Invité : Frank McKenna, Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
Animateur : Peter Haynes, Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Frank avait la mine basse à son arrivée à l’enregistrement du balado de septembre, ce qui est inhabituel vu son éternel optimisme. Qu’est-ce qui pouvait bien affecter son humeur? Eh bien, il énumère plusieurs enjeux en lien avec l’administration américaine actuelle qui lui font remettre en question le statut des États-Unis en tant que leader du monde libre. De plus, il craint que le président Trump ait recours à la clause de retrait de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), une possibilité autorisée en vertu de l’article 34.6 de l’accord actuel.
Par conséquent, le premier ministre du Canada Mark Carney doit continuer à renforcer ses relations commerciales avec d’autres partenaires que les États-Unis, comme il l’a fait dernièrement en rencontrant la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum. Frank est satisfait de la nomination de Dawn Farrell à la tête du Bureau des grands projets et trouve réaliste le mandat que s’est donné le Bureau, soit la mise en œuvre du concept « un projet, un examen » afin que les projets puissent être réalisés dans un délai de deux ans. Il nous fait part de ses réflexions sur la liberté d’expression dans la foulée de l’assassinat de Charlie Kirk ainsi que sur la dépendance à la guerre de Poutine.
Pour finir, Frank a retrouvé le sourire lorsque nous avons parlé de ses chers Blue Jays, comme nous avons l’habitude de le faire à la fin de chaque balado
| Chapitres: | |
|---|---|
| 0:52 | L’humeur maussade de Frank à l’égard des relations entre le Canada et les États-Unis |
| 6:33 | Trump renégociera-t-il l’ACEUM, ou le fera-t-il voler en éclats? |
| 20:50 | Carney étend ses relations commerciales |
| 23:09 | Dawn Farrell et cinq importants projets d’infrastructure du Canada |
| 28:58 | La reconnaissance de l’État de Palestine par le Canada et d’autres pays du G7 |
| 34:33 | Le paysage politique polarisé des États-Unis |
| 41:26 | La dépendance à la guerre de Poutine |
Ce balado a été enregistré le 23 septembre 2025 à 18 h (HE).
FRANK MCKENNA : On observe comment se comporte ce nouveau gouvernement. On observe ce Bureau des grands projets. On observe la nomination de Dawn Farrell. On observe la nomination du ministre des Ressources naturelles. Et on commence à croire au Canada en tant que pays propice aux investissements.
PETER HAINES : Bienvenue à l’épisode 68 de Géopolitique en compagnie de l’honorable Frank McKenna, qui se joint à moi en studio pour la première fois depuis longtemps. Frank est habillé aux couleurs des Blue Jays, prêt à se rendre au Rogers Centre dans l’espoir de voir son équipe se rapprocher de la première place de la division Est de la Ligue américaine. On va parler des Blue Jays en fin d’épisode, mais comme toujours, je suis Peter Haines, l’animateur de ce balado dans lequel on va discuter de certains enjeux géopolitiques majeurs qui touchent les investisseurs, les négociateurs et toute autre personne dans le monde qui serait intéressée. Enfin, on va parler de baseball. Bonjour Franck, j’espère que tu vas bien? Je vais commencer par un courriel assez touchant que tu m’as envoyé d’un auditeur canadien qui était très élogieux à l’égard de ce balado. Cet auditeur, je cite, trouve notre approche et notre tact particulièrement enrichissants et réconfortants en ces temps difficiles. Fin de la citation. L’auditeur poursuit en disant dans son message qu’on apporte un sentiment d’optimisme dans les conversations, ainsi qu’une perspective pragmatique et réaliste qui est rafraîchissante. Et je dois dire, Frank, que je partage totalement l’avis de cet auditeur. Cela dit, on a assisté ensemble à un événement pour les clients la semaine dernière ou la semaine précédente, lors duquel on a rencontré un investisseur étranger qui s’intéressait aux relations entre le Canada et les États-Unis, et je dois avouer que je ne t’avais jamais vu aussi pessimiste. Pourquoi un tel cafard? Ou est-ce que j’ai mal interprété ton humeur?
FRANK MCKENNA : Tu as probablement raison. Soit dit en passant, je suis très optimiste à l’égard du Canada. J’aime la direction que prend le pays. Je pense que Trump a été un événement rassembleur pour les Canadiens. On avait besoin de cet électrochoc, et je pense qu’on l’a eu. À moyen et long terme, je suis donc très optimiste quant à l’avenir du Canada, à notre capacité à mener à bien nos projets, à commercialiser nos ressources, à tirer pleinement parti des rentes économiques, etc. Je suis donc plutôt confiant à ce sujet. À court terme, je suis inquiet au sujet des États-Unis et de leur rôle dans le monde, et c’est en tant que fervent admirateur de ce pays que je m’exprime ainsi. Pendant très longtemps, je les ai considérés comme les policiers du monde, les leaders moraux de la planète. En effet, la Pax Americana remonte à environ 70 ans, et ce parapluie nous a tous réconfortés. Ça nous a permis de vivre dans un monde essentiellement pacifique et véritablement solidaire, où chacun pouvait aspirer à une vie un peu meilleure. On s’en sortait tous un peu mieux parce que nos voisins s’en sortaient un peu mieux. Je m’inquiète à court terme de l’imprévisibilité totale des États-Unis en tant que phare et modèle. Il semble que la confiance du monde envers la capacité des États-Unis à maintenir l’ordre et la stabilité s’effrite rapidement. Rien que ces deux derniers jours, il s’est passé assez d’événements pour remplir deux semaines d’émission. Au cours des derniers jours, un troisième bateau a explosé dans les Caraïbes sans procès, sans accusation ni rien, de façon purement arbitraire. C’est peu commun. Un procureur qui avait refusé de poursuivre plusieurs personnes que Trump n’aimait pas a été licencié. C’est peu commun là encore. Trump a supprimé tous les financements destinés aux pistes et sentiers cyclables, car il estime qu’ils nuisent aux voitures. Peu commun. Aux États-Unis, l’énergie éolienne n’est plus considérée comme une source d’énergie renouvelable. Un projet à plusieurs milliards de dollars, achevé à près de 90 %, a tout bonnement été interrompu. Tout ça est étrange. Il s’agit en fait de choisir les personnes qui seront en poste à la banque centrale afin que les décisions prises aillent dans le sens souhaité, c’est-à-dire vers une baisse des taux d’intérêt. Encore une fois, assez peu commun. Tenter de contraindre quelqu’un à quitter la banque centrale en portant des accusations criminelles. Je trouve ça franchement inquiétant. Les manœuvres destinées à orienter la banque centrale dans une certaine direction m’inquiètent. Dans son discours aux Nations Unies, le président Trump a dit que les changements climatiques étaient la plus grande arnaque au monde. Or, quand on discute avec des dirigeants du monde entier, on constate que tous subissent les effets des changements climatiques et prennent des mesures pour y remédier. Et puis il y a en gros le modèle, la force morale du monde qui dit que tout ça n’est qu’une arnaque et que c’est de l’argent jeté par les fenêtres. Ou encore, en matière d’immigration, que c’est de la folie d’accueillir des immigrés. Sans les immigrés, un pays comme le nôtre verrait sa population diminuer de moitié. À Toronto seulement, plus de la moitié de la population n’est pas originaire de la ville. On a appris à vivre avec deux langues et cultures fondatrices, la communauté Premières Nations et des millions de personnes venues du monde entier pour s’installer dans notre pays. Des pays comme l’Italie ou le Japon, et de nombreux autres pays dans le monde seraient confrontés à un déclin démographique effréné s’ils n’accueillaient pas de nouveaux arrivants. C’est le cas partout en Europe. Voilà donc la situation. Il vient de reprocher aux Nations Unies qu’un escalier mécanique ne fonctionnait pas pour sa femme ou qu’un microphone ne fonctionnait pas pour lui. En Ukraine, il est passé d’une indifférence totale quant à savoir si la Russie devait gagner la guerre ou non, à affirmer aujourd’hui que l’Ukraine pourrait les repousser et reprendre tous les territoires occupés. Personne n’y comprend plus rien. Des droits de douane de 50 % sur le Brésil, parce qu’il n’aimait pas la façon dont son ami Bolsonaro a été traité. Des droits de douane de 50 % sur Modi en Inde. Et nous, on est assis là, à essayer de comprendre tout ça, à chercher une cohérence et espérer y trouver un sens rassurant, alors qu’au fond, rien de tout ça n’a de sens. De toute évidence, les Américains ont fait leur choix et sont à l’aise avec l’élection de Trump, mais je parle maintenant pour le reste du monde et je dis que l’imprévisibilité de cette administration est très effrayante et inquiétante.
PETER HAINES : Tu as abordé beaucoup de sujets, Frank, dont certains figurent à l’ordre du jour. Tu nous as donné beaucoup de matière à réflexion. Je vais commencer notre conversation en me concentrant sur… et je vais essayer de te redonner le moral. J’espère y arriver. Je vais commencer par parler de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique, ou ACEUM, qui est l’un des sujets dont on a parlé avec cet investisseur international et qui, selon moi, explique en partie ta consternation. Mais tu vas nous en dire davantage. La semaine dernière, les États-Unis ont amorcé un processus de consultation de 45 jours avant la tenue d’audiences publiques sur l’ACEUM, qui doivent se tenir en novembre. L’objectif de ce processus de consultation est de donner aux États-Unis toutes les informations nécessaires avant la révision officielle de l’accord prévue en juillet prochain. Frank, il y a eu beaucoup de malentendus quant à la signification exacte de la révision de l’ACEUM prévue en juillet 2026 et quant à savoir s’il existe réellement un risque que l’accord commercial trilatéral disparaisse, comme le permet l’article 34.6 de l’accord. Peux-tu dissocier les faits de la fiction pour nous?
FRANK MCKENNA : Il y a beaucoup à dire à ce sujet. Donald Trump a négocié le dernier ACEUM parce qu’il considérait l’ALENA comme le pire accord jamais conclu et l’ACEUM comme le meilleur. Alors, tout le monde a signé l’ACEUM. Mais on constate que certaines pilules empoisonnées commencent à faire surface. L’une d’elles est la révision après six ans. Elle aura lieu en juillet prochain, mais la consultation a commencé ce mois-ci, en octobre. Il s’agissait d’une révision, et non d’une réouverture des négociations en tant que telle, afin que toutes les parties concernées puissent en discuter et voir si elles peuvent s’entendre sur un type de réparation si l’une d’entre elles est lésée. C’était l’intention initiale. Si tout le monde était vraiment satisfait, on pourrait renouveler l’accord et le prolonger jusqu’en 2036. Dans le cas contraire, l’accord serait reporté à l’année suivante, puis à l’année d’après. Ainsi, il y aurait une révision chaque année. Le seul problème, c’est qu’il y a une autre pilule empoisonnée, beaucoup plus inquiétante, et elle peut être fatale. C’est l’article que tu as mentionné. Il est possible de se retirer de l’ACEUM moyennant un préavis de six mois. La bonne nouvelle, c’est que le Canada fait probablement l’envie du monde entier en raison de la situation dans laquelle on se trouve, car la plupart de nos produits sont visés par l’ACEUM et ne font l’objet d’aucun droit de douane en vertu de l’accord. 95 % de nos produits en sont exempts. Ceux pour lesquels on paie des droits de douane sont payés au prix fort. L’aluminium, l’acier et les automobiles sont soumis à 25 %. L’acier et l’aluminium à 50 %. Le cuivre. Une nouvelle série de droits de douane s’annonce concernant le bois d’œuvre, les produits pharmaceutiques, les semi-conducteurs, etc. Tous ces produits sont durement touchés. Toutefois, nos droits de douane globaux sont nettement inférieurs.
PETER HAINES : On parle souvent de taux mixte, qui se situe autour de 5 %, n’est-ce pas?
FRANK MCKENNA : C’est exact. Tout le monde fait son analyse. Certains évoquent 3 %. D’autres jusqu’à 5 % ou 6 %. Toutes les banques ont des opinions à ce sujet, mais on se situe probablement dans cette fourchette de 5 %. Mixte. Ça n’aide pas si vous êtes dans le secteur de l’acier. Ça ne vous regarde pas. J’utilise souvent l’anecdote du statisticien qui s’est noyé dans une rivière dont la profondeur moyenne n’était que de quatre pieds. Si vous êtes dans l’acier, vous allez vous noyer. C’est un dossier très difficile. Donc tout va bien. Ce n’est pas merveilleux, parce qu’on se bat avec notre meilleur ami dans certains dossiers, mais ce n’est pas mal. Toutefois, certains éléments indiquent que Trump, dans le cadre de sa stratégie de négociation, pourrait décider de retirer les États-Unis de l’ACEUM en donnant son préavis de six mois. Cette possibilité est prise très au sérieux par les parties prenantes de l’accord et par les membres de sa propre administration. Je peux t’assurer que ce ne sont pas que des paroles en l’air. Si ça devait arriver, ce serait un scénario catastrophe, parce que la confiance des investisseurs et des consommateurs au Canada, au Mexique et aux États-Unis serait sapée, car ils seraient dans l’incertitude quant à l’avenir et ne sauraient pas s’ils pourraient continuer à accéder à ces marchés sans s’acquitter de droits de douane. Je pense que ce serait un très mauvais scénario pour le Canada, sans aucun doute, mais aussi pour les États-Unis. C’est peut-être la seule raison pour laquelle il n’aura pas lieu. Trump ne souhaite pas se mettre encore plus à dos le milieu des affaires, déjà très hostile à son administration, mais on ne peut pas totalement exclure cette possibilité. Et je te le dis Peter, si c’est le cas, ce serait très, très grave. S’il déclenchait ce scénario apocalyptique, son objectif serait de renforcer sa position dans les négociations afin de pouvoir dire : « J’exige ceci, cela, etc., et si vous ne le faites pas, on va mettre fin à l’accord, et on verra ce que vous en dites. » Ce qu’on ignore encore, Peter, et j’invite les juristes qui nous écoutent à réagir, c’est si le Congrès a, oui ou non, un rôle à jouer. D’après ce que je comprends, ce n’est pas le cas, il n’a pas de pouvoir décisionnel direct. Lorsqu’on signe un traité, celui-ci doit être ratifié par le Congrès. Pour l’instant, il n’y a tout simplement aucun cadre officiel qui permettrait au Congrès de donner son avis là-dessus. Parce que soyons honnêtes, s’il en existait un, je pense qu’il aurait déjà exprimé son désaccord, en jugeant la mesure beaucoup trop sévère. Honnêtement, je ne pense pas que les États-Unis iraient jusque-là. On est à l’approche des élections de mi-mandat, et le Congrès, à mon avis, serait plutôt enclin à préserver les relations qu’à les tendre davantage. J’espère et je prie pour qu’ils exigent d’avoir leur mot à dire dans tout ça, parce que si ce n’est pas le cas, ce sera au président Trump lui-même de décider, et les négociations en seront d’autant plus difficiles.
PETER HAINES : OK, imagine la scène : tu es avec Mark Carney, son cabinet, et ton ami, l’honorable Dominic LeBlanc, qui est au cœur de ces négociations. Tu es dans la même pièce qu’eux. Quels conseils leur donnerais-tu? On a deux pistes possibles : soit on se dirige vers une renégociation difficile mais classique de certaines dispositions de l’ACEUM, soit on bascule vers un scénario beaucoup plus brutal dans lequel le président Trump décide d’envoyer son préavis de six mois. Quels conseils donnerais-tu aux négociateurs du Canada en prévision d’une négociation au cours de laquelle le scénario apocalyptique aurait été déclenché?
FRANK MCKENNA : De toute évidence, ils n’ont pas besoin de mes conseils, car ce sont d’habiles négociateurs, mais je pense qu’à un moment donné, on doit élargir la question afin qu’elle ne se limite pas aux seuls enjeux commerciaux. Le problème qui se pose est qu’au cours des consultations, tous les fabricants de widgets, par exemple, vont y aller de leur revendication du type : « J’ai besoin d’une protection pour mon usine de widget. » C’est tout l’enjeu d’un accord de libre-échange : on ne peut pas protéger toutes les usines de widget, et tout le monde y gagne…
PETER HAINES : Sur le plan collectif plutôt qu’individuel.
FRANK MCKENNA : Exactement. Mais si on commence à écouter les gens lors des consultations, la seule chose qui leur tient à cœur, à juste titre, c’est leur bien personnel. C’est pourquoi il nous faut des dirigeants qui voient au-delà de ça. Si les dirigeants étaient au-dessus de ça, ils n’écouteraient pas les quelques chefs de la direction de sociétés d’aluminium leur expliquer pourquoi ils ont besoin de prix plus élevés pour l’aluminium. Ils écouteraient les 100 000 entrepreneurs qui utilisent l’aluminium dans leurs activités et qui diraient que c’est de la folie. Il faut maintenir le prix de l’aluminium à un niveau bas et éviter les droits de douane. Le problème, c’est que M. Trump semble écouter beaucoup de ces quelques chefs de la direction milliardaires qui lui murmurent à l’oreille, plutôt que les nombreuses autres personnes qui sont concernées. Je dirais qu’il faut être en mesure de négocier. Avant tout, il faut qu’on s’accorde sur les faits. Il parle de « subventions » de 300 milliards de dollars des États-Unis envers le Canada. C’est faux. Les échanges commerciaux sont presque à l’équilibre, et sont probablement les plus équilibrés parmi les dix principaux partenaires commerciaux. Et quand on pense que notre relation commerciale est la plus importante, le fait qu’elle soit équilibrée est un énorme avantage pour nous. Et la seule raison pour laquelle il y a un déficit, c’est parce qu’on expédie les matières premières dont ils ont besoin, et ils les transforment en emplois. Ce n’est pas comme le Mexique, par exemple, ou le Vietnam, qui expédient des produits manufacturés qui, d’une certaine manière, nuisent aux emplois aux États-Unis. Nous, on expédie des matières premières qui créent des emplois. Ensuite, je ferais en sorte que les marchandises fassent aussi partie de la discussion. On a un très gros déficit commercial avec les États-Unis à ce niveau-là. Ils oublient toujours les services comptables ou toutes sortes d’autres biens, les services-conseils qu’on leur achète, comme s’ils ne comptaient pas. Pourtant, ils pèsent énormément dans la balance.. Je les intégrerais, et je rappellerais aux États-Unis que, parmi les millions de soldats qu’ils ont déployés à travers le monde, aucun n’est présent à la frontière nord. On est des alliés, et ça n’est pas rien. En résumé, je négocierais sur les marchandises, mais j’ajouterais également d’autres considérations. Dans les années 1980, on a conclu l’accord de libre-échange initial, qui portait sur la dépendance énergétique et un programme de sécurité énergétique en Amérique du Nord. Je pense que même si les noms changent, le principe de base reste le même. Ils auront accès à notre uranium, par exemple, un élément essentiel pour leurs réacteurs. Ils auront accès à notre potasse. On produit 85 % de leur potasse, c’est un minerai essentiel à leur agriculture. Ils auront accès à nos minéraux critiques, qui sont essentiels à leur secteur manufacturier. On peut faire tout ça. On peut aussi renforcer la relation militaire en s’engageant à respecter le pourcentage du PIB affecté à la défense requis par l’OTAN. Ce serait très avantageux pour la relation. On pourrait même accepter le « dôme d’or », un bouclier antimissile déployé sur l’Amérique du Nord. C’est un projet qui leur tient à cœur. On peut parler de sécurité à la frontière, mais il faut se montrer fermes. À mon avis, Peter, en ce qui nous concerne, il faut dire qu’on n’a aucun problème de fentanyl à la frontière nord. Quiconque se penche sur la question aurait le même constat : il n’y a pas de problème de fentanyl. Il faut retirer ces droits de douane de 35 %. En revanche, on a un problème avec la méthamphétamine et d’autres substances qui passent de votre frontière à la nôtre. Corrigez ce problème. Des dizaines de milliers de migrants quittent les États-Unis pour s’établir au Canada. Vous devez régler ce problème. C’est à vous de le faire. 70 % des armes à feu utilisées pour des homicides au Canada proviennent des États-Unis. Vous pouvez y remédier. Ils disent vouloir le libre-échange sur l’agriculture, mais n’utilisent même pas le quota qu’on leur a donné. OK, vous voulez le libre-échange sur l’agriculture, mais acceptez-vous d’ouvrir le marché du sucre au libre-échange en contrepartie? À l’heure actuelle, 85 % du marché du sucre est protégé. Je pense qu’on peut leur démontrer, de bien des façons, que notre relation est juste, équilibrée et mutuellement bénéfique, et qu’en y intégrant des volets comme la frontière ou la sécurité, on la rend encore plus intéressante pour les États-Unis.
PETER HAINES : Tout le monde sait que M. Trump doit sortir gagnant de ce scénario apocalyptique. Selon toi, de quoi aurait-il le plus besoin pour pouvoir crier victoire?
FRANK MCKENNA : Probablement l’accès aux minéraux critiques, si l’on en élargit un peu la définition et que l’on inclut l’uranium, la potasse et les minéraux critiques purs parmi les 31 répertoriés comme disponibles au Canada. Ce serait exactement le genre de dossier qu’il présenterait comme une victoire éclatante. Il se dirait : « J’ai du mal à négocier avec la Chine, parce qu’elle a le monopole sur les terres rares, et on ne veut pas dépendre de la Russie, de la Chine, ni de personne d’autre. Heureusement, notre ami le Canada est prêt à nous aider avec les minéraux critiques, et on va donc y avoir accès. » Sans oublier les matériaux clés pour notre propre sécurité, comme l’aluminium, l’acier, le cuivre, le nickel… tous les métaux stratégiques dont le Canada regorge et dont on a besoin pour soutenir notre secteur de la défense, que le Canada détient et s’engage à mettre à disposition selon les termes cet accord.
PETER HAINES : Frank, permets-moi une remarque en passant. Juste avant mon arrivée, Washington a annoncé renégocier une entente de prêt avec Lithium Americas, la société qui détient le plus grand gisement de lithium du pays. Et dans le cadre de cette nouvelle entente, le gouvernement américain obtiendrait des bons de souscription à coût zéro, qui pourraient lui donner jusqu’à 10 % de participation dans une société ouverte. On sait que le gouvernement a également acquis une participation dans Intel. Il y a certainement des avantages et des inconvénients à ce que le gouvernement fédéral socialise l’exposition aux actions dans son bilan. J’aimerais savoir ce que tu en penses. À ton avis, le gouvernement américain va-t-il poursuivre cette approche ou bien s’agit-il d’un cas isolé?
FRANK MCKENNA : Non, je pense que ça va continuer, parce que ça fait partie de l’idéologie du président. C’est étonnant venant d’un républicain. L’ingérence manifeste de l’administration dans le rachat d’U.S. Steel par Nippon Steel, qui a obtenu en échange une action en or, renversant la situation, influençant la décision… Lorsque U.S. Steel a tenté de fermer une aciérie en Pennsylvanie la semaine dernière, et que le gouvernement américain est intervenu en disant « non, vous ne pouvez pas faire ça, on s’y oppose » en invoquant son action en or… Le fait d’exiger un droit de douane de 15 %… Aucun problème à ce que NVIDIA vende des puces à la Chine, mais on veut juste que vous payiez votre part. La prise de participation dans Intel. La prise de participation, comme tu viens de le mentionner, dans la production de lithium. Toutes ces choses sont sans précédent pour une administration républicaine. À bien des égards, cette administration est plus socialiste que les pays les plus socialistes du monde. C’est du capitalisme administré. C’est très étonnant. TikTok. En gros, Washington hausser met la pression à TikTok, en expliquant qu’ils ne pourront pas l’autoriser aux États-Unis sans participation majoritaire et un ensemble de garde-fous, etc. Donc non, je pense que ça fait partie de la stratégie de Trump, et qu’on n’est pas au bout de nos surprises. Le pire, c’est que le Parti républicain s’est couché et a dit : « Oui maître, si vous pensez qu’on doit finir par devenir une société capitaliste étatisée, alors on vous suit. »
PETER HAINES : Je pense que cela contribue au fait que le marché se négocie à des sommets historiques. Personne ne pense que le marché peut baisser. Je pense qu’il existe bel et bien une main invisible pour protéger le marché contre les baisses, sinon ce serait préoccupant pour les personnes qui misent sur des actifs à risque. Frank, j’aimerais passer à un autre sujet. Lors de la rencontre du premier ministre Carney la semaine dernière avec la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum à Mexico, les deux leaders sont convenus de renforcer les liens entre les deux pays. Les points de discussion habituels qui découlent d’une réunion comme celle-ci visent à renforcer les liens tout en s’engageant à maintenir un partenariat commun avec les États-Unis. On n’est plus du tout dans la même dynamique qu’il y a quelques mois, quand les rapports entre le Canada et le Mexique étaient un peu plus compliqués et qu’il semblait y avoir du potentiel pour le renforcement des relations commerciales bilatérales avec les États-Unis. Ce rapprochement du Canada envers le Mexique s’inscrit-il dans une volonté de diversification commerciale, pour réduire la dépendance vis-à-vis des États-Unis? Ou bien il y a d’autres enjeux derrière?
FRANK MCKENNA : Un peu des deux. Je pense qu’on se voit comme des partenaires naturels. Quoi qu’il advienne de l’ACEUM, notre relation commerciale sera maintenue. Je pense que c’est logique. Le Mexique compte environ 140 millions d’habitants. C’est un marché important, et même si le Canada ne compte que 40 millions d’habitants, c’est un marché prospère. Donc oui, c’est logique. Deuxièmement, je pense que ce qu’il se passe, c’est qu’il y a une volonté commune de se dire : « Ne laissons pas les États-Unis nous diviser. Ne les laissons pas nous décimer un par un. Restons unis et multiplions les échanges. Si vous envisagez de prendre une décision sur un coup de tête, dites-le-nous et on verra ensemble ce qu’on peut faire, etc. Je pense donc sincèrement qu’il s’agit d’une stratégie judicieuse de la part de deux dirigeants responsables.
PETER HAINES : J’ai également noté qu’Anita Anand s’adressait aujourd’hui à la Chine et à l’Inde en marge des Nations Unies, pour parler du renforcement des partenariats. Je crois qu’elle se rend en Extrême-Orient pour s’entretenir avec des dirigeants.
FRANK MCKENNA : Oui, j’en ai justement parlé avec elle récemment. Mon conseil, même si elle n’en a pas besoin, serait de se concentrer en priorité, selon moi, sur le renforcement de notre accès aux plus grands marchés mondiaux. On a des personnes qui travaillent sur le dossier des États-Unis avec assiduité, mais on a des relations à rétablir avec l’Inde et la Chine, particulièrement l’Inde, qui représente un marché très intéressant. Je pense que le premier ministre Carney et la ministre Anand font du bon travail depuis quelques mois, à commencer par le G7 à Kananaskis.
PETER HAINES : Bien. Le mois dernier, le Premier ministre Carney a également dévoilé son choix pour le poste de cheffe de la direction du Bureau des grands projets. La personne qui occupe ce poste maintenant, Dawn Farrell, est également responsable du lancement initial de cinq projets d’édification nationale, y compris, premièrement, la phase 2 du projet canadien de GNL à Kitimat, le projet de petits réacteurs modulaires à la centrale nucléaire de Darlington, un projet de mine de cuivre en Saskatchewan, l’expansion d’un port à Montréal et l’expansion de la mine de cuivre Red dans le nord de la Colombie-Britannique. Je trouve que cette liste de grands projets dévoilée par le Premier ministre Carney il y a quelques semaines se distingue par ce qui n’y figure pas, à savoir un oléoduc. Tout d’abord, es-tu surpris par cette omission? Et deuxièmement, que penses-tu de Dawn Farrell?
FRANK MCKENNA : Je vais commencer par Dawn Farrell. C’est un excellent choix. J’ai siégé à des conseils d’administration avec elle. C’est une administratrice très accomplie. Elle a fait de l’excellent travail sur le projet Trans Mountain et a démontré non seulement ses compétences opérationnelles, mais aussi politiques. Elle dialogue avec les Premières Nations, travaille avec Ottawa, gère les droits de péage et la coordination des travaux. Je pense que c’est un choix judicieux. Je n’ai pas été surpris qu’aucun oléoduc ne soit à l’ordre du jour, pour la simple raison qu’il faut un promoteur du secteur privé. Il faut que quelqu’un arrive et dise : « Je veux construire un oléoduc. Vous me suivez? » De toute évidence, malgré tous les efforts déployés par la première ministre Smith en Alberta, rien n’a été fait. Ça ne veut pas dire pour autant qu’il n’y a pas d’intérêt. Je sais qu’ils évaluent actuellement cette possibilité, mais la construction du Northern Gateway, qui est l’oléoduc le plus souvent évoqué, représenterait probablement un investissement de 30 à 40 milliards de dollars. Pour ce faire, il faut absorber ce coût dans les droits de péage de l’oléoduc. Les utilisateurs sont-ils prêts à payer? Il y a aussi de la concurrence, Peter. C’est un autre aspect. Beaucoup de producteurs se disent qu’ils veulent plus de barils et d’oléoducs, mais il n’est pas nécessaire que cet oléoduc soit neuf. Trans Mountain dispose donc d’une capacité supplémentaire de 250 à 300 000 barils, moyennant quelques ajustements, l’ajout de solvant dans l’oléoduc et probablement une pressurisation, entre autres. South Bow examine les endroits où il est possible de dégoulotter et d’ajouter des capacités. Enbridge aussi. Il y a probablement 1 M, 1,5 M de barils de pétrole qui peuvent être produits sans nouvelle construction. Ça permettrait de réduire les coûts, en utilisant les droits de passage existants, ce qui serait beaucoup moins compliqué. Donc, d’une certaine façon, un nouvel oléoduc entrerait en conflit avec ça. Ça ne veut pas dire que les deux ne peuvent pas coexister, mais l’urgence d’une reconstruction complète disparaît lorsque d’autres solutions sont envisageables. Actuellement, le nombre de sorties est assez élevé. L’écart se réduit considérablement, du fait de Trans Mountain. Pour le moment, je dirais qu’il faut travailler sur la capacité, qui a été conçue pour générer des revenus plus élevés, en l’utilisant sur le marché au comptant. Et je pense qu’on tente actuellement de transformer ça en un marché de capacité. Dans ce cas, davantage de pétrole pourrait être transporté très rapidement.
PETER HAINES : En ce qui concerne le mandat de Dawn Farrell, s’inscrit-il dans le cadre principe « un projet, une évaluation, une décision »? Est-il réaliste de penser que les projets visés par la Loi visant à bâtir le Canada, que le premier ministre Carney a présentés avec le Bureau des grands projets, peuvent respecter ces délais?
FRANK MCKENNA : Oui, je pense que oui. J’aimerais rappeler qu’en temps de guerre, l’oléoduc d’Alaska a été construit à raison de 13 km, 13 milles à l’époque, 13 milles par jour. Lorsqu’on doit faire quelque chose, on est soumis à une forte pression pour y parvenir. Avant, on était dans une forme de flou, c’est-à-dire que si une proposition était faite, tout le monde prenait plus ou moins son temps, la faisait passer par toutes les étapes imaginables, puis la transférait à quelqu’un d’autre, qui la faisait passer à quelqu’un d’autre, etc. Dans ce cas-ci, tout se fait rapidement. Je ne pense pas qu’on envisage vraiment d’extraire des minéraux d’une mine dans deux ans, mais on veut obtenir les permis nécessaires et arrêter une décision quant à la construction. Et je pense que c’est faisable. Oui. Le projet de GNL que tu as mentionné est bien avancé. Ces mines sont déjà bien avancées, notamment au port de Montréal, etc. Elles sont sur la piste de décollage. Et je pense que ça va vraiment les aider à décoller. Donc, oui, je pense que tout est faisable. En passant, Peter, j’aimerais dire quelque chose que j’ai observé au cours des derniers jours : le reste du monde nous regarde. J’ai eu une conversation aujourd’hui, par exemple, qui m’a fait du bien. Le reste du monde observe ce que fait notre nouveau gouvernement. On observe ce Bureau des grands projets. On observe surveille la nomination de Dawn Farrell, on observe la nomination du ministre des Ressources naturelles, etc. Et on commence à croire au Canada en tant que pays propice aux investissements. C’est un État de droit, avec un gouvernement favorable au marché. Et peut-être que c’est un bon endroit pour investir. On commence donc à percevoir un changement dans la confiance des investisseurs à l’égard du Canada, simplement en raison du processus en cours, même si aucun nouveau projet n’est actuellement en construction. C’est un point positif.
PETER HAINES : Oui. Tu as dit favorable aux entreprises, au marché. Je pense que c’est ce qu’il faut retenir. C’est un gouvernement favorable aux entreprises. Ça ne veut pas dire qu’un gouvernement d’opposition ne l’aurait pas été s’il avait été au pouvoir, mais il est certain que le premier ministre Carney a ouvert la voie et, jusqu’à présent, a su placer le Canada dans une bonne position sur la scène internationale. En parlant d’enjeux mondiaux, cette semaine, lors des réunions des Nations Unies, le Canada s’est joint au Royaume-Uni et à l’Australie pour reconnaître officiellement la Palestine en tant qu’État. Lors de la réunion de l’ONU de lundi, le président français, Emmanuel Macron, a déclaré que la France leur emboîterait le pas. Ces annonces sont-elles symboliques ou vont-elles plus loin?
FRANK MCKENNA : Il est intéressant de noter que ce processus a été initié par la France et l’Arabie saoudite. De toute évidence, ce qui se passe au Moyen-Orient suscite beaucoup d’inquiétude à l’échelle internationale. Pour le Canada et les autres pays occidentaux en particulier, la reconnaissance de la Palestine mettra davantage de pression sur Israël pour qu’il tente de traiter avec les Palestiniens d’une manière qui soit plus acceptable aux yeux de la communauté internationale. Ça concerne avant tout la Cisjordanie, évidemment, et le gouvernement dirigé par Mahmoud Abbas, qui a exclu toute participation du Hamas à la future administration. Ils aimeraient former un gouvernement en Cisjordanie. Il n’a même pas été autorisé à se rendre aux Nations unies aujourd’hui. Les États-Unis ne lui ont pas donné la permission d’entrer sur le territoire pour faire un discours. Au total, 130 pays reconnaissent la Palestine. On fait partie d’une grande communauté internationale qui prend cette direction.
PETER HAINES : À cet égard, les dirigeants militaires israéliens semblent prêts à aller n’importe où pour éliminer quiconque ils considèrent comme terroriste, quel que soit l’endroit. Dernièrement, ils ont notamment mené des frappes sur le territoire souverain du Qatar, médiateur neutre, accusé par le premier ministre israélien Netanyahu d’abriter des terroristes. Penses-tu qu’il existe un point au-delà duquel les États-Unis diraient à Israël que les choses vont trop loin? Une ligne rouge, disons.
FRANK MCKENNA : Je pense que les États-Unis considèrent qu’Israël a déjà franchi une ligne rouge. À mon sens, Washington a plutôt mal digéré ce qui s’est passé au Qatar. Il faut dire que, sous cette administration comme sous la précédente, avec Jared Kushner et d’autres, les États-Unis ont été les véritables architectes des accords d’Abraham, qui ont rapproché Israël et plusieurs États arabes dans une excellente logique de coopération, un travail diplomatique remarquable. Et ces accords sont en péril en ce moment. Je ne pense pas que ce soit ce que souhaitent les États-Unis. Je pense que même si leurs prises de position en public sont plutôt favorables à l’égard d’Israël, ils en sont probablement assez critiques en privé.
PETER HAINES : De toute évidence, on surveille la situation de près à l’échelle mondiale. Avant de passer aux affaires internationales, Frank, je voudrais te donner l’occasion de dire quelques mots au sujet de la décision prise par l’actuelle ministre du Cabinet fédéral et ancienne ministre des Finances, Chrystia Freeland, de quitter le Cabinet Carney pour servir comme représentante spéciale du Canada pour la reconstruction de l’Ukraine. Je sais que tu as passé beaucoup de temps avec la ministre Freeland pendant ses différents mandats. Que penses-tu de cette décision et quel héritage va-t-elle laisser?
FRANK MCKENNA : Question très intéressante, parce que c’est un héritage complexe. Au passage, elle m’a écrit aujourd’hui pour me dire que je lui avais appris à l’art de partir avec élégance. Je ne suis pas sûr pour ce qui est de l’élégance, mais…
PETER HAINES : Tu fais référence au fait de se retirer de la politique après 10 ans jour pour jour?
FRANK MCKENNA : Oui. Elle aurait également pu dire qu’il s’agissait d’un départ selon ses propres conditions. Je pense qu’elle a beaucoup de mérite. Ça lui donne une certaine crédibilité. Elle aura, je pense, de solides résultats à présenter. Par exemple, les services de garde d’enfants à l’échelle nationale, que beaucoup considèrent non seulement comme un programme social, mais aussi comme un programme économique. Ou encore les aides pour les personnes à faibles revenus. Beaucoup de personnes considèrent ces mesures tout à fait respectables. Sans oublier la toute première négociation de l’ACEUM. La façon dont Trump la dénigre est en réalité un atout pour elle au Canada. Si Trump la déteste, c’est sûrement parce qu’elle a mené les bons combats pour le Canada. Je pense que tout observateur objectif ne peut que reconnaître qu’elle a accompli un travail remarquable pour son pays au cours de ces négociations. Tous ces points sont donc positifs, et le fait qu’elle ait confronté Trudeau et quitté le Cabinet pour une question de principe sera probablement perçu comme un atout par les Canadiens. Je dirais que le pays reste assez critique face au financement du déficit et à une partie des politiques fiscales qu’elle a instaurées. Je suis de cet avis, et je ne pense pas être le seul. Au bout du compte, l’histoire retient surtout les décisions judicieuses. Avec le temps, les gens sont plus enclins à oublier le déficit ou les aspects négatifs et retiennent surtout les grandes réalisations, comme l’ALENA. J’ai beaucoup de respect pour Chrystia. Elle est entrée dans la vie publique, et je pense qu’elle lui a fait beaucoup de bien. Elle parle cinq langues. Elle est diplômée d’Harvard et d’Oxford. Elle a écrit plusieurs livres, et je peux te dire que pour en avoir lu un, ils sont impressionnants sur le fond comme sur la forme, volumineux, détaillés… Elle vient de la région des Prairies, d’une ferme en Alberta.
PETER HAINES : Elle a des origines ukrainiennes n’est-ce pas?
FRANK MCKENNA : Tout à fait. Elle va assumer l’un des rôles les plus difficiles, celui de tenter de gérer la situation en Ukraine. Je l’admire d’avoir mis toutes ces réalisations personnelles au profit du service public, puis d’avoir choisi de poursuivre dans cette voie. Voilà toutes les raisons qui font que je l’admire beaucoup.
PETER HAINES : Eh bien, on va garder un œil sur les livres d’histoire pour y lire ses commentaires au cours des prochaines années. On va maintenant parler des États-Unis, Frank. En fin de semaine, les partisans de Charlie Kirk, militant politique républicain et baladodiffuseur, se sont rassemblés en nombre pour lui rendre hommage lors d’une cérémonie funéraire en Californie. À entendre les commentaires de certains participants aux funérailles, on a l’impression que les États-Unis sont désormais très imprégnés d’une mentalité « nous contre eux » lorsqu’il s’agit de décrire le clivage entre la gauche et la droite. Bien que des commentateurs de tous les horizons politiques aient condamné le meurtre insensé de Kirk, le président Obama a rappelé aux Américains que la violence politique a pu faire partie de la démocratie américaine dans le passé. Dis-moi : selon toi, les États-Unis sont-ils aujourd’hui plus polarisés qu’au cours des précédentes périodes de division politique de leur histoire?
FRANK MCKENNA : L’histoire remonte à longtemps. On y inclut probablement la guerre de Sécession, etc. Je dirais que dans l’histoire moderne, cette période de polarisation est la plus marquée qu’on ai jamais vu. La situation est vraiment très tendue actuellement. Et je pense que c’est regrettable. Le débat est extrêmement polarisé et les propos tenus sont incendiaires. L’assassinat de Charlie Kirk est un événement tragique. Ça m’attriste à titre personnel. Il y a quelques mois à peine, on a perdu une membre du Congrès au Minnesota et son mari a également été assassiné. C’est regrettable que de tels événements se produisent dans des sociétés dites civilisées. Cette situation me préoccupe profondément. Le côté positif, si l’on peut parler de positif dans un événement aussi tragique, a été le discours de la veuve de Charlie Kirk, qui a fait preuve d’une dignité remarquable.
PETER HAINES : Et de pardon.
FRANK MCKENNA : Et de pardon, dans des circonstances extrêmement difficiles. Je l’ai écoutée, et je me suis dit que c’était la leçon à retenir de ce drame et qu’on devait s’en servir pour tenter de rendre le monde meilleur. De mon point de vue, ce serait la meilleure façon d’honorer le formidable militant politique qu’était Kirk.
PETER HAINES : Frank, c’est un sujet délicat, mais je me souviens que tu as cité l’ancien juge de la Cour suprême Oliver Wendell Holmes dans ce balado, qui a dit, au sujet du respect des limites du premier amendement, qu’on ne pouvait pas crier « au feu! » dans un théâtre bondé. Dans cette optique, j’aimerais savoir ce que tu penses de la décision d’ABC de suspendre Jimmy Kimmel pour ses propos sur Charlie Kirk, puis de rapidement reprogrammer son émission, qui revient d’ailleurs ce soir sur la plupart des chaînes affiliées à ABC.
FRANK MCKENNA : Oui, mais pas toutes. Certaines ont décidé de ne pas la reprogrammer. J’ai appris au cours de ma vie publique, parfois à mes dépens, qu’il fallait s’accrocher fermement à défendre la liberté d’expression, et que quelquefois, il fallait encaisser des coups pour protéger le droit de quelqu’un, en particulier sur un campus universitaire, de tenir des propos parfois scandaleux. Il doit bien évidemment y avoir une limite. Aujourd’hui, tout le monde tente de savoir où elle se situe. C’est très difficile de l’établir, mais je suis plutôt du genre à laisser les gens s’exprimer librement, pour ensuite leur dire, avec tout le respect que je leur dois, que je ne suis pas d’accord avec eux. Voilà mes raisons. C’est comme ça que Charlie Kirk a vécu sa vie. Il participait à des débats ouverts avec le public. Pour moi, c’est modèle qui fonctionne mieux. Mais au-delà de ça, ce qui m’inquiète davantage aux États-Unis, c’est le paysage de la radiodiffusion d’une manière plus large. Ce n’est pas la première fois qu’un diffuseur est en proie à des intimidations. Récemment, l’une des chaînes, ABC si je ne me trompe pas, a versé une somme importante à Donald Trump pour éviter un procès, car elle était en pleine négociation en vue d’une fusion. Concrètement, le patron d’Oracle est en train de manœuvrer pour regrouper plusieurs actifs médiatiques et s’imposer comme un pôle conservateur majeur, en parallèle de Fox News. Je pense sincèrement que c’est dangereux de ne pas disposer d’une presse indépendante. Je ne souhaite pas que les propriétaires finissent par dicter les lignes éditoriales. Je trouve que ça mine notre démocratie et que ce ne serait pas sain pour la démocratie américaine. J’ai tellement confiance dans les États-Unis, dans leur capacité à être une démocratie qui vit malgré les controverses, mais pour ça, ils doivent disposer de médias indépendants et permettre à toutes les voix de s’exprimer. Je me souviens de ces célèbres mots de Mao Tse Tung, je crois qu’il disait : « Que cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent. » Nos démocraties montrent leur meilleur visage lorsqu’on le leur permet, lorsqu’on laisse la possibilité au débat d’avoir lieu.
PETER HAINES : Frank, j’en reviens toujours à mes enfants qui sont dans la vingtaine et à la façon dont ils consomment l’information aujourd’hui. C’est très différent de la façon dont je m’informais quand j’avais leur âge. Je suis certain que c’était pareil pour toi. C’est simplement qu’ils ont accès à une quantité phénoménale d’informations, comme récemment avec le débat sur le Tylenol. C’est très compliqué. Les gens ne savent plus quoi penser des vaccins. Ils sont déboussolés, car ils reçoivent des informations issues d’une multitude de sources différentes. Les phrases-choc se succèdent sans cesse.
FRANK MCKENNA : Peter, j’aimerais simplement souligner, parce que les gens doivent… je ne pense pas que toutes les personnes qui nous écoutent comprennent dans quelle mesure les médias alternatifs sont désormais omniprésents. Des voix aux avis très tranchés se font entendre, disposent d’une grande influence et expriment des opinions extrêmement controversées voire souvent erronées. J’ai trouvé regrettable que le président ait personnellement participé au débat sur le médicament Tylenol et qu’il ait affirmé des choses qui excédaient les preuves dont on disposait. Pour ma part, je préfère laisser la communauté médicale faire son travail et prodiguer les conseils nécessaires, et plus largement, j’aimerais qu’on redonne à la science la place qu’elle mérite, parce que c’est elle qui nous guide depuis de nombreuses années. Or, aujourd’hui, on dirait presque qu’on retourne à une époque sombre où les livres pouvaient être brûlés et où les gens étaient arbitrairement écartés simplement à cause de leurs opinions. Et tant qu’on n’aura pas trouvé la bonne personne, et je parle ici du CDC, où certains dirigeants hautement respectés ont été licenciés, et je ne pense pas que ça soit dans notre intérêt… De plus, on oublie trop facilement Peter qu’une pandémie s’est produite il y a quelques années seulement au cours de laquelle on voyait des camions frigorifiques transporter des corps hors des hôpitaux, car il n’y avait pas suffisamment de place pour tout le monde. Et voilà qu’aujourd’hui, la Floride interdit pratiquement la vaccination dans les écoles. On s’engage dans une pente très glissante si l’on ne s’en tient pas aux données scientifiques.
PETER HAINES : Oui, on espère que ce sera le cas à l’avenir. Je vais conclure en parlant de l’Ukraine, Frank. On dit que le président Poutine manipulerait les États-Unis et les pays occidentaux au sujet d’un éventuel accord de paix. Paradoxalement, ses troupes gagnent du terrain en Ukraine, bien qu’on ait entendu le président Trump dire que les troupes ukrainiennes résistaient voire repoussaient l’ennemi ces derniers jours. Par ailleurs, certains observateurs estiment que Poutine est devenu tellement dépendant de la guerre en tant que moteur de l’économie russe qu’il n’a plus vraiment d’autre moyen de maintenir une croissance positive, compte tenu de la marginalisation de la Russie par la plupart des autres pays sur le plan commercial. Comment peut-on croire que la guerre prendra fin si Poutine compte dessus pour alimenter son économie?
FRANK MCKENNA : À mon avis, l’économie russe demeure sous tension. L’inflation est très élevée. C’est en train de devenir un vrai problème. Les Russes font face à des pénuries de carburant. Les Ukrainiens ont détruit une grande partie des capacités d’affinage, et en Russie, la population fait la queue pour se procurer du carburant. Si l’on regarde l’opinion publique, la confiance des Russes à l’égard de la guerre est désormais nettement plus négative. Je pense que les gens commencent à en ressentir l’impact économique, mais aussi le coût humain. Jusqu’à 1 000 jeunes Russes perdent la vie chaque jour sur le front. Les gens dans les villages, dans les collectivités, qui assistent à ces cérémonies funéraires doivent certainement en avoir assez.
PETER HAINES : J’allais justement dire que tout le monde en Russie connait certainement quelqu’un qui a perdu la vie pendant la guerre.
FRANK MCKENNA : Le nombre de vies perdues des deux côtés est en passe de dépasser le million. Je pense donc que la Russie reste soumise à des tensions. Le problème, c’est la position très fluctuante des États-Unis dans ce conflit. L’Amérique est la plus grande force militaire au monde. La plus grande force économique au monde. J’avais le sentiment que Joe Biden avait de bonnes intentions, mais il a souvent tardé à autoriser l’utilisation d’obus longue distance, ou encore la mise à disposition de chars, ce qu’il n’a pas fait pendant longtemps, ou encore de certains avions excédentaires. Ça a pris une éternité, et ça a donné à la Russie la capacité de résister à la pression. Ensuite, sous Trump, on a vu un retrait du soutien en matière de communication, puis un rétropédalage, des coupes budgétaires, des livraisons d’armes suspendues… Bref, un signal brouillon qui, au final, a profité à l’ennemi. Tout ça a permis à Poutine de continuer à espérer. Et je pense qu’il ne veut pas être humilié sur le terrain. Actuellement, un petit pays comme l’Ukraine résiste en grande partie à la Russie. Je pense que la pression en faveur d’un accord va fortement s’intensifier si les États-Unis, l’Europe, le Canada, et d’autres continuent à financer la guerre et à durcir les sanctions, jusqu’à inclure un deuxième paquet de sanctions.
PETER HAINES : J’ai lu quelque part, Frank, et je me trompe peut-être légèrement, que la Russie a conquis 17 % du territoire ukrainien immédiatement au début de l’invasion, et qu’elle n’a gagné que 1 % au cours des trois années suivantes de la guerre. J’ai l’impression qu’ils sont embourbés dans de petites batailles, à se battre pour de minuscules portions de territoire qu’ils gagnent un jour et reperdent le lendemain. Ils ne parviennent pas à faire une avancée majeure.
FRANK MCKENNA : Exact. Les lignes sont en grande partie figées malgré trois années de combats intenses. C’est un terrible affront à l’humanité que d’en être témoin. Le coût économique est lui aussi énorme. Ce sont les principaux producteurs de blé, de nickel et de toutes sortes de produits de base. Cette situation engendre une inflation à l’échelle mondiale et, si l’on parvenait à la résoudre, le coût de la vie s’en trouverait nettement amélioré. Mais encore une fois, Trump a envoyé des signaux contrastés dans ce dossier. Parfois, il…
PETER HAINES : Il s’est montré très gentil avec Zelensky aujourd’hui.
FRANK MCKENNA : Tout à fait. On dirait presque que c’est la dernière personne qu’il rencontre. Il se rend au sommet, il va vraiment critiquer Poutine de toutes les manières possibles, puis il va en repartir en disant que tout va bien dans le meilleur des mondes. J’espère donc que le Congrès prendra position, qu’il dira clairement qu’il faut prendre cette situation au sérieux et mobiliser les ressources nécessaires pour permettre à l’Ukraine de négocier une paix digne.
PETER HAINES : Très bien, Frank, je sais que j’ai mentionné plus tôt que les relations entre le Canada et les États-Unis n’étaient pas au beau fixe. En revanche, je suppose que tu es plutôt satisfait de vos Blue Jays, que tu vas voir jouer contre Boston ce soir, étant donné qu’ils ont finalement décroché leur place en séries éliminatoires, même s’ils nous ont fait attendre toute la fin de semaine. On va parler des chances qu’ont les Blue Jays de faire un parcours honorable dans ces séries éliminatoires de la MLB.
FRANK MCKENNA : Eh bien, le souhait est le père de la pensée. J’espère que toutes les planètes seront alignées. Je vais manifester cet optimisme. Je pense qu’ils ont le potentiel de faire bonne figure. Tout le monde connait les problèmes auxquels l’équipe est confrontée. Les lanceurs sont de moins en moins nombreux. Il y a un vrai problème du côté des lanceurs de relève. Et même s’il y a Lauer et que Berrios fait le travail, ça ne règle toujours pas le problème de la neuvième manche. C’est un problème pour nous. Nos partants commencent à…
PETER HAINES : Scherzer.
FRANK MCKENNA : Oui.
PETER HAINES : Ce n’est pas rassurant.
FRANK MCKENNA : Oui, je pense que ça s’essouffle. Oui, C’est un vrai problème. Est-ce qu’on pourrait faire appel à Yesavage dans ces moments critiques de la rencontre? J’aime ce qu’il fait. Mais tu sais, on parle de ligues majeures, et il n’a pas beaucoup d’expérience. Sur l’aspect offensif, on a besoin d’un grand Vladimir Guerrero. Il pourrait porter cette équipe à bout de bras. Bo doit revenir. Il peut aider cette équipe. Kirk et Varsho doivent être à leur meilleur niveau, tout comme Barger et tous les autres joueurs. Le talent brut que possède cette équipe est énorme. J’adore ce que les Jays ont proposé tout au long de l’année, mais on aura besoin que tous les joueurs jouent leur meilleur baseball pour bien figurer.
PETER HAINES : Cette notion de dynamique est vraiment importante.
FRANK MCKENNA : Hmmm.
PETER HAINES : Par exemple, les Guardians de Cleveland. S’ils parviennent à se qualifier pour les séries éliminatoires, est-ce que tu souhaiterais les affronter, compte tenu de leur excellente forme de ces deux derniers mois? Ou même les Yankees, si j’ose dire, qui affichent une très belle forme dernièrement et ont un parcours facile jusqu’à la fin des séries éliminatoires. Ils vont aborder les séries éliminatoires gonflés à bloc, car je suis convaincu qu’ils vont y participer. Il faut d’abord s’assurer que les Blue Jays conservent la première place.
FRANK MCKENNA : Oui, je suis d’accord. On a un parcours beaucoup plus difficile qu’eux. On doit affronter de très bonnes équipes qui ont quelque chose à jouer, et c’est vrai qu’ils ont un parcours facile. Ça ne fait aucun doute. On parle des Yankees de New York après tout. Ils ont plus ou moins la meilleure équipe que l’argent puisse offrir.
PETER HAINES : Oui. On a perdu un futur membre du Hall of Fame qui a pris sa retraite chez nous il y a quelques semaines, une petite pensée pour Clayton Kershaw, l’un des meilleurs lanceurs de l’histoire moderne. Frank, ça a été très plaisant. Je tiens à informer nos auditeurs que Frank et l’honorable Rona Ambrose prendront la parole ensemble le 6 novembre prochain à Toronto lors du dîner-conférence qui se tiendra dans le cadre de notre congrès sur la structure des marchés et la gestion de portefeuille. Un balado est prévu d’ici là, en octobre. Frank, merci beaucoup d’être venu en studio aujourd’hui.
FRANK MCKENNA : Avec plaisir.
PETER HAINES : Merci d’avoir écouté le balado Géopolitique. Ce balado de Valeurs Mobilières TD est présenté à titre informatif. Les opinions décrites dans le balado d’aujourd’hui concernent les particuliers et peuvent ou non représenter le point de vue de la TD ou de ses filiales, et ces opinions ne doivent pas être interprétées comme des conseils de placement, fiscaux ou autres.
Ce balado ne doit pas être copié, distribué, publié ou reproduit, en tout ou en partie. Les renseignements contenus dans cet enregistrement ont été obtenus de sources accessibles au public, n’ont pas fait l’objet d’une vérification indépendante de la part de Valeurs Mobilières TD, pourraient ne pas être à jour, et Valeurs Mobilières TD n’est pas tenue de fournir des mises à jour ou des changements. Toutes les références aux cours et les prévisions du marché sont en date de l’enregistrement. Les points de vue et les opinions exprimés dans ce balado ne sont pas nécessairement ceux de Valeurs Mobilières TD et peuvent différer de ceux d’autres services ou divisions de Valeurs Mobilières TD et de ses sociétés affiliées. Valeurs Mobilières TD ne fournit aucun conseil financier, économique, juridique, comptable ou fiscal ou de recommandations dans ce balado. Les renseignements contenus dans ce balado ne constituent pas des conseils de placement ni une offre d’achat ou de vente de titres ou de tout autre produit et ne doivent pas être utilisés pour évaluer une opération potentielle. Valeurs Mobilières TD et ses sociétés affiliées ne font aucune déclaration ou ne donnent aucune garantie, expresse ou implicite, quant à l’exactitude ou à l’exhaustivité des déclarations ou des renseignements contenus dans le présent balado et, par conséquent, déclinent expressément toute responsabilité (y compris en cas de perte ou de dommage direct, indirect ou consécutif).
Frank McKenna
Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
Frank McKenna
Président suppléant, Valeurs Mobilières TD
À titre de président suppléant, Frank a pour mandat de soutenir l’expansion soutenue de Valeurs Mobilières TD à l’échelle mondiale. Il est membre de la direction du Groupe Banque TD depuis 2006 et a été premier ministre du Nouveau-Brunswick et ambassadeur du Canada aux États-Unis.
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter Haynes
Directeur général et chef, Recherche, Structure des marchés et indices, Valeurs Mobilières TD
Peter s’est joint à Valeurs Mobilières TD en juin 1995 et dirige actuellement notre équipe Recherche, Structure des marchés et indices. Il gère également certaines relations clés avec les clients institutionnels dans la salle des marchés et anime deux séries de balados, l’une sur la structure des marchés et l’autre sur la géopolitique. Il a commencé sa carrière à la Bourse de Toronto au sein du service de marketing des indices et des produits dérivés avant de rejoindre Le Crédit Lyonnais (LCL) à Montréal. Membre des comités consultatifs sur les indices américains, canadiens et mondiaux de S&P, Peter a siégé pendant quatre ans au comité consultatif sur la structure du marché de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario.