour conserver notre permis. On a analysé la situation, en se demandant si c’était un projet dans lequel on pouvait se permettre d’investir en ce moment, et la réalité, c’est qu’on a de meilleurs investissements qui s’offrent à nous. Malheureusement, ça veut dire renoncer à ce permis.
Il ne faut pas voir ça comme un rétrécissement du pipeline. Non, c’est un affinement du pipeline, pour ne retenir que le meilleur, et ça va continuer. Je préfère avoir un pipeline de projets excellents, clairs et réalisables, plutôt qu’un flou organisationnel.
Il faut seulement respecter un équilibre. Certains des projets du pipeline ne sont pas encore matures. On y travaille. On fait équipe avec les gouvernements hôtes, on s’ajuste aux conditions, on négocie avec les fournisseurs et les experts techniques. Il y a tellement de points à orchestrer. Alors on se retrouve avec des niveaux de maturité différents dans le pipeline, et on fait simplement un examen régulier. Le nœud du problème, c’est de déterminer qu’est-ce qu’il nous faut, comme conditions, pour décider d’investir? Et quelles sont les chances qu’on obtienne les réponses qu’il nous faut dans 1, 2, 3 mois? Si on n’arrive pas à la bonne réponse, alors on devrait renoncer au projet. Peut-être qu’il conviendra mieux à une autre société.
Sean Steuart :
Je comprends. J’aime quand vous le présentez comme un raffinement du pipeline, et c’est tout à fait logique qu’il y ait une forme de concurrence entre les projets.
Parlons du Canada, maintenant. Le premier ministre Carney a présenté des plans ouvertement ambitieux pour la croissance et la diversification de l’économie canadienne, y compris la construction de grandes infrastructures et la promotion de projets interprovinciaux. Quelles retombées voyez-vous dans ces politiques pour Northland, que ce soit dans l’éolien marin ou d’autres énergies terrestres?
Christine Healy :
Eh bien, Sean, je suis fière d’être Canadienne. Si je suis revenue au pays, c’est en partie parce que je crois vraiment que le Canada a un grand potentiel. Mais les Canadiens ont besoin de comprendre que la concurrence pour les capitaux est mondiale. Oui, en tant que promotrice et exploitante, je considère que le Canada est un marché cible pour nous, et j’aimerais avoir plus de projets au Canada, mais ces projets doivent être concurrentiels par rapport aux occasions à l’étranger, parce que mes investisseurs veulent tirer un bon rendement de l’argent qu’ils investissent auprès de nous. Et c’est tout à fait légitime, je pense.
Dans l’ensemble, tout le monde est en faveur de politiques canadiennes qui stimulent la compétitivité, accélèrent le cycle de délivrance des permis, renforcent les interconnexions et éliminent les obstacles au commerce interprovincial. Je dirais que la croissance économique sous-jacente au Canada est timide – pour être polie –, et il va nous falloir un bon coup de barre pour redresser la situation.
Quand on regarde où on en est en tant que pays, on a tellement de potentiel; il faut juste se mettre à l’exploiter. Et le monde a besoin de ce qu’on a à offrir. Il a besoin de l’expertise des Canadiens et des ressources canadiennes. Je pense donc que toutes les politiques qui stimulent la croissance et l’activité économique au Canada sont utiles.
Il y a un point clé, pour moi... J’ai beaucoup travaillé récemment pour préparer notre journée des investisseurs et réviser notre stratégie. On a étudié entre autres le coût de développement par mégawatt-heure, ou par mégawatt. On a fait faire des analyses comparatives entre différentes provinces canadiennes et d’autres territoires où Northland est active, en Europe par exemple. Les coûts à engager avant de savoir si un projet est viable ou non sont plusieurs fois plus élevés au Canada que dans presque tous nos marchés en Europe.
Ça, c’est de l’argent qu’on risque. L’argent de mes investisseurs. Alors j’échange avec des interlocuteurs des gouvernements provinciaux et du gouvernement fédéral, pour leur dire qu’en tant qu’investisseuse et en tant que promotrice, je dois sélectionner les meilleurs projets. « Aidez-moi à avoir les bonnes conditions pour investir au Canada. »
J’espère voir de grands changements, parce qu’autant il y a de potentiel au Canada, autant les obstacles sont importants. Pour résumer, je veux vraiment investir au Canada, mais les projets ont besoin d’être plus concurrentiels. C’est ce qui me retient en ce moment.
Sean Steuart :
D’accord. Inutile dans ce cas de vous sonder au sujet de la ressource éolienne dans l’Atlantique et de vos intérêts de ce côté. Parlons plutôt des États-Unis. C’est un marché intéressant en ce moment, où on voit un écart de plus en plus important entre la hausse de la demande en électricité et l’offre limitée. Mais le gouvernement aux États-Unis a adopté une approche hostile à l’égard des énergies renouvelables.
Northland, jusqu’à maintenant, a bien fait de ne pas faire des États-Unis une priorité. Quels sont vos intérêts dans ce marché à long terme? Si on met de côté la rhétorique et les inquiétudes actuelles, dans quelle mesure les États-Unis pourraient être un marché intéressant pour Northland?
Christine Healy :
Les États-Unis sont un bon endroit où investir. C’est un environnement très propice aux affaires. J’y ai travaillé et vécu pendant cinq ans. J’aime beaucoup les États-Unis. J’ose le dire, même si c’est peu populaire, par les temps qui courent. Le Canada et les États-Unis ont un long historique d’amitié. En fait, nos économies sont très liées. Pour être exacte, l’économie du Canada est beaucoup plus étroitement liée à celle des États-Unis que l’inverse. C’est la vie. Mais c’est un très bon pays où faire des affaires.
Vous avez mentionné les politiques concernant les énergies renouvelables. C’est vrai qu’en ce moment, il y a une incertitude qui plane au sujet de certaines politiques américaines, et on a vu des acteurs du secteur être sérieusement échaudés. Il y a de quoi faire réfléchir, c’est certain. Chaque fois que je discute avec un décideur politique américain, je tiens le même discours qu’avec mes interlocuteurs au Canada ou en Europe : en affaires, la stabilité est clé. Les investisseurs ont besoin de stabilité, ils ont besoin de comprendre et de savoir. Alors quand des permis sont retirés brusquement très tard dans le processus, ça nuit à la stabilité et à notre capacité à prendre de nouvelles décisions d’investissement.
Donc, oui, Northland est peu présente aux États-Unis. C’est un dossier sur lequel je voulais travailler quand je suis arrivée dans la société, et j’examine la situation depuis mon arrivée en poste. J’ai pris le temps de visiter tous nos actifs et de discuter avec tout notre personnel. Le hic, c’est que, pour percer aux États-Unis, il faut avoir des capacités suffisantes sur place. Je dois encore trouver comment y arriver dans le cas de Northland.
Avant même tout le brouhaha au sujet des énergies renouvelables aux États-Unis, j’étais arrivée à la conclusion que pour nous, en ce moment, il y a d’autres marchés mieux adaptés à notre croissance. On a tout de même deux projets en cours dans l’État de New York. Ce sont de beaux projets avec d’excellentes équipes sur le terrain. Ils font du bon travail, et je suis très contente de la situation. Je ne pense pas par contre qu’on entreprenne de nouveaux projets aux États-Unis à court terme. Il y a trop d’incertitude, et j’ai d’autres investissements plus sûrs que je préfère explorer.
Pour l’éolien en mer, Northland n’en fait pas aux États-Unis. Que ce soit par chance ou par mérite, on n’est pas mêlés à ça, et je suis bien contente. Je pense que ce n’est pas pour nous. On se concentre sur les territoires qui nous offrent les bonnes conditions d’investissement et un degré de certitude suffisant. On ne va de l’avant avec un projet que si on est sûrs de pouvoir le financer et de pouvoir trouver les bons partenaires, et c’est le cas dans d’autres pays.
Alors en ce qui nous concerne, les États-Unis n’étaient déjà pas dans notre pipeline de projets prioritaires. Est-ce qu’ils pourraient s’y retrouver un jour? Certainement, mais pas en ce moment. Il y a d’autres marchés plus intéressants pour nous.
Sean Steuart :
D’accord. Vous avez mentionné plus tôt les centrales au gaz naturel comme avenue potentielle. D’ailleurs, Northland a de l’expérience dans ce domaine : elle a construit et exploité des centrales au gaz en Saskatchewan et en Ontario. Cela fait des années que Northland a arrêté de se concentrer sur cette technologie. Quelle place voyez-vous pour le gaz naturel dans la trajectoire de croissance de Northland? Est-ce qu’il y a des régions précises où vous vous voyez développer cette technologie?
Christine Healy :
J’aime les centrales au gaz naturel. Elles répondent vraiment à beaucoup de besoins dans le réseau électrique. En ce moment, vous avez raison, Northland exploite des installations alimentées au gaz en Ontario et en Saskatchewan. Elles jouent un rôle précieux, très important dans le réseau.
La centrale qui est ici, en Ontario, entre en service lors des périodes de pointe. Les rôles des installations de stockage par batterie et des centrales de pointe se ressemblent beaucoup, mais les installations de stockage fonctionnent vraiment sur cycle court, c’est de l’instantané. Si vous avez un manque d’électricité de plusieurs heures ou jours à combler, elles ne suffisent pas. C’est là que les centrales de pointe entrent en jeu, pour assurer la stabilité du réseau électrique. Il faut que le jus soit là quand les gens se branchent. Personne ne veut avoir à composer avec des baisses de tension. Ça ferait beaucoup, beaucoup de mécontents. Il nous faut cette stabilité.
Peut-être que mon passage en Europe m’a donné une perspective différente. On a passé beaucoup de temps sur la taxonomie verte dans l’Union européenne, et le gaz naturel en fait partie pour une bonne raison. Il est très important pour assurer la stabilité du système et produire de l’électricité abordable, fiable et propre. Il coche toutes les cases.
Et le Canada est dans une position inhabituelle où il a sous-investi dans le gaz naturel ces dernières années. C’était pour de bonnes raisons, mais ça crée une occasion maintenant, parce que vouloir éliminer le gaz naturel du réseau électrique viendrait avec des coûts que peu de gens sont prêts à assumer. Et on peut travailler efficacement avec le gaz naturel. On peut réaliser ces projets de façon à respecter nos objectifs généraux pour le climat. Alors en ce qui me concerne, le gaz naturel est un incontournable.
Et franchement, au Canada, et dans l’Ouest canadien en particulier, les prix du gaz naturel sont tellement plus bas que les prix mondiaux. Pourquoi nous empêcher d’explorer tous les moyens d’exploiter cette ressource incroyable? Clairement, je crois dans l’avenir du gaz naturel. Tout est en place pour l’exploiter au Canada.
Je me fais poser beaucoup de questions sur les possibilités à l’étranger pour le gaz naturel. Je suis vigilante, mais je ne me lancerais pas pour le moment parce que je préfère encore les conditions que je vois au Canada. Comme vous l’avez mentionné, c’est un secteur qui n’a pas connu de croissance au Canada depuis plusieurs années. J’ai une petite équipe fantastique qui a vraiment les compétences parfaites. Encore une fois, les analyses comparatives montrent que Northland se distingue là-dessus. Alors j’aimerais faire travailler cette équipe sur les meilleurs projets, et à court terme, c’est au Canada que ça se passe.
Sean Steuart :
Est-ce qu’on parle uniquement de ressources internes? Ou est-ce que les fusions et acquisitions pourraient jouer un rôle dans votre plan de croissance?
Christine Healy :
Je dirais toutes ces réponses, mais il faut que le profil soit parfait. On est toujours à l’affût côté fusions et acquisitions. C’est justement très intéressant en ce moment, il y a beaucoup de belles possibilités. Il y a une question que je me pose toujours avec les équipes quand on travaille là-dessus. Il faut qu’on aille voir sous le capot pour bien comprendre l’actif, et déterminer si on a une plus-value à apporter. Est-ce qu’on a le bon profil pour cet actif? Est-ce qu’on va réussir, à travers nos activités, à créer assez de valeur?
Je vois des noms pour lesquels la réponse est clairement oui, et on va aller de l’avant avec eux. Il reste toujours la question du prix. Et on voit évidemment des occasions de nous développer, comme le processus d’approvisionnement à long terme 2 de l’Ontario. Pour les auditeurs qui ne savent pas ce que c’est, c’est un processus d’approvisionnement énergétique majeur qui est en cours ici, en Ontario. Northland va probablement soumissionner. Si le projet passe à un prix acceptable, tant mieux. Sinon, on attend à plus tard. Il n’y a pas de presse.
Les occasions ne manquent pas. Mais oui, les fusions et acquisitions font partie de notre plan de croissance, juste de façon sélective; il faut qu’il y ait une valeur-ajoutée, sinon je ne suis pas intéressée. Je crois qu’il y a des avenues intéressantes.
On a aussi des perspectives de croissance à l’intérieur de notre réseau actuel. Règle générale, agrandir une installation existante demande relativement moins de dépenses en immobilisations en plus d’offrir un rendement plus élevé et un cycle plus court. C’est attirant. On collabore aussi à ce sujet avec les gouvernements de nos pays hôtes. Ça fait une combinaison d’avenues.
Sean Steuart :
Merci pour ces explications. Je veux conclure avec quelques questions de nature financière. Commençons par l’évolution des rendements dans votre secteur. Je pense principalement aux rendements de la croissance organique. Comment faites-vous pour évaluer le spectre des rendements entre les territoires et les technologies? Comment est-ce que ces paramètres de rendement ont évolué pour Northland dans les cinq à dix dernières années? Et quel potentiel voyez-vous pour l’avenir? Pour résumer, quels niveaux de rendement est-ce qu’il vous faut dans ce secteur pour qu’un investissement ait une valeur ajoutée?
Christine Healy :
D’accord. Si j’aime autant les énergies renouvelables, c’est en partie parce qu’elles se trouvent dans un cycle très intéressant qui est relativement nouveau pour elles. Mais comme je viens du secteur pétrolier et gazier, j’ai déjà traversé ce cycle plusieurs fois.
La réalité, c’est qu’il faut arriver à tirer de la valeur de nos actifs et à dégager des rendements. C’est la clé. Parfois, on se retrouve pris dans un cycle de croissance où on ne pense qu’à grossir, grossir, grossir – tellement qu’on en oublie certains de ces paramètres fondamentaux. Je ne veux pas être ennuyeuse, mais je suis très attentive aux paramètres fondamentaux. Comment faire de l’argent? Et comment accroître la valeur? La réponse est dans nos activités actuelles. À la journée des investisseurs, on va justement parler des occasions de placement dans notre réseau actuel qui permettraient d’en tirer encore plus de valeur. C’est de la valeur qui est gaspillée, en ce moment. Il faut l’exploiter.
Il y a aussi des occasions de croissance, mais elles ne sont pas toutes gagnantes. Il faut dire que notre secteur a un certain avantage. Quand on signe un contrat pour le genre de projet que fait Northland, c’est un contrat à long terme. Ça nous donne une certitude sur les prix. On connaît d’avance notre flux de revenus. Franchement, on ne voit pas ça partout. Dans le secteur manufacturier, pétrolier, gazier ou minier : personne ne connaît le prix d’avance. Mais dans notre cas, plus de 90 % des revenus sont établis par contrat. Il ne reste que 10 % variables.
Compte tenu de ça, qu’est-ce qu’on a besoin de savoir? On a besoin de connaître les termes du contrat, pour calculer le prix. On doit être sûrs de pouvoir obtenir les permis, et de les avoir à temps. C’est une partie importante de notre investissement. On doit confirmer qu’on a les moyens de financer le projet. Et on doit connaître les coûts de nos principaux fournisseurs pour les composantes clés du projet.
Une fois qu’on a tout ça, le profil de risque diminue énormément. Dans notre analyse du portfolio, on cherche les projets qui vont rapporter le meilleur rendement. Je vise un solide rendement à deux chiffres. Idéalement, même, un rendement supérieur à 12 %. C’est important, parce qu’on assume le risque d’exécution du projet et le risque de construction, en plus de devoir livrer la marchandise sur le plan opérationnel. Et même si on connaît le prix, on ne sait pas ce que nos entrepreneurs et nos fournisseurs vont nous facturer dans 20 ans pour les pièces de rechange, alors on assume aussi un risque et une incertitude de ce côté-là. On intègre tout ça, et on va chercher un juste équilibre entre risque et rendement pour nous et pour nos investisseurs.
Cela dit, il y a des paramètres qui peuvent faire grimper ou descendre le barème par rapport à un projet, selon le portrait global du risque. Nos attentes vont être différentes si on se trouve dans un environnement où les projets avancent très vite, avec des politiques très accommodantes, ou si on se bute à un gouvernement où l’octroi de permis est très lent et incertain. Ça pourrait nous pousser à chercher un rendement un peu plus élevé.
C’est un peu une question de jugement. À chaque projet qui est soumis à mon comité d’investissement, l’équipe veut savoir quel est le chiffre magique. Quelle est la formule magique qui va leur obtenir un oui? Il n’y a pas de chiffre magique. Si c’était le cas, on se fierait sur un algorithme pour prendre nos décisions. C’est une question de jugement : on considère tous les éléments, puis on décide collectivement.
Sean Steuart :
Très intéressant, comme réflexions. Je termine avec une question sur la plateforme de financement. Vos projets de construction actuels sont pleinement financés, mais vous avez des plans de croissance ambitieux. Parlez-nous de votre plan de financement à long terme. Êtes-vous à l’aise avec le bilan actuel? Comment est-ce que le recyclage d’actifs pourrait contribuer au financement dans le cas des activités non essentielles?
Christine Healy :
Comme vous l’avez mentionné dans votre introduction, la plateforme de Northland a beaucoup changé avec Hai Long et Baltic qui sont en cours, et Oneida qui est terminé. On parle de capacités de stockage de 250 mégawatts sur quatre heures, en plus d’accéder à un tout nouveau secteur d’activité. D’autres projets de stockage par batteries vont suivre. On travaille déjà sur une nouvelle installation en Alberta. Bref, notre plateforme grossit, et ça nous donne encore plus de portée.
Il faut dire qu’on a aussi l’avantage, quand on fait des projets à grande échelle, de travailler en partenariat avec d’excellentes entreprises. Pour Hai Long, on est en partenariat avec Mitsui, une grosse société japonaise qui est fantastique. On est aussi en partenariat avec Gentari, qui est la division énergies renouvelables de Petronas, la société d’État énergétique de la Malaisie. Ces gens sont fantastiques. Ils ont tellement de vision; ce sont d’excellents partenaires.
Pour Baltic Power, on travaille en partenariat avec ORLEN, qui est la société d’État énergétique de Pologne. Encore une fois, une grande expertise qui accélère tout notre travail.
Chaque partenariat réussi amène son lot d’avantages. Nos partenaires nous font profiter de leur expertise, et je crois que la qualité des projets y gagne. En plus, ils apportent du financement et paient leur part, ce qui nous aide aussi à financer des projets futurs. En termes de financement, on finance notre partie du projet, et ils financent la leur. C’est logique.
En ce qui concerne les flux de revenus, on a un bon apport financier à consacrer au développement à valeur ajoutée. C’est vrai qu’on a des occasions, dans notre portefeuille, de faire du recyclage d’actifs. C’est bien le terme. Alors oui, bien sûr, il y a des occasions, mais je veux m’assurer qu’il y ait réellement une plus-value.
Les actifs actuels de notre portefeuille sont rentables pour nous. Leur exploitation roule bien, on en tire une bonne valeur. Est-ce qu’on pourrait redéployer ce capital ailleurs pour obtenir un rendement encore meilleur? Si oui, on va le faire. Évidemment qu’on va le faire, parce que ça nous aide aussi à financer nos aspirations de croissance.
On a une forte croissance en perspective avec ces deux projets; un de livré et deux à venir. C’est une belle vague de croissance qui va nous porter pour les deux prochaines années. Et il y a notre pipeline de projets qui cheminent tranquillement. Probablement un peu moins impressionnant que les deux grands projets en mer, parce qu’en éolien côtier, les projets ont tendance à être plus petits. Il en faut plus pour arriver au même impact. Mais il y a beaucoup de projets qui se développent et qui se concrétisent. Sans oublier le gaz naturel, comme on le disait plus tôt, et le stockage par batterie. Et d’autres occasions encore qu’on explore, mais plus dans le long terme.
On pourrait accélérer la croissance à tout prix, mais ce n’est pas ma façon de faire. Je préfère une croissance modérée qui génère de la valeur. Je pense que c’est une stratégie d’investissement béton, et qu’elle cadre bien avec la conjoncture du marché. Le marché se demande si les entreprises génèrent vraiment des rendements dans ce domaine. C’est valable, comme question. La réponse chez Northland, c’est oui, un oui catégorique. Je suis prête à en discuter avec tous ceux qui le voudront.
Mais je comprends l’inquiétude qui plane, alors on va commencer par livrer nos gros projets. Les gens vont voir qu’on peut mener à bien d’aussi gros chantiers. Et de là, on sera positionnés pour accomplir des exploits.
Les gens le voient déjà, Sean, parce qu’on reçoit beaucoup d’appels d’entreprises qui veulent collaborer avec nous, des entreprises qui sont convaincues que Northland apporterait de la valeur à leurs projets. C’est une position très intéressante pour nous. Je suis toujours en train d’examiner les projets des autres et de me dire : « Hé, ce projet-là est bon. Peut-être qu’on devrait s’y joindre au lieu de développer un de nos projets. » On est toujours à l’affût.
Il y a tellement de bonnes occasions à saisir. Je suis convaincue que la croissance sera au rendez-vous. Une croissance intelligente qui ajoute de la valeur. Et vous savez quoi? Si la confiance du marché change et que les gens veulent voir une croissance plus audacieuse, on saura être à la hauteur. Mais pour le moment, je pense que j’essaie de me concentrer sur ce qu’on fait le mieux, faire nos preuves, encore et encore, et je n’ai pas de doute que l’avenir sera brillant pour Northland.
Sean Steuart :
Quelle belle conclusion. Merci beaucoup pour votre temps, Christine. J’ai hâte à la journée des investisseurs dans quelques mois pour en savoir plus sur cette trajectoire de croissance.
Christine Healy :
Merci, Sean. Ça a été un plaisir.
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Sean Steuart
Directrice générale, Recherche sur les actions, TD Cowen
Sean Steuart
Directrice générale, Recherche sur les actions, TD Cowen
Sean est devenu analyste en papier et en produits forestiers en Amérique du Nord en 2000 et couvre le secteur canadien de l’énergie renouvelable depuis 2008. Il dirige maintenant 14 actions dans les deux secteurs et a toujours été classé analyste TopGun par Brendan Wood International, une société de sondages sur les marchés de capitaux mondiaux. Avant de se joindre à Valeurs Mobilières TD, Sean a acquis une vaste expérience de travail dans des usines de pâtes et papiers au Canada et aux États-Unis. Il a obtenu une maîtrise en administration des affaires de l’Université York en 1998 et est titulaire d’un baccalauréat spécialisé en commerce de l’Université McMaster. Il détient le titre de CFA.